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Légionnaires lettons à Zedelgem : André Flahaut tacle la commune

BELGA

Le 8 mai dernier, L-Post publiait un article relatif au monument érigé en souvenir des légionnaires lettons, prisonniers de guerre au camp 2227 à Zedelgem, mais ayant servi dans des divisions de la Waffen SS durant la seconde guerre mondiale. Face à la polémique, les autorités communales ont indiqué que le panneau d’information du monument controversé sera remplacé par un autre écriteau. Mais le député André Flahaut (PS) et les associations patriotiques exigent que le monument soit purement et simplement enlevé.

Réaction de la commune de Zedelgem

La mobilisation ne faiblit pas sur le dossier du monument érigé en souvenir des légionnaires lettons, prisonniers de guerre au camp 2227 à Zedelgem. De nombreuses parts d’ombres persistent sur le rôle de ces soldats lettons durant la seconde guerre mondiale. Après l’invasion de la Lettonie par les allemands, la légion lettonne est créée en 1943 sur ordre d’Adolf Hitler et se divise en deux divisions de la Waffen SS. Plus de 100.000 juifs et citoyens soviétiques seront assassinés dans les pays baltes et en Biolorussie notamment. La participation de ces volontaires lettons à ces massacres est corroborée par de nombreux témoignages (lire article du 8 mai 2021 : https://lpost.be/2021/05/08/des-legionnaires-lettons-membres-de-la-waffen-ss-et-prisonniers-de-guerre-en-belgique/). La presse nationale et internationale s’est emparée de l’affaire, soulignant l’incompréhension de l’existence d’un tel monument, eu égard au rôle de ces soldats lettons membres de la Waffen SS durant la seconde guerre mondiale.

Face à cette polémique grandissante, la bourgmestre de Zedelgem, Annick Vermeulen (CD&V), indique dans l’édition du Standaard du 08 juillet que le panneau d’information du monument controversé sera remplacé et retravaillé en collaboration avec des historiens, dont Pieter Lagrou (ULB). Celui-ci a fait état notamment de la vanité des élus locaux qui n’avaient pas jugé bon de se faire assister et conseiller par des historiens à propos d’un tel monument. De plus, la dénomination de la place baptisée initialement Brivida Square qui signifie « Liberté » en letton sera lui aussi modifié.

Ambiguité inacceptable

Très actif dans ce dossier, le député André Flahaut (PS) avait déjà interrogé le ministre de la justice, Vincent Van Quickenborne (Open VLD) afin de connaître les démarches entreprises dans cette affaire (lire article du 3/7 ici : https://lpost.be/2021/07/03/legionnaires-lettons-a-zedelgem-le-depute-andre-flahaut-veut-effacer-le-monument-de-la-honte/).

Interrogé par nos soins, le député et ancien ministre de la Défense ne décolère pas face à la réponse des autorités communales de Zedelgem. « Vouloir remplacer le panneau d’information de « La Ruche lettone » à Zedelgem est une solution qui ne résout rien. Au contraire, cette proposition opacifie et altère notre rapport à l’Histoire de la deuxième Guerre mondiale, donc à ses crimes. Elle crée une ambiguïté qui n’est pas acceptable. Qu’on le veuille ou non, il s’agit là d’un monument érigé en l’honneur de soldats ayant, pour la plupart, volontairement combattu sous l’uniforme nazi. Ces soldats, qui ont commis de très graves exactions aux côtés de leurs camarades de la Waffen SS, ne sont pas des héros. Érigé récemment, à savoir en septembre 2018, ce monument n’a pas sa place dans notre espace public. À l’inverse des statues controversées datant de la période coloniale, pour lesquelles une remise en contexte via une plaque spécifique constitue une alternative crédible à leur enlèvement pur et simple, la réalité des crimes commis par les soldats lettons de Zedelgem était bien connue des initiateurs du monument. Ce dernier, conçu en toute connaissance de cause et avec l’intention délibérée de nier ou, du moins, de relativiser la réalité historique, ternit gravement l’image de notre pays », fustige André Flahaut.

Il réitère donc sa demande de « délivrer la Belgique de ce monument de la honte et du déshonneur ».

Les associations patriotiques crient à l’insulte

L’association patriotique « The Belgians Remember Them » (dont l’objectif est de maintenir vivante la mémoire des aviateurs de la RAF tombés sur notre sol au cours de la deuxième guerre mondiale ainsi que celle des Résistants ayant aidé les survivants des crashs à se soustraire de l’occupant), estime inconcevable qu’un monument tel que celui de Zedelgem existe. Le président de l’association « Wilfred Burie » qualifie cela d’une insulte à toutes les victimes du nazisme et une honte pour la Belgique. Il pose la question : Y-a-t-il un politicien ayant du courage et le civisme élémentaire pour faire entendre sa voix ?

La solution pourrait venir de l’Europe. Peut-être celle-ci serait plus à même de comprendre tout l’enjeu autour de ce monument, et l’émoi suscité au sein de la société. L’inaction de la classe politique belge à ce propos peut poser question. Réaliser un compromis avec le nazisme comme le propose insidieusement la commune de Zedelgem est un jeu dangereux où la banalisation et l’oubli pourraient très vite l’emporter.

Mesdames et messieurs les politiques, il est l’heure de faire entrer les enjeux de démocratie et de mémoire dans la danse…

 

Eugénie CORTUS