Sans « aide Covid » depuis mars 2020, le Domaine de Mambaye est menacé de fermeture

SPA. En place depuis 60 ans, l’ASBL ENASC (Eveil à la Nature, aux Sports et à la Culture) est le second centre d’hébergement le plus important de Wallonie, accueillant 10.000 enfants/an, pour plus de 40.000 nuitées,  dans le cadre de classe verte. Aujourd’hui, le centre se retrouve en grande difficulté par absence de reconnaissance de la part du Commissariat général au Tourisme, et ce, depuis 1998, un statut qui lui donnerait le droit aux « aides Covid » dont l’ASBL ne bénéfice pas depuis le début de la crise. Les exploitants du centre situé sur le Domaine de Mambaye, dénoncent une injustice qui pourrait mené à la fermeture du site. La non reconnaissance en qualité d’acteur majeur du tourisme social en Belgique et cette absence de soutien public alors que les nuitées sont interdites par le dernier Codeco jusqu’au carnaval, poussent la Direction a lancé cet SOS.  

Sur fonds propres, l’ASBL a dû assurer le règlement de ses 55.000 euros de frais fixes par mois sans aucune aide pendant 17 mois de fermeture cumulée de 2019 à 2021… »

L’ASBL ENASC n’est pas totalement dépourvue de reconnaissance. La première, acquise depuis 2001 auprès de la Région wallonne, est celle qui fait de l’association un Organisme d’Education à la Nature aux Forêts. « Grâce à cela nous bénéficions d’un subside de 14.000 euros qui nous permet de réduire le coût des activités proposées aux enfants », explique Xavier Meauxsoone, le directeur et administrateur de l’ENASC. Mais au-delà de cela, ce que dénonce la Direction du centre d’hébergement au plus de 40.000 nuitées/an proposées à petits prix, c’est l’absence totale d’aide publique afin de tenir la tête hors de l’eau depuis le début de la crise sanitaire.

La seconde reconnaissance, auprès du CGT (Commissariat Général au Tourisme) reste pendante depuis plus de vingt ans. Il s’agit de la reconnaissance de l’ASBL en qualité de centre d’hébergement actif dans le « Tourisme social ». L’ASBL ENASC est bien reconnue par le CGT mais dans une classification qui n’ouvre aucune aide et subside direct, à savoir, « Autre Hébergement ».

L’absence de reconnaissance qui pénalise

« Le dernier Codeco a décrété l’interdiction des hébergements pour les activités extra-scolaires jusqu’au carnaval!, vous imaginez, déjà que les deux dernières n’ont pas été simple, là on nous empêche de travailler et on n’est pas soutenu, aider pour y faire face« , réplique-t-il. « C’est ici encore que l’absence de notre reconnaissance auprès du Commissariat Général au Tourisme (CGT) nous pénalise car si nous étions reconnu, ce que l’on demande depuis 1998, on aurait droit à une aide Covid; c’est totalement incompréhensible et injuste tout cela car nous ne sommes pas dans le bonne case selon le CGT et son système archaïque de reconnaissance ».

Xavier et Philippe Meauxsoone, les deux responsables du domaine de Mambaye, défendent avec conviction leur dossier en multipliant les appels à l’aide, jusqu’ici sans succès, auprès de responsables politiques locaux et supra-locaux. A ce jour, aucune solution favorable n’a pu être trouvée. « Le week-end dernier, nous avons toute une semaine d’hébergement qui devait débuté ce lundi annulée suite aux nouvelles mesures sanitaires, c’est intenable et dramatique pour les enfants qui se faisaient une fête de passer une semaine en pleine nature », précise-t-il encore.

Rappelons que nous sommes le second centre d’hébergement de Wallonie et qu’il n’existe pas aujourd’hui d’offres suffisantes pour répondre aux demandes des établissements scolaires du pays

Il faut dire que le Code wallon du Tourisme est clairement obsolète s’agissant du tourisme social. Il faut savoir que pour être reconnue, l’ASBL ENASC devrait exploiter au moins trois établissements en Wallonie ou faire valoir 1000 membres dans trois Provinces.
Une autre solution réside dans le fait d’être « parrainé », à l’ancienne, par une structure reconnue dans la catégorie « Tourisme social ».

Le « hic » c’est que jusqu’à présent, aucune structure ne veut parrainer une association de la taille de l’ENASC qui est le deuxième plus gros centre d’accueil en Wallonie avec 350 lits / 42.000 nuitées, 10 ETP (équivalents temps plein), pour un chiffre d’affaires qui frôlait encore en
les 2 millions d’euros en 2019.

La survie de l’activité en jeu…

Cette absence de reconnaissance menace l’activité historique de l’ASBL qui accueille depuis 1960 plus de 10.000 enfants en classes vertes au Domaine de Mambaye à Spa. En effet, ENASC, si elle avait été reconnue comme Association de Tourisme social, aurait pu bénéficier de plusieurs centaines de milliers d’euros d’aides « Covid-19 » depuis le début de la pandémie.

« Mais jusqu’ici, on n’a rien eu, pas un euro, l’emploi de notre personnel est menacé ainsi que la collaboration des guides indépendants avec lesquelles nous travaillons », poursuit Xavier Meauxsoone. « Sur fonds propres, l’ASBL a dû assurer le règlement de ses 55.000 euros de frais fixes par mois sans aucune aide pendant 17 mois de fermeture cumulée de 2019 à 2021… »

Avec la dernière annonce du Codeco, qui exige la fermeture des centres actifs dans l’hébergement d’enfants pour trois nouveaux mois au moins, l’ASBL se retrouve aujourd’hui en très grande difficulté financière au point que sa survie pourrait s’en trouver menacée.
Et si une fermeture définitive du domaine spadois devait intervenir, ce sont donc plus de 10.000 enfants qui se retrouveraient privés de classes vertes et stage de vacances.