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David Amess au service du peuple, trois jours après son assassinat


L’évènement survenu vendredi dernier rappelle l’assassinat en pleine rue de la députée europhile Jo Cox en 2016. Et bien d’autres atteintes contre des représentants britanniques depuis 40 ans. Trois jours après le meurtre du député conservateur David Amess, poignardé dans sa circonscription, dans une église méthodiste à Leigh-on-Sea, à environ 60 km à l’est de Londres, on en sait plus sur l’auteur présumé de cette attaque qualifiée de terroriste par la police.

Il s’agit d’un Britannique de 25 ans d’origine somalienne. Selon les médias anglais, Ali Harbi Ali avait été orienté vers le programme national de lutte contre la radicalisation, mais n’y avait pas été assidu.

La police examinerait actuellement la possibilité que l’auteur des faits se soit radicalisé seul pendant le confinement.

Le colonel Richard Kemp, ancien conseiller du gouvernement sur le terrorisme, a déclaré : « Il a longtemps été ressenti au sein de la communauté antiterroriste que la menace des soi-disant radicaux de chambre à coucher s’intensifierait à cause des confinements. Il est possible que l’isolement les ait rendus plus introspectifs et en colère – pire encore, ils ont été vulnérables à la radicalisation sur internet. Et il est possible que cela ait contribué à l’état d’esprit de ce tueur ».

La réaction du père de l’assaillant

Le père de Ali Harbi Ali, ancien conseiller du Premier ministre somalien, a déclaré au Sunday Times de ce dimanche 17 octobre 2021 qu’il ne « comprenait pas le geste de son fils » et s’est dit « très traumatisé ».

Le père de Ali, Harbi Ali Kullane, 61 ans, a confirmé que son fils était en garde à vue. S’exprimant au domicile de sa sœur dans le nord de Londres, Mr Kullane a déclaré que la police antiterroriste de Scotland Yard lui avait rendu visite.

Selon Sky News, le père vit au Royaume-Uni depuis trois ans.

Il a un profil actif sur les réseaux sociaux, son fil Twitter montrant un vif intérêt pour le Royaume-Uni, notamment des articles sur le club de football de Liverpool, la tragédie de la Tour Grenfell à Londres et le Brexit.

Mr Kullane a également publié des messages de sympathie en juin 2016 à la suite du meurtre de la députée travailliste Jo Cox, écrivant: « #RIPJoCox, dévasté par la perte d’une voix de la non-représentante, mes sympathies avec ses deux enfants et sa famille ».

Suite de l’enquête

Selon le Daily Mail, l’auteur des faits a planifié le coup de couteau mortel de Sir David Amess pendant plus d’une semaine et a même pris rendez-vous avec lui dans sa permanence.

La police britannique a indiqué que deux adresses à Londres ont été fouillées.

Les Britanniques sont abasourdis par cet acte d’une extrême violence. Nombre d’élus ont raconté avoir fait l’objet de menaces de mort dans le contexte du Brexit qui a profondément divisé le pays. Mais les menaces pèsent aussi sur les assistants des parlementaires.

La sécurité des députés, un débat relancé

Aujourd’hui beaucoup s’interrogent sur la sécurité des députés. Et, dans une tribune de The Guardian, Chris Bryant député travailliste a déclaré : « Après deux meurtres en cinq ans, on doit prendre la sécurité des députés au sérieux ».
C’est pourquoi la sécurité des parlementaires sera réétudiée par Priti Patel, la ministre de l’Intérieur. Elle a demandé à toutes les forces de police de revoir les dispositions de sécurité pour les députés avec effet immédiat. Priti Patel a rencontré des représentants de la police et des agences de sécurité et de renseignement.
« Les députés ont déjà été contactés par leurs forces de police locales, ce qui fait 650 députés, » a-t-elle annoncé sur la BBC ce dimanche. « Ils partagent des informations avec la police sur ce qu’ils font, l’endroit où ils se trouvent, s’ils sont en sécurité : ce sont des mesures pratiques ».
Mais elle s’est également entretenue avec Lindsay Hoyle, le président de la Chambre des communes qui est déterminé à examiner la sécurité des députés. Le Speaker de la Chambre des Communes a souligné que le drame constituait « un choc pour la communauté parlementaire et l’ensemble du pays.

Faut-il arrêter les entretiens en face à face?

Le député conservateur Bernard Jenkin a proposé des rendez-vous via Zoom pour arrêter les entretiens en face à face. L’ancien ministre conservateur Tobias Ellwood a exhorté ses collègues députés à cesser de faire des réunions en face à face avec les électeurs après le coup de couteau mortel de Sir David Amess.
Ellwood, qui a tenté de sauver la vie du policier PC Keith Palmer après une attaque terroriste à Westminster en 2017, a déclaré sur la BBC Radio 4: « Je recommanderais qu’aucun député ne fasse une permanence directe jusqu’à ce que vous puissiez passer à Zoom ».

Cependant, Kevin Buck, vice-président de l’association de circonscription de Southend West, a déclaré qu’il était contre les permanences des députés sur Zoom.
Buck a déclaré qu’il ne croyait pas que David Amess aurait voulu que les réunions se déroulent en ligne ni qu’il n’aurait voulu une protection supplémentaire telle que des détecteurs de métaux et une présence policière lors des entretiens avec les électeurs. Il a déclaré à BBC Breakfast: « Je ne pense pas qu’il aurait approuvé, personnellement je n’approuve pas vraiment, je sais que nous devons prendre notre sécurité personnelle très au sérieux, mais j’aime, comme Sir David l’a fait, rencontrer les gens. C’est pourquoi nous faisons cela, afin que nous puissions diriger les gens et les aider. Et je ne veux pas le faire derrière un écran de télévision ou derrière une vitre ou un boîtier de sécurité, car nous aurons alors perdu ».

Ainsi, un député conservateur, Alec Shelbrooke a rencontré ses électeurs samedi dans un supermarché de son fief et a déclaré qu’il continuerait à le faire même s’il devait « ajouter quelques précautions supplémentaires».

Des mesures avaient déjà été prises il y a cinq ans, après le meurtre de Jo Cox par un militant néo-nazi, une semaine avant le vote sur le Brexit.
Depuis, pour rencontrer son député au Royaume-Uni, il faut prendre rendez-vous par mail. Cela permet donc aux autorités de procéder à quelques vérifications. Le parlementaire n’est jamais seul pendant l’entretien. Le suspect, arrêté après l’attaque contre David Amess, avait un rendez-vous vendredi.

 

à Londres, Alexander SEALE