EDITO

Un procès équitable, la réponse démocratique au terrorisme islamiste

LPOST

Comment peut-on en arriver à commettre l’impensable ? La faute à qui ? Aux parents ? À l’école ? Aux mosquées ? Aux flux migratoires ? A la crise ? Au-delà des causes multifactorielles, le terme « djihadisme » est aujourd’hui tellement chargé de référence à l’islam qu’il finit par en occulter les paramètres non-théologiques à l’œuvre dans l’action violente. Le politique comme le judiciaire peinent à cadrer le phénomène. Et pourtant, il ne tombe pas du ciel.

L’analyse des dérives générées par les réseaux sociaux éclaire sur la porosité de leurs frontières. La submersion des informations produites par la numérisation impacte fortement sur la capacité de discernement et le sens critique des jeunes internautes. L’émergence des « fake news » a également une incidence directe sur la prolifération des pensées extrêmes et l’embrigadement radical de certains adolescents fragilisés, tentés par des personnalités charismatiques aux discours simplistes ou conspirationnistes. Sur l’ensemble des signalements actuellement parvenus aux autorités européennes, 25% concernent des mineurs, toutes nationalités confondues, ni socialement exclus, ni au ban de la société. C’est un enfant sur quatre. Peut-être le mien, le vôtre ou celui du voisin.

L’émergence des « fake news » a également une incidence directe sur la prolifération des pensées extrêmes.

L’éducation aux droits de l’homme fait partie intégrante de l’éducation dans un Etat de droit dit démocratique. Cette éducation doit inclure des valeurs telles que la non-discrimination, l’égalité, la non-violence, la tolérance et le respect de la dignité humaine. L’histoire n’est pas dieux et diables, paradis et enfer, bien et mal, vices et vertus. L’histoire est d’autant moins une Bible ou un Coran, que ce n’est pas une voie unique ou une morne plaine. Rien n’est binaire. Tout est pluriel. Il faut continuer à pouvoir enseigner, sans cancel phobie, le Big Bang, Darwin, la reproduction sexuée, l’Histoire des religions, la philosophie des Lumières, le civisme et la liberté d’expression, aux filles comme aux garçons, de toutes origines et de toutes confessions.

Comme le rappelle l’Assemblée générale des Nations Union dans sa Résolution 53/243 sur une culture de la paix, Il faut aussi que le monde politique continue à véhiculer avec courage des principes d’ouverture dans la diversité et le vivre-ensemble, sans succomber au chant des sirènes facile d’un populisme électoralement porteur, réduisant avec simplisme le pluralisme d’idées au plus petit dénominateur commun.

Il est grand temps de changer de stratégie pour contrer le fanatisme anti-démocratique et éviter qu’il ne fasse de nouvelles victimes.

C’est tout l’enjeu du procès historique des Attentats du 13 novembre 2015 qui s’ouvre ce 8 septembre, à Paris. Dans le cadre d’un événement judiciaire à la mesure du choc infligé à une nation, l’ancien juge antiterroriste, Marc Trévidic, a indiqué par voie de presse espérer, pour l’apaisement des victimes, que Salah Abdeslam parle et raconte les prémices d’une nuit d’enfer. L’article 6 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme nous rappelle que « toute personne a le droit à ce que sa cause soit entendue lors d’un procès équitable ». Il est donc aussi à espérer, durant ce temps utile à la justice pour faire son œuvre, que le monde judiciaire et les politiques écoutent et prennent acte. Il est grand temps de changer de stratégie pour contrer le fanatisme anti-démocratique et éviter qu’il ne fasse de nouvelles victimes. L’équité sociale, cette vertu qui consiste à régler sa conduite sur le sentiment naturel du juste et de l’injuste, pourra alors enfin renaître de ses cendres.