FRANCE/POLITIQUE

Le président-candidat Emmanuel Macron mise sur le mix énergétique nucléaire-renouvelable

Pour la neuvième fois depuis le début de la crise du Covid-19, Emmanuel Macron s’adresse solennellement aux Français pour renforcer le rappel de vaccins face au rebond de l’épidémie, pour vanter son bilan et évoquer les priorités de la fin du quinquennal. AFP

Dans un, nouveau discours, le président français a fait le bilan de son mandat et a tracé la marche à suivre pour continuer à lutter contre le covid-19 : rappel de vaccin pour les +65 ans, masque à l’école, adaptation des mesures en fonction des régions, etc. Il relance la construction de nouvelles centrales nucléaires tout en poursuivant le développement des sources d’énergie renouvelable. Les réactions politiques n’ont pas tardé…      

Une allocution solennelle. Une allocution, la neuvième du genre depuis le début de la pandémie en janvier 2020, pour Emmanuel Macron. D’une voix enrouée, donc sur un ton grave, le président de la République française a déroulé une intervention, seul debout derrière un pupitre sur fond blanc, pendant vingt-sept minutes. Ce discours était attendu, les supputations allaient bon train avec diverses rumeurs sur fond de probable cinquième vague de cette pandémie de la Covid-19 et ses variants, et sur les prévisions de l’OMS faisant état de 500.000 morts du Covid dans le monde d’ici février 2022 si rien n’était fait…

Rappel de vaccins pour les +65 ans

Le président Macron, d’entrée, justifie son intervention pour répondre aux interrogations, aux inquiétudes sanitaires, économiques, sociales, géopolitiques », et après avoir rappelé les deux confinements du printemps et de l’automne 2020, il précise que 100 millions de doses ont été administrées et que 51 millions de Français sont totalement vaccinés. Mais voilà, et c’est la première justification de cette neuvième intervention présidentielle, le nombre de cas augmente grandement en France : plus de 40% de cas en une semaine. Alors, il lance à « un appel à l’esprit de responsabilité aux 6 millions de Français qui n’ont pas encore reçu le vaccin » et d’enchaîner sur une annonce : les personnes de plus de 65 ans doivent se faire injecter, après les deux premières doses, un rappel pour valider leur passe sanitaire, et début décembre, ce sont les 50-64 ans qui devront eux aussi recevoir le rappel. Toutefois, « le vaccin, tout efficace soit-il, ne suffit pas. Il faut conserver les règles en vigueur », ajoute Emmanuel Macron : le masque à l’école, les gestes barrières, l’adaptation des mesures en fonction des territoires. Et cette promesse, celle d’une nouvelle arme en fin d’année 2021, le premier traitement pour lutter contre le Covid.

Nous allons, pour la première fois, depuis des décennies, relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays et continuer de développer les énergies renouvelables.

Le mix énergétique avec le nucléaire et le renouvelable

La première partie de l’intervention présidentielle a représenté un tiers du temps. Le reste, près de vingt minutes, parait conséquent de la crise sanitaire : l’économie, le social, l’écologie, l’énergie, la sécurité, le travail, l’Europe dont la présidence, dans deux mois, sera assurée par la France… En matière d’énergie, il relance le nucléaire en annonçant la construction de nouveaux réacteurs, suivant ainsi les recommandations du gestionnaire du réseau électrique RTE. « Nous allons, pour la première fois, depuis des décennies, relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays et continuer de développer les énergies renouvelables », a-t-il précisé.

Les réactions politiques fusent

Et là, hasard du calendrier, cette intervention qui faisait suite la veille au débat des cinq aspirants pour la candidature de « Les Républicains » à la présidentielle, a pris des allures de lancement d’une campagne d’Emmanuel Macron. Soudain, il est devenu le Président-candidat à sa succession. Selon Gilbert Collard, député européen RN (Rassemblement national), « il s’est refait une santé sur le dos de la pandémie. Mais il fait du vent, il est une éolienne électorale ». Elu en mai 2017, Emmanuel Macron a fait, ce soir du 9 novembre 2021, le bilan de son action et de son gouvernement- et dressant déjà des objectifs pour les prochaines années (les cinq années de son deuxième mandat ?) sur de nombreux points comme la réforme de la retraite reportée à 2022 ou encore la construction de réacteurs nucléaires (sans en préciser le nombre) et le développement des énergies renouvelables. « Nous vivons une révolution profonde, confie-t-il. « Le virus a bloqué le monde entier. Mais le grand enjeu d’avant la crise n’a pas disparu… »

On a parfaitement compris qu’il est candidat.

Evidemment, dans la foulée de l’intervention présidentielle, on a entendu les réactions des adversaires à la tonalité terriblement prévisible. Ainsi, Marine Le Pen, candidate à la présidentielle 2022 pour le RN (Rassemblement national) : « La troisième dose n’aura donc été qu’une excuse pour faire un discours de campagne dont presque toutes les déclarations sont éminemment contestables. Chômage, insécurité, pouvoir d’achat… Le monde parallèle d’E. Macron est loin des réalités que vivent les Français ». Ainsi, Jean-Luc Mélenchon, candidat de LFI (La France Insoumise) : « Je retiens un méli-mélo de comptes rendus et de promesses de candidat… Se rend-il compte de l’état du pays ? On a parfaitement compris qu’il est candidat ». Et Emmanuel Macron, en fin stratège de la politique, de conclure son intervention par des mots et formules forts : « La période est difficile… mais repensez à ce que nous avons réussi ces derniers mois. N’ayons pas peur, croyons en nous, croyons en la France. Croyons en nous, nous le méritons ». Assurément, ce 9 novembre 2021, Emmanuel Macron a lancé la campagne pour l’élection présidentielle d’avril 2022…

Serge BRESSAN (à Paris)