Société

Incidents lors du match Standard-Charleroi: Rouche de honte


En cette veille de Saint-Nicolas, le derby entre les Rouches et les Zèbres qui devait être une fête du football a viré au pugilat, un spectacle déplorable. La rivalité entre les deux ténors wallons n’est pas nouvelle et, il y a encore quelques années, était «bon enfant ». Cependant, depuis le redressement progressif des locataires du Mambourg, chaque rencontre est devenue l’occasion d’invectives entre supporters, une mauvaise habitude depuis plusieurs saisons. Mais ce dimanche un palier intolérable a été franchi. Comment expliquer un tel déchaînement de haine autour de ce qui aurait dû rester une rencontre sportive. Les dirigeants du club ont condamné fermement les incidents de dimanche et ont pris trois mesures dont notamment l’arrêt de la vente des tickets pour les matches à domicile et une interdiction de la vente des tickets aux groupes d’animation pour les matches à l’extérieur. Reste à savoir si ces décisions ramèneront le calme… 

L’évolution du score sur la pelouse, ajoutée à la situation actuelle du club de bord de Meuse, auront été la goutte d’eau qui fait déborder le vase chez certains supporters, ou pseudo supporters, frustrés par des semaines et des mois de résultats décevants.

Depuis plusieurs saisons déjà, le Standard de Liège se délite petit à petit. Il est loin le temps où le club jouait régulièrement le haut du classement et était même connu aux quatre coins de l’Europe par ses participations régulières aux compétitions continentales. Depuis son dernier titre de champion en 2009, le matricule 16 a perdu de sa superbe au fil du temps. Voir le stade Maurice Dufrasne vibrer face aux exploits de Witsel, Dante ou autre Fellaini semble dater d’une autre époque.

Il est loin le temps où le Standard de Liège jouait régulièrement le haut du classement et était même connu aux quatre coins de l’Europe par ses participations régulières aux compétitions continentales.

Il y a bien eu quelques exploits comme les victoires en Coupe de Belgique ou quelques rendez-vous en Europa League mais les gradins de Sclessin n’ont que trop rarement retrouvés la même ferveur. C’est sans aucun doute cette accumulation de déceptions chez certains qui a conduit aux faits lamentables de ce dimanche soir.

Une saison longue comme un chemin de croix

 Cette saison 2021-2022 ressemble à un véritable chemin de croix pour les « Rouges et Blancs ». Avec seulement 18 buts inscrits en 17 matches, le Standard a la deuxième moins bonne attaque de ce championnat, à égalité avec Saint-Trond, seul le Beerschot a moins fait trembler les filets adverses. A titre de comparaison, l’Union Saint-Gilloise en est déjà à 43 concrétisations en autant de rencontres. Un spectacle décevant pour un public qui veut de la hargne et des joueurs qui donnent tout pour leurs couleurs. « J’ai honte de mon club. Il n’y a aucune grinta, pas de tactique » nous dit Christophe, pourtant supporter depuis son enfance.

Cette « Grinta », chère à Ricardo Sà Pinto, qui leur permettra de décrocher une huitième Coupe de Belgique en 2018. Le dernier trophée en date pour un club qui semble se chercher depuis. Ça devient long, trop long.

A part ce coup d’éclat, l’ère Venanzi n’est guère prolifique depuis l’arrivée de l’homme d’affaire liégeois en 2015 à la Présidence du club. Le supporter Venanzi semble avoir sous-estimé l’ampleur de la tâche que représente la prise en main d’une entité telle que le Standard.

Par ailleurs, la nébuleuse entourant certaines décisions prise par la Direction liégeoise ne fait que renforcer la méfiance et l’incompréhension des supporters envers celle-ci.

Renouer le dialogue

Peut-être est-il temps de reconnaître l’échec, ou tout du moins l’impasse, et de passer la main, comme l’avait fait en son temps Roland Duchatelet. La piste d’un investisseur étranger a récemment été évoquée mais pourquoi ne pas remettre sur la table le projet de « Socios » qui fut abandonné en 2018. Impliquer les supporters dans les décisions importantes permettrait sans aucun doute d’apaiser les tensions et favoriserait la compréhension de certaines orientations parfois mal interprétées.

Comment expliquer, par exemple, qu’en plein tourmente, un talent prometteur comme Hugo Siquet puisse quitter le navire pour rejoindre le SC Freiburg dès janvier. Un transfert en fin de saison aurait semblé plus logique, plus cohérent, sportivement en tout cas. Pourquoi une telle précipitation ? Le jeune prodige préfère peut-être l’air frais de la Forêt Noire à celui de Sclessin, mais la réponse se trouve sûrement plutôt du côté financier. Ce n’est plus un secret, le manque d’argent reste un problème majeur pour la Matricule 16 et l’empêche de retrouver son aura d’antan.  « Il faut absolument retrouver un scouting digne ce nom » souhaite Christophe. Quelle que soit la réponse, renouer le dialogue avec les supporters semble primordial sous peine de revivre à nouveau des événements déplorables tels que ceux qui ont émaillé la dernière rencontre.

Si nous comprenons très bien qu’il existe un mécontentement de nos supporters par rapport à la situation sportive actuelle, nous ne pouvons tolérer qu’une minorité dépasse largement les bornes.

Pour ces incidents, le Standard risque jusqu’à 50.000 euros d’amendes et une rencontre à huis clos, ce qui ne va pas arranger les affaires… Les dirigeants du club ont déploré et condamné fermement les incidents qui ont lieu à Sclessin dimanche 5 décembre. « Si nous comprenons très bien qu’il existe un mécontentement de nos supporters par rapport à la situation sportive actuelle, nous ne pouvons tolérer qu’une minorité dépasse largement les bornes et commette des actes illégaux dans l’enceinte ou autour de notre stade comme cela est arrivé hier soir, mettant ainsi en danger l’intégrité physique d’autres personnes  », écrivent les dirigeants du club dans un communiqué. Ils ont donc pris trois mesures: fermeture du 1er étage de la tribune 3 (D3, E3, F3) et du 1er étage de la tribune 4 (E4) à partir du prochain match à domicile et jusqu’à nouvel ordre,  arrêt de la vente de tickets pour nos matches à domicile, interdiction de ventes de tickets aux groupes d’animations pour nos matches en déplacement jusqu’à nouvel ordre.

Frédéric VOLON


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