COP26

Les pays en développement veulent réduire les émissions polluantes à zéro avant 2050

Vincent J.F. Huang, un artiste taïwanais sur le stand du Tuvalu, un archipel du Pacifique de 10.000 habitants. Photo: Alexander Seale

Les pays en voie de développement sont les plus vulnérables  et victimes des dommages causés par le changement climatique, tels que les inondations, les sècheresses et les feux de forêt. Il est donc essentiel de répondre aux besoins des pays pauvres durant les négociations sur le climat à Glasgow où les dirigeants sont invités à se mettre d’accord sur de nouveaux engagements. Ils voudraient une aide de 100 milliards de dollars pour financer des projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ils veulent atteindre l’objectif de zéro émission de gaz à effet de serre bien avant 2050.

Ces pays ont défini leurs priorités pour les négociations. Ils veulent que chaque année les pays riches et développés puissent fournir un engagement de 100 milliards de dollars en finançant l’aide à la réduction des émissions de Gaz à effet de serre (GES). Leur objectif serait d’atteindre zéro émission de gaz à effet de serre, bien avant 2050. Ils veulent surtout que les principaux émetteurs comme les États-Unis, l’Australie et les pays de l’Union européenne (UE) reconnaissent leur responsabilité pour les pertes et les dommages qu’ils ont subis comme la montée des eaux du niveau de la mer.

Actuellement, les dirigeants des pays vulnérables sont frustrés par le non-respect par les pays les plus riches du monde de leurs engagements antérieurs. Ainsi, le président du Kenya, Uhuru Kenyatta a déclaré à la COP26 : « avant de prendre de nouveaux engagements, commencez par respecter ceux qui existent déjà ». Il faut dire que jusqu’à présent, aucun pays riche n’a tenu ces engagements.

Des pays représentés au centre de la COP26 

 En plein cœur du centre de la COP26, des pavillons ont été dressés pour représenter les délégations présentes au sommet. Certains dirigeants et ministres y font un détour. Nous sommes allés à leur rencontre. Vincent J.F. Huang, un artiste taïwanais sur le stand du Tuvalu, un archipel du Pacifique de 10.000 habitants. « L’île disparaitra totalement dans 20 ans si le réchauffement climatique continue d’accélérer la montée des eaux ». Au pavillon de l’archipel menacé, les visiteurs prennent des selfies avec les sculptures d’ours polaires portant des gilets de sauvetage et un pingouin suspendu par un nœud coulant. « Ces archipels sont très fragiles. J’essaie d’utiliser le pouvoir de l’art pour les aider à obtenir plus de visibilité dans les médias. Dans mon art, je dessine des images des animaux qui souffrent du changement climatique comme les ours polaires et les pingouins. Comme eux, notre terre disparaît ».

Huang estime qu’il faudrait une loi globale plus forte afin de limiter les émissions de carbone. « J’espère que la semaine prochaine les pays pourront coopérer et plus particulièrement la Chine. Je ne suis pas optimiste concernant cette COP26 ».

En déambulant dans les allées, nous nous sommes arrêtés au pavillon de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. C’est alors que nous avons rencontré le ministre de l’Environnement, Wera Mori. Selon lui, « il est réconfortant de savoir que les dirigeants mondiaux reconnaissent la gravité de la situation et les besoins afin de mobiliser la finance pour lutter contre le changement climatique ».

Crédit photo Alexander SEALE

Carence en thon dans les océans 

 Wera Mori se dit inquiet, car son pays est l’un des premiers au monde à être plus affecté par le dérèglement climatique. « Si le réchauffement des océans se poursuit au rythme actuel, les pêches de thon dans les eaux combinées de 10 îles du Pacifique devraient diminuer en moyenne de 20% d’ici 2050 », redoute-t-il. Pour le ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, cela aura un impact énorme sur les îles dépendantes du thon des États fédérés comme les îles Cook, Kiribati, République des îles Marshall. « Nos océans deviennent de plus en plus acides. C’est très alarmant. Quand les eaux deviennent acides, ça pose problème à notre écosystème. Sur le plan économique, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a perdu beaucoup de son stock de thon qui a émigré vers de nouveaux horizons. Quand les températures augmentent, le thon va vers les eaux plus fraîches. On perd l’industrie du thon. Nous gérons 18% du stock de thon et cela cause des inquiétudes. Sur terre, le changement climatique pose un véritable problème aux infrastructures des routes. Nous sommes donc le premier pays dans le monde impacté par le changement climatique ».

Sauver les forêts en RDC 

 Sylvie Dzbo est la conseillère en charge de la Protection des Forêts et des Tourbières. Nous l’avons rencontrée au pavillon de la République démocratique du Congo (RDC). Elle nous parle des discours des leaders. « Nous les avons pris avec beaucoup de quiétude dans la mesure où nous avons pu arracher des financements pour les différents projets forestiers. Nous envisageons dans notre programme de pouvoir bénéficier d’une large partie de ces financements en vue de mettre en place tous les projets que nous avons déjà élaborés pour la préservation des forêts congolaises et des Tourbières ».

Nous espérons que les pays pollueurs puissent se rendre compte des dommages que les pays en pauvres subissent.

L’impact du réchauffement climatique en RDC, poursuit Sylvie Dzbo, « nous l’observons dans les saisons, car nous n’avons que deux saisons. La saison des pluies et la saison sèche. Nous avons accusé beaucoup de retards sur les pluies. En venant à Glasgow, nous étions censés entrer à 100% dans la saison des pluies. Donc des pluies diluviennes tous les jours, mais il n’y a eu que de petites pluies. Il faut que les engagements pris par les différentes parties soient suivis d’actions concrètes. Nous espérons que les pays pollueurs puissent se rendre compte des dommages que nous subissons et prendre langue avec la RDC afin de pouvoir améliorer le bien-être des populations. Il est impératif d’accompagner la RDC avec des fonds conséquents non pas en terme d’aides, mais en terme compensation équitable et pour permettre de combattre le réchauffement climatique ».

C’est pourquoi le maire de Londres, Sadiq Khan, nouveau président des C40, a promis d’engager les deux tiers du budget du C40 pour soutenir l’action climatique dans les villes du sud confrontées aux pires impacts du changement climatique.

La jeunesse dans les rues de Glasgow vendredi. Photo Alexander SEALE

La jeunesse dans les rues de Glasgow  

A l’issue de la première semaine de la COP26, une journée a été dédiée à la jeunesse. Plus de 100.000 personnes ont défilé vendredi dans les rues de Glashow pour se faire entendre. L’activiste suédoise, Greta Thunberg a déclaré que cette COP était « un grand échec et que l’histoire jugerait de manière négative les leaders qui étaient présents à Glasgow ».

Selon les activistes, il n’y a pas eu grand-chose qui s’est produit lors de cette première semaine de conférence, malgré différents accords (déforestation, fin du financement des énergies fossiles, etc.). Sur un podium devant une foule de personnes, la jeune activiste ougandaise Vanessa Nakate a déclaré : « des gens meurent, les enfants abandonnent leurs études, les fermes des personnes sont en train d’être détruites. Nous sommes en crise. Nous sommes dans un désastre qui se passe chaque jour. Historiquement l’Afrique est responsable de 3 % des émissions, mais les Africains souffrent le plus de l’impact dû à la crise climatique. Les pays d’Afrique ne sont pas en Une des journaux. Aujourd’hui, nous devons continuer le combat. On ne peut pas se taire devant l’injustice climatique ».

Alexander SEALE (à Glasgow)