SITUATION KAFKAÏENNE CHEZ LES REPUBLICAINS

Vaudeville à la française : la justice sauve la tête d’Eric Ciotti à la présidence du parti Les Républicains

Eric Ciotti est maintenu dans son mandat de président des LR par la justice. AFP

Jusqu’où ? Jusque quand ? Que nous réserve encore le vaudeville offert par le parti Les Républicains (LR), son président Eric Ciotti et ses ennemis de l’intérieur ? Dans la foulée des élections européennes et de la dissolution de l’Assemblée nationale par le Président de la République Emmanuel Macron, Eric Ciotti a été exclu de son parti après avoir annoncé l’accord qu’il avait passé pour les législatives des 30 juin et 7 juillet prochains avec le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen et Jordan Le Pen. Pour la première fois (officiellement), un parti la droite dans le paysage politique français faisait alliance avec un parti d’extrême droite, franchissant ainsi la ligne rouge et faisant exploser le front républicain. Eric Ciotti a fait immédiatement appel à la justice pour contester cette exclusion et a obtenu gain.

Le tribunal m’a donné raison. Je n’avais pas de doutes. La justice a dit le droit. Maintenant, place à la campagne pour les législatives.

Ce vendredi 14 juin en fin de journée, le tribunal judiciaire de Paris, après une cacophonie entre avocats qui a nécessité une suspension de séance pendant une heure, a invalidé l’exclusion d’Eric Ciotti. Concrètement, le député des Alpes-Maritimes est donc toujours président du parti Les Républicains. Il a passé la journée à Nice et c’est devant le siège de sa permanence qu’il a réagi, tout sourire : « Le tribunal m’a donné raison. Je n’avais pas de doutes. La justice a dit le droit. Maintenant, place à la campagne pour les législatives ». Interrogé sur l’alliance qu’il a nouée avec le RN et son président Jordan Bardella, il confie : « Dès la semaine prochaine, nous serons en campagne dans toute la France. Nous allons faire barrage à ce que M. Mélenchon ne devienne pas Premier ministre et Mme Rousseau (une des figures des Verts français, ndlr), ministre des Armées ».

Situation kafkaïenne chez les LR

Mais de façon pragmatique, en ce début de week-end et à deux semaines du premier tour des élections législatives, le parti héritier du général de Gaulle et porté par Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy va être confronté à un imbroglio qui fera dire, une fois encore, que « la droite française est la plus conne du monde »…

En effet, ce dimanche 16 juin à 18h, les partis doivent présenter leurs candidats. Le tribunal judiciaire de Paris a confirmé qu’en tant que président du parti, Eric Ciotti peut accéder aux locaux de LR, qu’il est le seul habilité à désigner les candidats pour les élections du 30 juin et 7 juillet, qu’il a autorité sur les finances et accès au fichier des militants, qu’il peut utiliser le logo du parti…

Iil a offert son alliance au RN, en échange du ministère de l’Intérieur dans le gouvernement de Jordan Bardella à partir du 8 juillet prochain, puis l’assurance d’obtenir la mairie de Nice en 2026.

Dès lors, que va-t-il se passer ? Y aura-t-il, face à face, dans les circonscriptions des candidats pro-Ciotti et des candidats « LR canal historique », les premiers faisant alliance avec le RN, les seconds la refusant et prônant l’indépendance ? Une observatrice de la chose publique est persuadée qu’Eric Ciotti, qui n’a pas évoqué avec ses « amis » son alliance avant de la rendre publique, est « tombé du côté où il penche. Il a vu, le 9 juin au soir, que le RN est arrivé loin devant LR dans son fief de Nice- ce qui signifie qu’il avait toutes les chances d’y perdre son siège de député. Alors, il a offert son alliance au RN, en échange du ministère de l’Intérieur dans le gouvernement de Jordan Bardella à partir du 8 juillet prochain, puis l’assurance d’obtenir la mairie de Nice en 2026 ».

Même Netflix n’oserait pas réaliser une telle série ! Bienvenue au théâtre, ce soir…en attendant le prochain acte.

Serge Bressan (correspondant à Paris)