TRANSPORT AERIEN

Charleroi Airport entre enfin dans la cour des grands dès le 7 octobre

BELGA

Piste allongée et opérationnelle à 3.200 mètres, fin des limitations de tonnage, meilleure sécurité, position concurrentielle, Charleroi peut désormais accueillir des avions gros porteurs vers de longues destinations.

C’est fait et publié, dans les instructions aéronautiques envoyées par Skeyes, l’organisme de contrôle de l’espace aérien belge. La piste de décollage 06/24 de Brussels South Charleroi Airport passe effectivement d’une longueur de 2500 mètres à 3200 mètres et entrera en service dès jeudi 7 octobre. Une telle longueur de piste au décollage permettra les départs d’avions gros porteurs de style Airbus A.330 et A.340 mais aussi des Boeing 747 et 777; mais surtout des avions passagers avec un plus long rayon d’action et donc plus chargés en kérosène.

Au niveau de la concurrence, avec 3.200 mètres, Charleroi se place à égalité avec Ostende, 3.200 mètres également, mais bien devant la piste 01/19 de Bruxelles-National qui fait 2987 mètres. Luxembourg-Findel reste en tête avec 4002 mètres, suivi de Liège avec 3.690 mètres, puis les pistes parallèles de Bruxelles, la 25R qui fait 3.638 mètres et la 25L longue seulement de 3211 mètres.

S’il est peu probable que des avions cargos desservent Charleroi, vu la spécificité low cost de l’aéroport de Gosselies, il se pourrait toutefois qu’en cas de brouillard ou de diversion à Bruxelles ou à Liège, certains vols pourraient malgré tout atterrir à Charleroi en dépannage au cas où.

Des vols transatlantiques

La bonne nouvelle concerne les vols transatlantiques ou intercontinentaux qui pourront désormais décoller depuis Charleroi. En effet, le volume de kérosène à embarquer pour de telles destinations, et donc le poids important dans la masse totale au décollage de l’aéronef, impose une distance supplémentaire de piste. Avec désormais une longueur de piste disponible au décollage de 3.200 mètres, des Airbus A.330 ou A.340, comme ceux d’Air Belgium, pourront décoller en toute sécurité de la piste 06/24 sans plus aucune limitation de charge, de poids ou de rayon d’action. L’allongement de la piste permettra également une moindre consommation de carburant pour les autres mouvements d’avions moyens et légers qui pourront bénéficier d’une poussée réduite au décollage ou d’un atterrissage en mode CDO par le principe de la descente continue.

Un chantier de 42 millions d’euros

Le chantier, assuré par les entreprises Wanty et TRBA, a débuté en mars 2019. Outre cet allongement, il faut également construire des bretelles d’accès à la piste pour les avions, une aire de dégivrage et un bassin d’orage et installer le balisage. Cela représente environ 70.000 m2 de surface revêtue avec 115.000 tonnes de matériaux.

Depuis mars 2019, une moyenne de 40 travailleurs équivalents temps plein sont occupés chaque jour, et ce, 5 jours sur 7 et 18 heures sur 24. Il a en effet fallu travailler jour et nuit, quand l’aéroport est fermé et qu’il n’y a pas de trafic.

Ces travaux d’allongement ont représenté un défi humainement difficile, avec des conditions, notamment météorologiques, parfois très dures. Le défi quotidien est aussi de continuer à exploiter la piste tout en l’allongeant. C’est quasiment unique au monde ce qui a été réalisé par la Société wallonne des aéroports (Sowaer).

Le chantier a toutefois pris un léger retard sur le planning initial à cause d’une ancienne décharge dont il a fallu assainir sur place les terres et dont la taille était trois plus importante que ne le laissaient penser les études préalables. Il a ainsi fallu traiter 180.000 m3 de terres au lieu de 60.000. Cela a aussi un impact sur le coût total des travaux, qui est passé de 35 à 42 millions d’euros.

Charles Vanden Eynde