JUSTICE

Zemmour et dérapages verbaux : Le candidat à la présidentielle face à ses juges en janvier

bePress Photo Agency / Philippe

FRANCE. Depuis treize ans, Éric Zemmour a accumulé une dizaine de dossiers judiciaires contre lui. Certains se sont soldés par des condamnations définitives, d’autres sont toujours en cours. Le calendrier judiciaire pour 2022 est connu. Le candidat à l’élection présidentielle sera fixé sur son sort le 17 janvier prochain, date à laquelle tombera le verdict de son jugement pour provocation à la haine raciale après des propos tenus sur les migrants mineurs isolés en septembre 2020 sur la chaîne CNews. Son procès en appel pour contestation de crime contre l’humanité après avoir soutenu que le maréchal Pétain avait « sauvé » les Juifs français est quant à lui prévu le 20 janvier.

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20211205, FRANCE : Le Français candidat à la présidentielle de 2022, Eric Zemmour, prononce un discours lors de sa première réunion politique au parc des expositions de Villepinte, en Seine-Saint-Denis, près de Paris, en France, le dimanche 5 décembre 2021. – French 2022 presidential candidate Eric Zemmour delivers a speech at his first political meeting at the Villepinte Exhibition Center in Seine-Saint-Denis, near Paris, France, on Sunday, December 5, 2021. Photo Philippe BOURGUET / bePress Photo Agency/bppa

Des mineurs non accompagnés ciblés

Déjà condamné à deux reprises pour des faits de nature similaire, le 17 novembre dernier, Éric Zemmour, qui n’était pas présent à l’audience, était jugé par le tribunal de Paris, pour ses propos tenus à l’égard de mineurs migrants isolés. A l’automne 2020, il les avait qualifiés de « voleurs, d’assassins et de violeurs qui n’ont rien à faire ici » sur Cnews. Il est poursuivi pour complicité de provocation à la haine raciale. Pour Maître Patrick Klugman, l’avocat de l’association SOS Racisme et les 37 parties civiles – une vingtaine de conseils départementaux qui prennent en charge les mineurs isolés – les propos d’Eric Zemmour sont intolérables. Selon l’avocat du candidat à la présidentielle, Maître Olivier Pardo, l’action est sans fondement et purement politique. Le parquet de Paris a requis 10.000,00 euros d’amende. Le verdict est attendu le 17 janvier.

 Contestation de crime contre l’humanité

Le 21 octobre 2019, toujours sur CNews, le candidat à l’élection présidentielle avait déclaré, face à Bernard-Henri Lévy, que le maréchal Pétain avait « sauvé » les Juifs français. Il est poursuivi pour contestation de  crime contre l’humanité. Mais, le 4 février 2021, il est relaxé par la 17ème chambre du tribunal de Paris qui estime que « les propos ont été prononcés à brûle-pourpoint lors d’un débat sur la guerre en Syrie, tout en reconnaissant toutefois qu’ils contiennent la négation de la participation [de Pétain] à la politique d’extermination des juifs menée par le régime nazi ».

La Licra fait appel

« Nous sommes extrêmement déçus par la décision du tribunal, nous considérons que le droit n’a pas été dit », estime l’Union des étudiants juifs de France (UEJF). La Licra, qui a décidé d’interjeter appel de cette décision, dénonce quant à elle un jugement « qui reconnaît le caractère négationniste des propos et qui se fonde sur le contexte, alors qu’il avait confirmé, voire aggravé, ses propos durant son audience ». A la barre Éric Zemmour a en effet affirmé : « je tiens à répéter ce que j’ai dit, les chiffres parlent d’eux-mêmes ».
Ce nouveau procès s’ouvre le 20 janvier prochain.

Relaxé dans plusieurs affaires

Tous les procès intentés à l’encontre d’Eric Zemmour n’ont pas débouché sur une condamnation. L’homme a évité les sanctions dans plusieurs affaires. Dès 2008, il est poursuivi pour « diffamation » par l’ancien président du Conseil représentatif des associations noires (Cran), Patrick Lozès, avant d’être relaxé en juillet 2012. La décision est confirmée en appel en juin 2013. Par la suite, en 2014, c’est dans le quotidien italien Corriere della Sera qu’il déclare que les musulmans « ont leur Code civil, c’est le Coran », et qu’ « ils vivent entre eux, dans les banlieues dont les Français ont été obligés de s’en aller ». Il est condamné en première instance en 2015 pour « provocation à la haine » envers les musulmans, avant d’être finalement relaxé en novembre 2018 par la cour d’appel de Paris.

En septembre 2015, Éric Zemmour est également relaxé des poursuites pour « incitation à la haine raciale » après ses propos tenus en 2014 sur des « bandes d’étrangers qui dévalisent, violentent ou dépouillent », sur RTL. En juin 2016, la cour d’appel de Paris confirme la relaxe. Enfin, en mai 2016, toujours sur RTL, Éric Zemmour accuse Cécile Duflot d’être à l’origine des révélations de Mediapart sur l’affaire Denis Baupin. Il évoque une « vengeance politicienne » de la part de l’ancienne ministre. Poursuivi pour « diffamation », il est finalement relaxé en février 2018, relève France Inter.