11 SEPTEMBRE, 20 ANS APRES

« Je me souviens » de ce matin-là à Montréal

AFP

C’était, il y a tout juste 20 ans où le désastre a laissé ses traces indélébiles dans l’esprit des survivants. Une catastrophe humaine et matérielle qui aura changé la société américaine brutalement. Une guerre entre l’Afghanistan allait commencer jusqu’à la décision dernière du président Jo Biden. Eté 2001, je me trouvais à Montréal pour rencontrer pour la première fois ma famille québécoise. Elle m’avait présagé une vie professionnelle entre Manhattan et Montréal. Cette ville du Québec qui est si proche de New York que les producteurs américains la choisissent pour des raisons économiques. Inversement, les Canadiens restent « friands » des salaires New-yorkais et traversent la frontière pour y travailler.

Mon premier voyage en Amérique du Nord où la féérie de l’été indien s’est transformée en cauchemar.

Septembre 2001, il faisait chaud et tous les ingrédients étaient là pour passer de belles vacances au Canada. Pour la première fois, je me rendais là-bas. L’aéroport international Montréal-Mirabel et les immeubles du centre ressemblaient si fort à New York. Les jours passaient et je m’habituais à cette vie. C’était une matinée qui pouvait sembler normale dans la quiétude et dans la chaleur familiale.  Nous étions en train de terminer le petit déjeuner copieux alors que les enfants de ma cousine se préparaient pour partir à l’école. Les dernières discussions s’achevaient et la porte s’était refermée. Nous étions seules entre femmes en train de nous faire un découpage de la ville pour planifier notre itinéraire de visite touristique. J’allumais la télévision qui servait de bruit de fond. Il était aux alentours de 8h45 lorsque les images montraient un avion « fou » qui se dirigeait droit dans l’immeuble, puis dans un deuxième. Je pensais qu’il s’agissait d’un documentaire ancien sur le World Trade center, diffusé par la chaîne nationale canadienne. Je ne me souvenais plus des circonstances à cet instant. Cependant, il y avait un attentat : cet immeuble était la cible des terroristes. Une bombe éclata dans une voiture piégée dans le garage souterrain de la tour Nord tuant 6 personnes et 1.000 blessés. La fondation n’était pas touchée, l’immeuble restait debout. Ce jour-là, ce n’est pas pareil.

Le 11 septembre à 8h45….

Le téléphone retentit pendant que je changeais le programme TV, mais les mêmes images apparaissaient. Je restais sans voix en regardant ma cousine qui parlait au téléphone et plaçait le haut-parleur. La formatrice du cours de danse était au bout du fil, en pleurs. D’une voix étouffée, elle disait « Mes amies sont partis travailler à New-York hier, comme toutes les semaines. J’ai très peur. Il vient d’arriver quelque chose d’horrible là-bas. Restez à l’écoute des informations, c’est le chaos, je ne sais pas comment les joindre. Que vont-elles devenir ? Elles travaillent à la garderie, il y a des bébés…Des mères…Des employés. Que se passe-t-il dans ce monde ? Restons ensemble ». Nous étions sans voix, pendant que ma cousine raccrochait le combiné. Inquiètes, le poste de télévision restait allumé. A présent, c’était confirmé, les amies de la formatrice du cours de danse étaient parmi les victimes. Mon départ allait être reculé et cela pour un mois.

A 600 km de New York, Montréal était en alerte anti-terroriste : les frontières restèrent fermées. De nombreux canadiens traversent la frontière pour travailler à New-York et cela depuis des années. Cette fois-ci, c’était bien la première fois que les frontières allaient être fermées jusqu’à nouvel ordre. Cet attentat était revendiqué par Al-Qaïda, Oussama Ben Laden serait leur dirigeant. L’information tournait en boucle et des nouvelles arrivaient : le pentagone est touché aussi.

Après le chaos, les autorités s’organisent

Les avions internationaux étaient à terre ou réquisitionnés pour se reconvertir en avion sanitaire où médecins, infirmiers munis d’équipements arrivaient. Après le Canada, les autres pays les plus proches arrivaient en urgence pour aider. La prudence était de mise, personne ne pouvait savoir si un autre attentat allait éclater dans le reste du monde.

Les images des journaux et la télévision diffusées des scènes dramatiques où nous ne pouvions pas intervenir. Un mois après, je rentrais chez moi en Europe et je me disais comme cet immigré déposant ses valises à Montréal, « Je me souviens ».

Que s’est-il vraiment passé ? quid de l’indemnisation ?

Le scénariste Spike Lee veut avoir les réponses et lance un documentaire spécial « 11 septembre », diffusé sur HBO, pour décortiquer l’événement et savoir ce qui s’est réellement passé. Il relance le débat alors que les indemnisations ont été partiellement versées. Mais certaines familles des victimes la refusent car ils restent des zones d’ombre non élucidés.

Du côté du cinéma, le film biographique « Worth » réalisé par Max Borenstein et traduit en version française par « A quel prix ? » raconte comment le Gouvernement américain a réuni une commission nationale pour déterminer le fonds d’indemnisation des victimes au lendemain de la tragédie. Elle met en scène des acteurs tels que Michael Keaton, Amy Ryan, Stanley Tucci, Tate Donovan, Shunori Ramanathan ou encore Laura Benanti qui dépeignent la situation comme si nous y étions, 20 ans avant. La lenteur de l’enquête, les manipulations politiques, la maladresse, tout semble fidèle à la réalité des faits.

Au final, 97% des familles qui représentent les 5.560 victimes ont pu recevoir 7 millions dollars. C’est à partir des attentats du 11 septembre 2001 qu’un fonds d’indemnisation a pu être accordé aux victimes pour la première fois dans l’histoire des Etats-Unis. Il est utilisé pour tous les attentats et autres drames qui se sont déroulés jusqu’à maintenant.

 

Hafida BENYACOUB