EDITO

Que cachaient vraiment les masques Avrox ?

BELGA

Le Gouvernement fédéral pensait avoir réglé le dossier des masques du distributeur Avrox acheté par le ministère de la Défense, mais c’était sans compter sur la surprise du chef que vient d’apporter la justice. Cette dernière a conduit ce mardi une série de perquisitions en Europe, notamment en Belgique et au Grand-Duché de Luxembourg. Ces visites des lieux liées à la société luxembourgeoise Avrox s’inscrivent dans le cadre d’une instruction relative à des préventions de faux et usage de faux, escroquerie, blanchiment  et entrave à la liberté des enchères.

L’urgence imposée par la propagation du virus peut-elle tout justifier ?

L’information révélée par nos confrères du quotidien Le Soir n’a pas vraiment surpris plusieurs observateurs, tant les couacs dans ce dossier des masques de la Défense se sont multipliés. Très vite, les circonstances dans lesquelles la société Avrox a obtenu le marché en ont interpelé plus d’un an, à commencer par les concurrents qui ont émis des doutes sur la régularité d’un contrat aussi juteux (32 millions d’euros pour la livraison de 15 millions de masques).

Des enquêtes journalistiques ont finalement montré que les références avancées par la société Avrox pour avoir le marché étaient plus que suspectes. Au départ, l’objet social d’Avrox renseignait la location de voitures comme activité principale. Ses principaux chiffres indiquaient, en 2017, des pertes de 9.000 euros pour des actifs estimés à 62.000 euros !

Comment a-t-on pu confier un marché de plusieurs millions d’euros à une société ayant une assise financière aussi ténue ?

Une polémique a également éclaté sur la température de lavage. La notice des masques Avrox mentionnait 30°, alors que l’appel d’offres initial exigeait 60°. Et last but not least, il est apparu après que le tissu des masques contenait des nanoparticules de nitrate d’argent et de dioxyde de titane, ce qui les rendait nocifs pour la santé. Ces constats a postériori ont obligé les autorités à finalement retirer les masques Avrox de la circulation et à recommander à la population de ne plus les porter après lui avoir dit tout le contraire et les lui avoir distribué gratuitement.

La question est de savoir aujourd’hui si ceux qui ont piloté le dossier de l’attribution du marché des masques à Avrox ont agi avec légèreté. L’urgence imposée par la propagation du virus peut-elle tout justifier ? Pourquoi n’ont-ils pas réalisé toutes les vérifications nécessaires au préalable vu l’importance financière du contrat et les implications sanitaires ?

Aujourd’hui, le dossier a quitté les bancs de la critique politique pour atterrir sur le champ de bataille judiciaire. Il faut désormais laisser la justice faire son travail en toute indépendance et découvrir ce que cachaient vraiment ces masques Avrox. Mais il faut surtout tirer les leçons de cet épisode pour éviter une répétition des manquements constatés.