Economie

AIP : un accord à saluer


Après des heures de négociations, le Gouvernement fédéral, réuni en comité restreint, est parvenu à dégager une proposition de compromis dans le cadre d’un Accord interprofessionnel (AIP) 2021-2022. Celle-ci est désormais sur la table des partenaires sociaux qui doivent s’en saisir pour finaliser les discussions et boucler un AIP sur deux ans. Ce faisant, l’équipe De Croo a joué son rôle de médiateur. La suite du processus est maintenant dans les mains des patrons et des syndicats. Mais la tâche ne sera pas facile, car la FGTB a déjà fait connaître son opposition à la proposition de compromis du Gouvernement fédéral et la CSC s’est montrée critique. Le syndicat libéral (CGSLB) voit d’un œil positif la proposition de médiation du Gouvernement fédéral. Le patronat (FEB) et l’Union des Classes Moyennes (UCM) ont salué l’accord. Sur le plan politique, la N-VA et le PTB ont fustigé l’accord dégagé par la majorité fédérale, la première estime que le Gouvernement est allé beaucoup trop loin pendant que le second dénonce des miettes données aux travailleurs.

Concrètement, le Fédéral propose, en plus de l’augmentation salariale de 0,4%, une prime unique de 500 euros net maximum à négocier dans les entreprises ayant résisté à la crise sanitaire ou celles qui en ont profité. Indépendamment de cette prime, mais en tenant compte de l’inflation, les travailleurs bénéficieront in fine, sur les deux ans, d’une augmentation de 3,25%. Par ailleurs, l’enveloppe bien-être de plus de 700 millions d’euros a été confirmée, ce qui permettra d’augmenter les allocations sociales (chômage, pensions, indemnités de maladie, etc.).

L’accord dégagé par le Gouvernement fédéral en son sein est à saluer au regard des avancées obtenues. Ce n’est pas pour rien qu’Ecologistes et Socialistes le soutiennent. Certes, ils sont dans la majorité gouvernementale et doivent faire preuve de solidarité. C’est aussi parce qu’ils trouvent qu’il s’agit d’un compromis responsable pouvant préserver la compétitivité des entreprises. Par ailleurs, en le saluant, la FEB accepte le prélèvement patronal de 16,5% sur la prime unique de 500 euros net permettant de financer la sécurité sociale. La revalorisation salariale de 3,5% au final n’est pas rien. Mieux encore, le Gouvernement fédéral accepte le principe d’une augmentation progressive des salaires minimum en l’étalant sur plusieurs AIP pour éviter d’imposer brutalement une facture trop salée aux entreprises. Il opte donc pour une approche prudente sur ce dossier et n’oppose nullement pas une fin de non-recevoir qui aurait été perçue, à juste titre, comme une déclaration de guerre par les travailleurs.

En effet, ce n’est pas parce que seuls 4% des travailleurs bénéficient des salaires minimum qu’il faut les maintenir à leur niveau actuel. Mais ceux qui prônent une liberté de négociation des augmentations des salaires, tout en maintenant leur indexation automatique, prennent le risque d’alourdir la facture des entreprises, surtout à un moment où l’économie nationale et mondiale est plongée dans une crise sanitaire et économique qu’on peut aisément présenter comme la plus grave depuis plusieurs décennies. Impossible d’avoir les deux, du moins en cette période-ci.


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