INTEMPERIES

Inondations : Trooz n’exclut pas d’introduire une action en justice

bePress Photo Agency / BOURGUET

Pour Fabien Beltran, bourgmestre de Trooz, l’idée d’introduire une action en justice dans le cadre des inondations viendra sur la table à un moment donné. Mais pour l’instant, il s’attèle d’abord à la remise en place d’une administration communale. Il évalue à près de 100 millions d’euros le montant des travaux à faire notamment la réparation des voiries, la construction du nouveau hall omnisport ou encore la construction de nouveaux bâtiments pour abriter les administrations communales.

Plus de deux semaines après les dramatiques inondations qui ont endeuillé plusieurs communes en province de Liège, les opérations de déblayage et des travaux de reconstruction ou de relogement se poursuivent encore. La commune de Trooz est une des 9 communes les plus touchées dans la province et pour lesquelles le Gouvernement a débloqué, pour l’instant, un budget de 3,5 millions d’euros. Contacté par nos soins ce samedi, Fabien Beltran, le bourgmestre de Trooz n’a pas une minute à lui. L’ampleur de la tâche pour la reconstruction de la ville mobilise toute son énergie. « Les communes qui n’ont pas souffert des inondations et qui sont venues nous aider depuis 15 jours repartent chez elles pour s’occuper de leurs administrés. De notre côté, nous devons poursuivre la reconstruction et remettre en marche une administration. Beaucoup de services ont été dévastés par les eaux, notamment le service populations, le CPAS, etc. Le service population a été délocalisé à Beyne-Heusay et nous avons installé le service population dans des conteneurs sur un parking », raconte Fabien Beltran.

Trooz : des dégâts évalués à 100 millions d’euros

L’enveloppe de 3,5 millions d’euros octroyée, pour l’instant, par les autorités wallonnes est la bienvenue, mais elle sera largement insuffisante. « Deux millions d’euros seront affectés au relogement, le million et demi restant servira notamment à la remise en place des services administratifs. Pour le relogement, nous avons 600 à 700 personnes à reloger, mais nous n’avons pas autant de logements à Trooz. Nous avons recours actuellement à un centre de séminaire à Banneux, mais cela nous coûte 50-60.000 euros par mois. Nous n’avons pas encore une estimation précise des dégâts, mais rien que pour la commune, nous aurons facilement des dépenses de reconstruction pour 50 à 100 millions d’euros. Nous devons reconstruire beaucoup de voiries et un nouveau hall omnisport. Nous en avions deux avant, mais l’un des deux est totalement détruit, la reconstruction d’un nouveau hall va nous coûter près de 5 millions d’euros », explique le bourgmestre.

Nos administrés d’abord, saisir la justice après

Que pense-t-il de l’instruction judiciaire initiée par le parquet de Liège et de la décision de la Ville de Verviers d’éventuellement se constituer partie civile pour appréhender ce qui s’est passé dans le cadre des inondations et identifier des responsabilités potentielles? « C’est un sujet qui viendra sur la table à un moment donné chez nous aussi et nous pouvons le faire en cours de procédure. Mais pour l’instant, nous sommes occupés à la reconstruction d’une administration publique pour mieux aider nos concitoyens. Nous n’avons pas non, plus pour l’instant, les moyens de nous payer un avocat pour aller nous défendre », répond Fabien Beltran.

Il rappelle que sur quelque 8.700 habitants que compte la commune de Trooz répartis sur 24 km², près de 4.700 personnes ont été touchées par les inondations. Par ailleurs, l’administration communale occupe 40 employés et ouvriers, mais 20 d’entre eux font partie des sinistrés. « Vous imaginez toutes les difficultés que nous avons aujourd’hui pour répondre aux besoins de la population. Il y a aussi un autre problème, c’est la pénurie des corps de métier. Nous avons du mal à trouver des carreleurs, des électriciens, des menuisiers, etc. Ils sont archi débordés. Beaucoup nous disent qu’ils n’ont pas de disponibilités avant décembre ! Les prix des maisons sont en train de flamber aussi », nous a confié le bourgmestre de Trooz.

Ph. Law.