Tuerie d’Utoya : Anders Breivik, le mentor de l’ultra-droite en Europe, demande sa libération
Le 22 juillet 2011, le norvégien Anders Behring Breivik, alors âgé de 32 ans, abat de sang-froid 77 personnes. Il fera d’abord 8 victimes dans un attentat à la voiture piégée, à Oslo. Il tuera ensuite 69 militants, à bout portant, sur l’île d’Utøya où se tenait un rassemblement des jeunes travaillistes. Il laissera également derrière lui 151 blessés. Condamné à 21 ans de prison pour ces faits et ayant exécuté plus de la moitié de sa peine, le tueur de masse envisage une libération conditionnelle. Elle sera examinée le 18 janvier prochain. D’aucuns craignent toutefois à sa sortie éventuelle de nouveaux actes terroriste en Europe.
Anders Behring Breivik est le meurtrier qui a fait, seul, le plus de victimes depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Depuis qu’il a ouvert le feu sur le camp d’été de la section des jeunes du Parti travailliste et sa condamnation en 2012, les Norvégiens estiment que le pays n’a toujours pas fait le procès de l’idéologie d’extrême-droite. Pire, le terroriste norvégien est devenu, au fil des ans, une référence idéologique pour une frange violente et radicalisée de l’extrême-droite européenne.
Le fantasme du « grand remplacement »
Anders B. Breivik a fait éclater à la face du monde que le terrorisme islamiste n’était pas le seul ennemi. Même s’il affirme avoir agi seul, il est la figure de proue d’un mouvement plus vaste : un terrorisme guidé par une idéologie anti-immigration qui alimente l’idée selon laquelle la civilisation européenne est en train de s’effondrer à cause du multiculturalisme.
Si l’influence de Breivik reste surtout confinée aux milieux dits « identitaires », suprémacistes blancs et néonazis, ses thèses sont entrées en résonance avec l’évolution de l’extrême-droite européenne. Ces groupes extrémistes, qui citent régulièrement en exemple Anders B. Breivik dans leurs écrits, vouent une haine aux juifs et aux musulmans. Ils agissent nom de la protection de la « race blanche ». C’est le fantasme du « grand remplacement ».
Selon le droit norvégien, Breivik est admissible à une libération conditionnelle. Sa première demande de libération a été rejetée par le parquet à l’été 2021 dernier. L’homme se trouve incarcéré à la prison de Skien. C’est donc le tribunal du comté de Telemark qui va devoir se pencher sur sa nouvelle demande durant quatre jours d’audience qui débuteront le 18 janvier.
Admissible à une libération, mais dangereux
Les experts psychiatres mettent toutefois en garde : Anders B. Breivik est toujours le mentor de l’ultra-droite en Europe. Randi Rosenqvist, psychiatre chargée du suivi des détenu à Skien, a réalisé plusieurs évaluations de son risque potentiel. Elle entend expliquer au tribunal sa non-évolution psychologique. Lors de son procès, le tueur de masse avait plaidé non coupable.
Depuis qu’il se trouve derrière les barreaux, il aurait réaffirmé à plusieurs reprises sa volonté de poursuivre le combat. Il considère que la violence est un mal nécessaire pour atteindre ses objectifs politiques. Il a commis ces attaques en état de légitime défense pour mettre fin au déclin de la culture norvégienne. Sa démarche est intellectuelle et contre l’Etat.
La procureure Hulda Karlsdottir se bat également pour que Breivik reste incarcéré : « Nous estimons que Breivik représente toujours un danger et qu’il est capable de commettre de nouveaux actes criminels graves », a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Pour des raisons de sécurité, les audiences se dérouleront au sein-même de la prison et non au palais de justice. Elles seront cependant filmées par l’agence de presse NTB et le matériel sera mis à la disposition des médias norvégiens. Si la demande de Anders B. Breivik est rejetée, il pourra la réintroduire à intervalles réguliers. De même, à la fin de sa peine, la justice pourra éventuellement décider d’une prolongation de sa peine pour 5 ans et un nombre illimité de fois. Breivik risque donc de finir sa vie plus que probablement en prison.