POLITIQUE

France : la droite en quête de son candidat pour la présidentielle

Valérie Pécresse entourée des quatre Mousquetaires lors d'un débat: Michel Barnier, Valérie Pécresse, Eric Ciotti, Xavier Bertrand et Philippe Juvin. AFP

Les votes de la primaire chez Les Républicains ont démarré ce mercredi pour choisir le ou la candidat(e) en vue des élections présidentielles d’avril 2022. Cinq candidats sont en lice dont une femme Valérie Pécresse. Les débats qui les ont opposés n’ont pas passionné la foule. Verdict le 4 décembre à 14h30. Aucun candidat ne se dégage, ce qui irrite l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy qui, d’une manière ou d’une autre, garde une certaine influence au sein du parti de la droite française.

Adepte de la méthode Coué, Christian Jacob, président des LR (Les Républicains) est catégorique : « La droite a repris le leadership ». Des mots qu’il martèle encore et encore alors que s’ouvre ce mercredi 1er décembre le « congrès pour la France » à l’issue duquel, ce samedi 4 décembre à 14h30, sera annoncé le nom du (de la) candidat(e) qui représentera la droite à l’élection pour la Présidence de la République les 10 et 24 avril 2022. Après avoir tergiversé, primaire ouverte ou non, le principal parti de la droite française a opté pour une primaire réservée aux seuls adhérents à jour de leur cotisation- à ce jour, ils sont exactement 139 918. Cinq candidats sur la ligne de départ : Michel Barnier, Xavier Bertrand, Eric Ciotti, Philippe Juvin et Valérie Pécresse.

Avant l’ouverture des votes (électroniques), aucun des cinq postulants ne s’est véritablement dégagé, ce qui irrite l’ancien Président de la République Nicolas Sarkozy qui, même retiré de la vie politique (du moins, l’affirme-t-il), tire encore et toujours les ficelles de LR. Un récent dessin paru dans la presse montre Nicolas Sarkozy en entraîneur du Paris SG, s’adressant à Barnier, Bertrand and Co. Il leur dit : « Quand on galère dans son propre championnat, faut pas s’attendre à un miracle en Champions League »…

Quand on galère dans son propre championnat, faut pas s’attendre à un miracle en Champions League.

La crainte des LR

Tout est dit. Coincé entre le RN de Marine Le Pen et Emmanuel Macron qui prend son temps pour annoncer sa candidature pour un second mandat présidentiel, le LR tente de se trouver. Quatre débats télévisés avec les cinq candidats n’ont pas attiré les foules de téléspectateurs. Un observateur des affaires de la droite croit avoir l’explication : « Lors de la précédente primaire pour la présidentielle de 2017, on avait un tout autre plateau avec, entre autres, un ancien Président de la République et deux anciens Premiers Ministres. Cette fois, avec ces candidats, on a aligné une équipe réserve- et encore… » Quel que soit le(la) candidat(e) qui sera désigné(e) à l’issue du vote des adhérents, une grande question hante les dirigeants LR : au deuxième tour de la présidentielle 2022, la droite sera-t-elle absente pour la deuxième fois consécutive ? Et déjà, si c’est le cas, nombre des dirigeants et militants sont catégoriques, ce sera l’éclatement, l’explosion du parti… Ce qui fait dire à un député LR : « Ce sera bien une nouvelle preuve que la droite française est la plus bête du monde »…

Les prétendants en lice pour la candidature des LR à la présidentielle

Sur la ligne de départ, cinq candidat(e)s. revue de détails.

