OPINION

La diversité est-elle une question de genre ou de rentabilité pour l’entreprise?

BELGA

Béatrice Delfin-Diaz
Présidente Ecofin Women Club.

La stratégie commerciale d’une entreprise est aussi importante que la stratégie de diversité, mais peu de dirigeants en sont conscients. Des études ont démontré que la diversité d’une équipe augmente son efficacité et par conséquent impacte positivement le résultat de l’entreprise. A l’heure où l’on parle de plus en plus de diversité, qu’en est-il exactement ? Diversité ou inclusion ? Il y a parfois un amalgame.

Selon une étude Gallup réalisée en 2018 aux Etats-Unis, la diversité met en valeur la différence d’une personne ou d’un groupe d’individus, tandis que l’inclusion est une culture d’entreprise qui valorise les contributions et perspectives uniques de tous les employés. Ce qui signifie que les opinions et pensées de chaque employé.e comptent, surtout si elles sont divergentes ou complémentaires. Suivre le courant habituel n’est pas un signe de productivité. Ce n’est pas non plus une question de genre ou d’origine mais bien un mode de pensée individuel qui contribue à la performance de l’entreprise. Pourquoi parle-t-on tant de diversité aujourd’hui ? Parce que la crise du Covid-19 a notamment mis davantage en exergue des inégalités entre les hommes et les femmes. Sur le plan du travail, ce confinement a cruellement pointé les faiblesses du système sociétal. Se retrouver seule à la maison avec un ou plusieurs enfants tout en restant performante au travail relève d’un vrai défi pour une femme, celui d’une super héroïne ! La crise a révélé de manière plus conséquente les failles d’un système soi-disant égalitaire.

Pourquoi autant de femmes n’acceptent-elle pas un poste à la direction d’une entreprise ou en sont-elles dissuadées insidieusement ? Parce que d’une part, elles pensent qu’elles n’en ont pas les capacités (syndrome de l’imposture), et d’autre part, parce que la pression sociale et/ou familiale est là. Bien entendu, les postes vacants sont ouverts à tous et toutes et ne créent pas de discrimination. En théorie, mais pas sur le terrain ! Notre société est encore sous l’emprise d’une culture patriarcale. Malgré que le rôle de la femme au foyer soit quasi révolu, il existe encore des réfractaires parmi certains hommes.

Moins de 20% de femmes aux postes de top managers

Bien que les choses évoluent dans la bonne direction et que la gent masculine est plus en plus encline à aider sa partenaire féminine à la maison et à la laisser gravir les marches du haut du podium de l’entreprise, il y a encore du pain sur la planche pour faire évoluer les  mentalités. Dans la réalité, c’est bien souvent la femme qui, “par défaut”, s’occupe des enfants et des tâches ménagères en plus de son travail.  Soulignons tout de même que des progrès ont été réalisés pour l’égalité entre les genres de manière générale. Toutefois, dans le milieu professionnel, il y a toujours un écart salarial important homme vs femme pour la même fonction. Certaines femmes ont des difficultés à imposer leur salaire au moment de la négociation avec un futur employeur.

Autre constat: il y a moins de 20% de femmes présentes aux postes de top managers. Pourquoi ? Parce qu’il y a un manque crucial de vision stratégique de l’entreprise pour la mise en place d’une vraie culture de diversité et d’inclusion. Aux USA, à peine 55% des Executives interrogés admettent qu’une politique de promotion de diversité et d’inclusion existe. Il y a aussi ce fameux quota de 30% de femmes imposé, depuis la loi de 2017, dans des sociétés cotées en bourse  et depuis 2019, pour les petites sociétés. Nous savons bien que ce quota n’est toujours pas respecté. Les femmes restent sous-représentées à des postes de CEO et dans les comités de direction, c’est un fait.

Ambassadrices d’espoir

Les femmes sont aussi les actrices du changement, mais encore faut-il leur donner une place légitime ! Elles doivent se battre deux fois plus qu’un homme pour accéder à des postes à responsabilités. Un autre constat est que les femmes d’origine africaine, latine, asiatique, … accèdent encore moins à ces fonctions que les femmes « occidentales ». Heureusement la tendance s’inverse tout de même un peu. Des femmes leaders comme Christine Lagarde, Jacinda Arden, Sanna Marin, … et plus récemment Kamala Harris et Ngozi Okonjo-Iweala, 1ère femme nommée Directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce, accèdent à des postes importants. C’est surtout grâce à leur personnalité et leur mode de pensée différente qu’elles font avancer les choses et c’est ensemble avec les hommes que nous y parviendrons !