CLIMAT

La Reine Elizabeth II lève le pied et renonce inopinément à la COP 26

La Reine Elizabeth II n'ira pas à la COP26 à Glasgow. AFP

La COP26, conférence internationale organisée chaque année par les Nations Unies, s’ouvrira dimanche à Glasgow (Ecosse) et se tiendra jusqu’au 12 novembre. 197 pays et organisations régionales y sont attendus. Malheureusement, ce mardi 26 octobre 2021, pour des raisons médicales, le Palais de Buckingham a annoncé que la Reine Elizabeth II ne se rendra pas à la COP26.

« A la suite d’un avis lui conseillant de se reposer, la Reine effectue des tâches légères au château de Windsor. Sa Majesté a décidé à regret de ne pas se rendre à Glasgow pour assister à la réception de la COP26 le lundi 1er novembre », a annoncé le palais dans un communiqué, moins d’une semaine après que la souveraine a passé une nuit à l’hôpital.

Monarque depuis près de 70 ans, la Reine, qui doit célébrer l’année prochaine son jubilé de platine, continue d’afficher une bonne forme en public. Elle avait, jusqu’à son hospitalisation, participé quasi quotidiennement à des engagements officiels.

Une famille royale engagée et écologique ?

À quelques jours de la COP26 qui se déroulera au Royaume-Uni, la famille royale britannique défend les causes sur l’environnement. En effet, militant écologiste de la première heure, le Prince Charles est rejoint dans son combat par sa mère, la Reine Elizabeth II, et par le Prince William, son fils.

À l’aube de la COP26 qui s’ouvre le 31 octobre 2021, le Prince de Galles continue de défendre la planète. Il a souhaité il y a quelques semaines que les dirigeants internationaux ne fassent pas « que parler », mais prennent des mesures ambitieuses contre le changement climatique.

Il a  même dit « comprendre » la frustration des militants écologistes, comme Extinction Rebellion. Dans une interview à la BBC, l’héritier du trône a affirmé entendre les critiques de la jeune militante Greta Thunberg envers les responsables politiques. « Tous ces jeunes ont l’impression qu’il ne se passe jamais rien, alors bien sûr, ils deviennent frustrés », a déclaré le Prince Charles, qui devait se rendre à la COP26 à Glasgow avec sa mère, la reine Elizabeth II. Il ira avec son fils le Prince William. « Le problème, c’est d’agir sur le terrain », estime l’héritier du trône, 72 ans. L’impact serait « catastrophique » si des mesures ambitieuses n’étaient pas décidées, a-t-il averti. « Cela commence déjà à être alarmant, car rien dans la nature ne peut survivre à la pression créée par ces conditions météorologiques extrêmes », a-t-il souligné.

Lors de son entretien avec la BBC, le Prince Charles a également évoqué ses propres efforts pour réduire son empreinte carbone, expliquant ne manger ni viande ni poisson deux jours par semaine et avoir réduit sa consommation de produits laitiers. « Si davantage de gens faisaient cela, cela réduirait beaucoup la pression sur l’environnement », a-t-il dit.

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Le Prince Charles lors d’une cérémonie à Cardiff le 14 octobre dernier.

La Reine Elizabeth II, une majesté écolo ?

 Quelques années auparavant, les résidences royales étaient entrées dans l’ère Green Power avec l’utilisation de la géothermie. Et sous la houlette du feu Prince Philip, l’exploitation des domaines royaux était revenue aux bonnes vieilles méthodes d’antan. La Reine Elizabeth et ses proches sont devenus incollables sur le réchauffement climatique et traquent le moindre gaspillageEt, ces jours-ci, au cours d’une conversation privée, en marge d’un discours au Parlement gallois, la mère du Prince Charles a exprimé ses opinions écologistes.

Jeudi dernier, la Reine Elizabeth II a affirmé son irritation envers les dirigeants mondiaux qui parlent du changement climatique, mais « n’agissent pas ». La Monarque de 95 ans a été entendue, car son micro était resté allumé. Pour la première fois, elle est sortie de son habituelle réserve lors d’une discussion avec la présidente du Parlement Elin Jones : « Extraordinaire, n’est-ce pas ? J’ai entendu parler de la COP… Je ne sais toujours pas qui vient. Aucune idée. Nous ne connaissons que les personnes qui ne viennent pas… C’est vraiment irritant quand ils parlent, mais qu’ils n’agissent pas ». Et Elin Jones de répondre : « Exactement… il est temps. En regardant votre petit-fils à la télévision dire qu’il faut sauver la planète au lieu d’aller dans l’espace ».