Michel BARNIER (né le 9 janvier 1951 à La Tronche, Isère) Le doyen de la « bande des cinq ». Il a adhéré à l’UMP à l’âge de 14 ans, été élu local à 22 ans en Savoie, gravi tous les échelons jusqu’à ministre à plusieurs reprises (Environnement, Agriculture, Affaires étrangères,..) jusqu’à se retrouver commissaire européen en charge du dossier du Brexit à Bruxelles. Par ailleurs, avec Jean-Claude Killy, il a été co-président du Comité d’organisation des Jeux olympiques d’hiver 1992 à Albertville. Gaulliste, durant les débats télévisés et meetings publics, il a fait preuve de sérieux et de rigueur même si des proches admettent qu’il peut paraître « ennuyeux ». Un temps favori des militants, il semble avoir faibli dans la dernière ligne droite avant le vote…

Xavier BERTRAND (né le 21 mars 1965 à Châlons-sur-Marne, Marne) En 2017, il avait quitté les LR, jugeant le parti trop « droitier » et lorgnant du côté du président Emmanuel Macron. Fort de son poste de président de la région Hauts-de-France, lui l’ancien ministre (entre autres, Travail et Santé) pensait pouvoir se lancer dans la campagne présidentielle seul avec son micro-parti. Mais, se présentant encore et encore comme un homme issu de la base (ancien assureur en Picardie), après avoir assuré que jamais il ne prendrait part à une primaire (ouverte ou fermée) de la droite, il a repris sa carte d’adhérent LR. Surnommé « le petit chose » par Nicolas Sarkozy, il a occupé les plateaux télé et les meetings en clamant : « Je suis le seul, à droite, à pouvoir être présent au second tour et battre Emmanuel Macron »…

Au deuxième tour de la présidentielle 2022, s’il y a une finale Macron- Zemmour, je voterai sans hésiter Zemmour

Eric CIOTTI (né le 28 septembre 1965 à Nice, Alpes-Maritimes) Une belle carte de visite : député des Alpes-Maritimes depuis 2007, président du conseil départemental des Alpes-Maritimes (2008-2017) et questeur de l’Assemblée nationale depuis 2018. A l’UMP (devenu LR- Les Républicains), il a exercé depuis 2009 différentes fonctions : secrétaire national chargé des questions de sécurité, délégué général chargé des fédérations puis secrétaire général adjoint aux fédérations du parti… Lors de la campagne d’investiture, il a affirmé : « Oui, je suis la droite de la droite ». Et fait sensation dans son camp quand il a lancé : « Au deuxième tour de la présidentielle 2022, s’il y a une finale Macron- Zemmour, je voterai sans hésiter Zemmour »…

Philippe JUVIN (né le 1ᵉʳ février 1964 à Orléans, Loiret). Le méconnu de la « bande des cinq ». On l’a beaucoup vu sur les plateaux télé depuis mars 2020 où il intervenait pour évoquer la pandémie du Covid-19. Professeur de médecine (anesthésie réanimation, puis médecine d’urgence avec des missions en Afghanistan et en Afrique) et chef de service des urgences de l’hôpital européen Georges-Pompidou à Paris, il est également engagé en politique : maire de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine) depuis 2001, conseiller régional (depuis juillet 2021). Il a été aussi député européen (2009-2019) au sein du PPE (Parti populaire européen). Pour la primaire de la droite, contrairement à ses adversaires, il n’est pas centré sur les questions d’immigration et de sécurité, souhaitant plutôt introduire le thème des services publics dans le débat politique.

Valérie PECRESSE (née le 14 juillet 1967 à Neuilly-sur-Seine, Hauts-de-Seine) Comme Xavier Bertrand, elle a quitté LR en 2017, créé son parti (Libres !) mais accepté le principe de la primaire pour l’investiture à la Présidentielle 2022. Maître des requêtes au Conseil d’Etat, elle entre en politique en 1997 comme conseillère du Président Jacques Chirac et sera élue députée en 2002. Entre 2007 et 2011, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, dans les gouvernements de François Fillon, elle sera ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, puis ministre du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l’Etat, et porte-parole du gouvernement. En 2015, elle est élue présidente du Conseil régional d’Ile-de-France- et réélue au printemps 2021. Lors de la campagne d’investiture à la Présidentielle 2022, elle a renouvelé son souhait de « tailler à la hache » dans la fonction publique.

         Nombre d’observateurs de la vie politique française assurent que Valérie Pécresse pourrait bien être la grande surprise de cette primaire… Résultat, donc, samedi 4 décembre à 14h30.

Serge BRESSAN (à Paris)