Diffuse et polymorphe, la sphère des opposants à la vaccination participe au clivage de notre société. Une étude européenne récente réalisée par le département des sciences comportementales et cognitives de l’Université du Luxembourg (Uni) lève une partie du voile sur ce fragment de la population qui donne de plus en plus de la voix. Pour l’historien Laurent-Henri Vignaud, il reste toutefois difficile de dresser un portrait-robot de l’antivax. Il en existe plusieurs types, de modérés à radicaux, et plusieurs degrés d’implication dans ces différents courants d’opinion. Une chose est néanmoins certaine : même si les réseaux sociaux sont une caisse de résonnance amplificatrice, le Covid-19 n’a rien inventé. Retour sur les origines d’un mouvement qui s’attaque au corps social et le fracture.
16,3% des personnes gagnant le moins se disent opposées à la vaccination, contre 9,4% des personnes plus aisées
Extrêmement actifs sur les médias sociaux et les messageries sécurisées, les opposants aux vaccins multiplient les actions ces dernières semaines. A en croire les quelques 4.000 réponses obtenues par les chercheur Anthony Lepintur et Claus Vögele dans le cadre de leur étude sociologique Portray the identikit of those who are reluctant to the Covid-19 vaccination, toutes les catégories socio-professionnelles comptent des antivaccins. Les femmes sont néanmoins plus inquiètes que les hommes face aux risques d’effets secondaires.
Selon l’étude menée par l’Uni, 15% des femmes affirment hésiter face à la vaccination anti-covid, contre 11% pour les hommes. Les questionnements sur la vaccination se trouvent principalement chez les personnes les plus jeunes.
Les données recueillies démontrent aussi que 16,3% des personnes gagnant le moins se disent opposées à la vaccination, contre 9,4% des personnes plus aisées. Les personnes au chômage sont 21,1% à émettre des doutes sur la vaccination, loin devant celles ayant un emploi (15,4%) et les retraités (7%). Ces personnes hésitantes se trouvent dans un ménage avec enfant(s). Elles sont 15,8% à douter contre 12,3% pour celles sans enfant.
Les opposants à la vaccination votent plutôt à droite de l’échiquier politique. Les personnes qui se retrouvent dans les valeurs conservatrices sont 16,3% à affirmer leur défiance, contre 10,1% pour les électeurs de gauche. Enfin, les personnes remettant en cause les responsables politiques sont 17,6% à être méfiantes face aux vaccins, contre 7,4% pour les autres.
En résumé, un antivax serait donc une jeune femme disposant d’un faible revenu ou sans emploi, avec un ou plusieurs enfants, se retrouvant dans des valeurs conservatrices et ne faisant pas confiance au gouvernement. Ce profil avait déjà été dessiné en novembre 2020 dans une enquête « Fractures françaises » réalisée par la Fondation Jean Jaurès. Le résultat ?: l’anti-vax type est plutôt une femme entre 25 et 34 ans, proche des partis politiques extrémistes et défiante envers les institutions politiques et scientifiques.
Mais les réfractaires à la vaccination n’ont attendu ni les réseaux sociaux, ni la Covid-19 pour émerger. « Le doute et l’incompréhension suscitent la peur et alimentent les fantasmes. Dès qu’il y a eu vaccin, il y a eu antivaccin », synthétise l’historien spécialiste des mouvements « antivax », Laurent-Henri Vignaud, dans son ouvrage « Anti-vax : la résistance aux vaccins du XVIIIème siècle à nos jours ».
« En général, dans le vaccino-scepticisme ordinaire, on trouve une minimisation du danger épidémique et une maximisation du risque vaccinal. C’est le point de basculement dans l’antivaccinisme qui peut être plus ou moins radical. Avant la Covid-19, il y a eu la controverse sur le vaccin de l’hépatite B et puis celle sur le vaccin H1N1 à la fin des années 2000. Et l’amélioration des connaissances scientifiques et des techniques de vaccination depuis Louis Pasteur ne font pas disparaître les antivax ».
Laurent-Henri Vignaud distingue ainsi quatre grands fondements idéologiques aux mouvements « anti-vax ». En tête, vient d’abord l’argument « naturaliste ». « Laissez-faire la nature qui sait très bien ce qu’elle fait », c’est le mot d’ordre de ces antivax. Il y a ensuite, ce qu’il appelle « l’antivaccinisme religieux ».
L’explication religieuse invoque plutôt le destin et la volonté de Dieu pour justifier les maladies. L’historien pointe également une troisième catégorie qui s’appuie sur l’argument « alterscientifique ». Ni les découvertes scientifiques – qui valident la théorie microbienne – ni l’éradication de la variole ne suffisent à convaincre ces défenseurs d’une autre science. L’argument « politique » et le « Big Pharma » est l’argument le plus contemporain. Les vaccins ne sont pas qu’une affaire de médecine, mais aussi de politique et d’économie.
« Ces quatre ingrédients de base du cocktail de l’antivaccinisme sont invariants. En revanche, chaque époque possède son propre dosage, avec ses obsessions et ses chevaux de bataille. Aujourd’hui, le rejet total de la vaccination ne concerne qu’une toute petite minorité d’antivax. En revanche, l’antivaccinisme lié au Covid-19 insiste sur la fabrication du vaccin : qui fabrique ? pourquoi ? et qui profite ? », précise Laurent-Henri Vignaud.
Avec cette lecture, tous les opposants se retrouvent majoritairement derrière plusieurs inquiétudes partagées, à savoir : une élaboration « trop rapide » des vaccins, la présence « d’effets secondaires » et « des éléments cachés » de la part des autorités.
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