Pollution chimique et survie de l’Humanité: le seuil de sécurité est dépassé
Pesticides, plastiques, médicaments, tissus de synthèse, pas moins de 350.000 produits chimiques différents sont fabriqués dans le monde. L’équilibre naturel qui existe sur terre depuis 10.000 ans est désormais menacé. La pollution chimique, notamment plastique, a franchi un niveau limite de sécurité qui est de très mauvais augure pour l’Homme. Telles sont les conclusions d’une étude menée par des chercheurs suédois du Stockholm Resilience Centre et de l’université de Göteborg, publiée dans la revue Environmental Science and Technology.
Le cocktail de pollution chimique qui envahit la planète menace désormais la stabilité des écosystèmes mondiaux dont l’humanité dépend. C’est l’alerte que lancent les scientifiques. La pollution chimique a franchi une « frontière planétaire », c’est-à-dire le point à partir duquel les modifications apportées par l’homme à la nature la fond sortir d’un environnement stable « car la production et les rejets annuels augmentent à un rythme qui dépasse la capacité mondiale d’absorption », expliquent-ils (Link vers : https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acs.est.1c04158).
Il est encore temps d’agir, notamment en favorisant une économie circulaire
La pollution plastique (produits chimiques polymères et non polymères) est l’aspect le plus préoccupant. « Elle est susceptible de causer de graves problèmes de santé humaine et d’écosystème à différentes échelles, mais aussi d’altérer les processus vitaux du système terrestre dont dépend la vie humaine ». L’étude pointe également l’utilisation généralisée des pesticides, les composés industriels et une surconsommation d’antibiotiques. Cette pollution est désormais présente dans l’eau du robinet, ainsi que dans l’eau en bouteille et à l’intérieur des êtres vivants, en ce compris nous.
Un seuil critique franchi
Les chercheurs ont utilisé des variables de contrôle, telles que la concentration en CO2, le taux de fixation de l’azote et la saturation en sable d’aragonite de l’eau de mer (NDLR : le sable d’aragonite est un type de sable de mer, issu de l’érosion du corail).
Ils ont également analysé le comportement du système terrestre , soit la température de la Terre, la limitation en nutriments et les puits de carbone océaniques. Leurs conclusions sont sans appel : « si les effets néfastes de la pollution chimique ne sont pas une nouveauté, le rythme auquel les sociétés produisent et libèrent de nouveaux produits chimiques dans l’environnement ne permet pas de rester dans un espace de fonctionnement sûr pour l’humanité. La masse totale de plastiques est désormais supérieure à celle de la totalité des mammifères vivants. Une ligne a été franchie ».
Copyright : Outside the Safe Operating Space of the Planetary Boundary for Novel Entities – Tendances mondiales actuelles à la hausse de la production de l’industrie chimique, exprimées sous la forme d’une croissance relative entre 2000 et 2017 et en fonction des données disponibles
Une menace irréversible?
La production de produits chimiques a été multipliée par cinquante depuis 1950 et elle devrait encore tripler d’ici à 2060, ce qui n’augure rien de bon pour la survie des écosystèmes et de l’homme. Qu’il s’agisse des pesticides organochlorés toxiques comme le DDT, de l’amiante cancérigène dans l’isolation des bâtiments, des chlorofluorocarbures (CFC) destructeurs d’ozone présents dans les aérosols, du plomb dans l’essence ou de la peinture radioactive à base de radium dans les montres lumineuses, dès que nous découvrons un nouveau produit chimique, le compte-à-rebours est lancé.
La menace est-elle irréversible ? Selon les chercheurs, il est encore temps d’agir, notamment en favorisant une économie circulaire. Ils invitent également à imposer des régulations plus strictes en matière de pollution chimique sur le même modèle que celles permettant de lutter contre les gaz à effet de serre et les émissions de dioxyde de carbone.