En effet le Prince William a pris des positions tranchées sur la question écologique. Par ailleurs,  dimanche soir dernier, il a remis la première édition du prix Earthshot, créé pour récompenser des solutions à la crise climatique et qui se veut « le prix environnemental mondial le plus prestigieux de l’histoire ».

Le Prince William s’est aussi montré offensif en fustigeant le tourisme spatial : « Certains des plus grands cerveaux et esprits de ce monde doivent essayer avant tout de réparer cette planète, pas essayer de trouver le prochain lieu où aller vivre », a-t-il déclaré il y a quelques jours, également au cours d’un entretien avec la BBC. Il a aussi exhorté les dirigeants du monde à passer à l’action, et à ne pas se contenter de « belles paroles. Je veux que les choses dont j’ai profité, la vie au grand air, la nature, l’environnement, je veux que ce soit toujours là pour mes enfants et pas seulement mes enfants, mais les enfants de tout le monde ».

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Une photo inédite non datée du Prince William dans le London Eye publiée par le Palais peu avant la cérémonie de remise des prix Earthshot le 17 octobre.

« Recycler n’est pas suffisant »

Le Premier ministre britannique, Boris Johnson a admis que la Grande-Bretagne négociera, durant la COP26, des accords suffisamment adéquats pour freiner le changement climatique irréversible, affirmant qu’encourager les gens à recycler davantage « n’est pas la réponse ».

Boris Johnson a organisé le lundi 25 octobre 2021 une session de questions-réponses avec plusieurs dizaines d’enfants au 10 Downing Street, durant laquelle il a nié l’impact du recyclage. « Le recyclage n’est pas la solution, je dois être honnête avec vous », a-t-il déclaré. « Vous n’allez pas aimer ça. Cela ne résout pas le problème. Vous ne pouvez recycler le plastique que quelques fois. Ce que vous devez faire, c’est arrêter la production de plastique. Arrêtez la première utilisation de plastique. Nous devons tous réduire notre utilisation de plastique ».

Une COP26 très difficile ?

Le Premier ministre a abandonné son optimisme quant aux chances de parvenir à un accord pour atteindre des émissions nettes nulles d’ici 2050. « Ce sera très, très difficile, ce sommet, et je suis très inquiet, car cela pourrait mal tourner et nous pourrions ne pas obtenir les accords dont nous avons besoin », a-t-il admis. Le gouvernement a admis que les pays riches n’avaient pas tenu leur promesse clé de fournir aux pays pauvres $100 milliards de dollars par an pour lutter contre le changement climatique. Boris Johnson a ajouté que le monde a besoin “d’autant de personnes que possible” pour atteindre le zéro net d’ici le milieu du siècle.

Le Premier ministre a admis qu’il y avait eu beaucoup de « pression des pairs » lors du sommet avec des pays suivant l’exemple d’amis et de voisins, mais a réitéré : « il est très, très loin d’être clair que nous obtiendrons les progrès dont nous avons besoin ».

Il est très, très loin d’être clair que nous obtiendrons les progrès dont nous avons besoin.

Boris Johnson aura-t-il une tache difficile ?

La Reine est la plus haute diplomate du Royaume-Uni, la seule personnalité britannique que les politiciens en visite sont toujours ravis de rencontrer. Son expérience est sans précédent et rappelle à chaque génération de dirigeants qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil politique. La semaine prochaine à Glasgow, sa Majesté devait être l’une des hôtes du sommet de la COP26, faisant écho à la tête du Sommet du G7 dans les Cornouailles plus tôt cette année où elle avait séduit Joe Biden à l’Eden Project.

Mais cette fois-ci, le soutien de Boris Johnson sera appuyé par d’autres membres de la famille royale, tels que le prince Charles et le prince William qui sont aussi appréciés. Cependant, le sentiment d’un passage de relais générationnel sera diminué. Et le Premier ministre ne pourra pas faire appel à l’autorité ultime de la nation alors qu’il pousse à l’action. Mais Sir David Attenborough, un rédacteur scientifique, écrivain et naturaliste britannique sera présent au sommet et a déjà été un critique virulent de ceux qui nient le changement climatique. Plus tôt en octobre, il avait déclaré que les possibilités de la COP26 lui donnaient « un peu d’espoir. Pour la première fois, les gens du monde entier entendront les arguments sur ce que nous devons faire, les analyses sur les problèmes et les solutions », a-t-il déclaré. Pour la jeune activiste du climat, Greta Thunberg, qui sera présente à une manifestation contre le changement climatique dans les rues de Glasgow lors de la COP26, « la COP26 n’amènera pas de grands changements ».

Alexander SEALE (à Londres)