MIGRANTS

Gérald Darmanin: « pas de patrouilles anglaises sur les côtes françaises »

De gauche vers la droite, la ministre belge de l'Intérieur, Annelies Verlinden, son homologue français, Gerald Darmanin et l'Allemand, Stephan Mayer. AFP

Ce dimanche 28 novembre 2021, la France accueillait les ministres allemand, belge et néerlandais de l’Intérieur ainsi que des fonctionnaires de la Commission européenne. Une réunion internationale qui faisait suite au naufrage de 27 migrants dans la Manche mercredi dernier. L’occasion pour les ministres de parler de la lutte contre la crise migratoire et les passeurs. La ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel n’était pas invitée au sommet en réponse aux dernières tensions entre le Premier ministre Boris Johnson et le président français Emmanuel Macron.

Mercredi dernier, 27 personnes sont décédées alors qu’elles se dirigeaient vers le Royaume-Uni depuis la France. Leur bateau a coulé dans la Manche. C’est pourquoi l’Organisation internationale pour les migrations a déclaré qu’il s’agissait de la plus grande perte de vies humaines dans la Manche depuis qu’elle a commencé à collecter des données en 2014.

Des questions ont été soulevées après le décès de ces migrants: pourquoi tant de personnes tentent le voyage malgré les conditions dangereuses et comment pouvons-nous résoudre le problème ?

La ministre britannique de l’Intérieur a promis de « continuer de faire pression » pour que des améliorations soient apportées pour faire face à la crise.

Et Mme Patel a déclaré qu’elle tiendrait « des entretiens urgents avec ses homologues européens » plus tard dans la semaine « pour éviter de nouvelles tragédies dans la Manche ».

Ce dimanche, elle s’est entretenue avec la ministre néerlandaise des migrations, Ankie Broekers-Knol. Et, le ministère de l’Intérieur a déclaré que tous les deux étaient d’accord sur la nécessité de s’attaquer aux gangs criminels qui organisent les traversées et sur l’importance des accords pour le retour des migrants vers les pays européens.

Important de travailler avec les Britanniques

Cependant, le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré qu’ils avaient discuté sur la nécessité de travailler avec Londres concernant les traversées. « Cette réunion n’était pas anti-anglaise. Elle était pro-européenne », a-t-il déclaré. « Nous voulons travailler avec nos amis et alliés britanniques ». L’agence des frontières de l’Union européenne mettra un avion à disposition d’ici quelques jours pour surveiller la côte nord de la France dans le but d’empêcher les gens de traverser la Manche, car le gouvernement français a insisté sur le fait qu’il ne serait « pas pris en otage » par la politique intérieure britannique sur la question.

Gérald Darmanin a déclaré que l’agence de garde-frontières et de garde-côtes de l’UE, Frontex, fournirait un avion à partir du 1er décembre pour surveiller la côte nord de la France. Les ministres ont également discuté de l’utilisation de drones. Ces mesures s’inscrivent dans le cadre d’efforts plus larges visant à réprimer les gangs de passeurs de clandestins dans le nord-ouest de l’Europe.

Une sortie de Gérald Darmanin dans The Guardian

Dans une interview au Guardian, le ministre de l’Intérieur français a vivement critiqué ce qu’il a qualifié de « double langage » venant de Londres et a déclaré que la France n’était pas un « vassal » du Royaume-Uni. « Les relations sont bonnes quand nous parlons en privé. Chaque semaine, j’ai mon homologue britannique au téléphone et lorsque nous avons des réunions personnelles et échangeons des messages, nous voyons que le Royaume-Uni a une approche sérieuse et que nous avons des choses en commun », a déclaré Gérald Darmanin.

Il a aussi déclaré que les ministres britanniques, dont son homologue Priti Patel, devraient cesser de dire une chose en privé tout en insultant son pays en public s’il doit y avoir une solution à la crise en Manche.

Que diraient les Britanniques si nous proposions d’avoir des troupes françaises sur la côte anglaise ?

Gérald Darmanin a répété que la France n’accepterait pas les forces britanniques en France. « Que diraient les Britanniques si nous proposions d’avoir des troupes françaises sur la côte anglaise ? Ils diraient, et ce serait tout à fait compréhensible, qu’ils sont un pays libre et qu’ils veulent que leur souveraineté soit respectée. Nous disons la même chose. Il n’y a rien d’extraordinaire à cela », a-t-il ajouté.

Alexander SEALE (à Londres)