CLIMAT

COP26 : les pays en développement attendent toujours l’aide promise

Des militants défilent lors d’une « procession de pèlerins », une cérémonie d’ouverture d’une série d’actions directes non violentes organisées par le groupe d’action militant pour le climat Extinction Rebellion à Glasgow Green près du Scottish Event Centre (SEC) à Glasgow, en Écosse, le 30 octobre 2021, lieu de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques COP26. AFP

A la conférence sur le climat en 2009 à Copenhague, les pays riches avaient promis d’augmenter leur aide annuelle à 100 milliards de dollars en faveur des pays en développement. Mais rien n’a bougé depuis lors. Lors de la COP26, la délégation africaine est confrontée à des problèmes de logement et des restrictions anti-Covid-19 plus sévères qui leurs sont imposées.

Bien que la vaccination soit fortement conseillée, elle n’est en fait pas obligatoire pour assister à la COP26. Mais le gouvernement écossais oblige les délégations à porter des masques à l’intérieur, à respecter la distanciation physique et à subir des tests quotidiens de coronavirus avant d’entrer dans la « zone bleue » officielle, où se déroulera le sommet. Toute personne testée positive sera invitée à s’isoler. Mais si les kits de test à domicile ont un taux de faux négatifs d’environ 15%, comme le suggèrent certaines études, cela pourrait signifier que plusieurs personnes infectées pourraient se rendre au sommet chaque jour.

Humza Yousaf, le secrétaire écossais à la Santé, a admis qu’il y avait « absolument un risque » que les cas de Covid s’aggravent, mais il a indiqué qu’il n’y avait aucun plan immédiat pour un retour à des restrictions strictes. Il a déclaré au Sunday Show de BBC Scotland : « Il n’y a pas un expert en santé publique dans le monde qui dirait qu’il n’y a aucun risque au milieu d’une pandémie mondiale que des dizaines de milliers de personnes descendent dans une seule ville ».

Nous envisageons un hiver de pression extrême sur notre NHS et des niveaux potentiellement croissants de Covid.

Mais le chef adjoint du parti travailliste écossais, Jackie Baillie, l’a accusé de n’avoir « aucune réponse à l’impact potentiel de la COP26 sur notre NHS (système d’assurance santé en Ecosse, ndlr). « Nous envisageons un hiver de pression extrême sur notre NHS et des niveaux potentiellement croissants de Covid. Nous avons besoin d’une action du secrétaire à la Santé pour éviter cela, pas de paroles chaleureuses ». Le leader écossais de Lib Dem et porte-parole de la santé, Alex Cole-Hamilton MSP, a averti: « Le NHS est déjà débordé, il aura du mal à faire face à la pression supplémentaire qu’un événement comme la COP26 apportera ».

Problème de logement à Glasgow

Ceux qui veulent participer à la COP26 doivent faire face à de nombreuses difficultés logistiques.

Et le mois dernier, le Climate Action Network, qui représente environ 1.500 organisations de la société civile climatique, a appelé au report de la COP26 en raison de la hausse des coûts d’hébergement et de voyage, ainsi que de l’accès aux vaccins Covid-19.

Il faut compter entre 300 et 400 euros la nuit pour une chambre pas trop éloignée du centre-ville, et 1.000 euros la nuit pour les emplacements les plus centraux. Certains ont même mis des vans en location (entre 114 et 180 euros la nuit sur Airbnb), d’autres des places en dortoirs.

De plus, les organisateurs ont eu l’idée de faire venir deux navires de croisière pouvant accueillir au total 6.000 personnes. Or, il s’agit d’un moyen de transport figurant parmi l’un des plus polluants au monde. Selon des députés écossais, des milliers de personnes venant à la COP 26 n’ont toujours pas d’endroit où rester à Glasgow, à quelques jours du début de l’événement.

Ainsi les militants écologistes ont déclaré qu’ils connaissaient des délégués officiels sans hébergement et qui ne pouvaient pas se permettre les prix extrêmement gonflés demandés sur des sites comme AirBnB. Le Dr Kat Jones, chef de projet COP26, Stop Climate Chaos Scotland, a déclaré : « Trois mille personnes sont sur une liste d’attente pour un hébergement ».

Et la jeunesse qui souhaite participer à la COP26 est obligée de renoncer à venir à cause des prix exorbitants des logements. Cette situation pousse de nombreux observateurs et défenseurs de l’environnement à dénoncer ces contradictions et une forme d’hypocrisie.

L’Afrique a des défis de taille à relever dans la lutte contre le réchauffement climatique.

 L’Afrique attend toujours les 100 milliards d’aide promis

La délégation africaine a manifesté son mécontentement face au problème de logement sur les réseaux sociaux. Elle estime que la COP26 est « la plus compliquée à laquelle l’Afrique a été confrontée ». Elle a reproché à ses organisateurs de reproduire les inégalités au lieu de mettre tout le monde sur un pied d’égalité. « Le coût pour trouver un logement est très élevé », a critiqué le Gabonais Tanguy Gahouma-Bekalé, chef du groupe des négociateurs africains pour le climat (GAN). C’est un connaisseur des questions liées au climat. Il notamment secrétaire permanent du Conseil national climat gabonais et directeur de l’Agence gabonaise d’études et d’observation spatiale (Ageos). Sur le terrain, les non-vaccinés contre le Covid-19 venant d’Afrique doivent se mettre en isolement à leur arrivée en Écosse et s’acquitter de plusieurs coûteux tests, plus que pour les autres pays.

Or, l’Afrique doit faire entendre sa voix à la grande conférence de l’ONU sur le climat. Elle a des défis de taille à relever dans la lutte contre le réchauffement climatique. La délégation africaine compte les mettre sur la table lors de la COP26. Il y a notamment les besoins financiers (les pays industriels ont promis, en 2009 à Copenhague, 100 milliards de dollars d’aide par an pour aider les pays en développement à financer l’urgence climatique, mais la promesse n’est pas encore honorée). Il y a aussi d’autres défis, indirectement liés au climat, notamment la lutte contre la pauvreté, l’emploi des jeunes et l’énergie.

Alexander SEALE (à Glasgow)