Société

Les enjeux de la grève de l’enseignement de ce jeudi 10 février


Le monde de l’enseignement partira en grève et manifestera devant le siège du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ce jeudi matin. L’appel a été lancé par un front commun des principales organisations syndicales. Les raisons ? La pénurie de nouveaux enseignants, des accords sectoriels jugés insatisfaisants et des conditions de travail dégradées ont enflammé un secteur professionnel qui n’avait plus connu de grandes grèves depuis 2011.

L’enseignement partira en grève ce jeudi. L’appel à la grève a été lancé par les principaux syndicats du secteur : CGSP-Enseignement, Setca-SEL, CGSP- AMIO, CSC-Enseignement, CSC Services Publics, CSC Alimentation et Services, CNE, APPEL et SLFP. Certains enseignants arrêteront de travailler jeudi et une manifestation aura lieu sur la place Surlet de Chokier à Bruxelles, devant le bâtiment de la Fédération Wallonie- Bruxelles à 11 h.

Une proposition d’accords sectoriels qualifiés de « mous »

Il est question d’un ras-le-bol général à l’origine de l’action de ce jeudi. Il est notamment lié à l’échec des accords sectoriels bisannuels.

En vertu du décret du 19 mai 2004, des négociations au sein du secteur de l’enseignement en fédération Wallonie-Bruxelles doivent avoir lieu tous les deux ans. Elles rassemblent trois grands acteurs : les autorités publiques de la Fédération-Wallonie-Bruxelles , les organisations syndicales de tous les réseaux d’enseignement et les pouvoirs organisateurs de l’enseignement subventionné libre et officiel.

L’accord, qui couvre l’ensemble des niveaux et métiers de l’enseignement, aurait dû être conclu en 2021 pour les années 2021 et 2022. Finalement, après 9 mois d’intenses négociations, le gouvernement communautaire propose un accord progressif étalé sur 4 ans (2021 à 2024). Les syndicats parlent d’échec. Ils estiment que la proposition des autorités est une rupture dans le cycle de négociations et une infraction à la législation.

Des conditions de travail dégradées par la crise sanitaire :

Dans leur communiqué, ils estiment que le milieu de l’enseignement s’est sacrifié pour permettre au monde économique de tourner. « Depuis deux ans, l’enseignement est dit essentiel, qu’on nous le prouve ! », c’est avec ce slogan que le front commun veut se faire entendre.

Ils dénoncent, tout d’abord, une pénurie d’enseignants qui ne serait plus « à démontrer ». Une étude récente publiée par des chercheurs de l’UMons révèle que sur trois enseignants qui sortent de formation, seulement deux dépassent ensuite les 5 ans d’ancienneté. Dans la profession, pas moins de 34 % des enseignants ont pensé à quitter le métier sur l’année 2020-2021.

Depuis deux ans, l’enseignement est dit essentiel, qu’on nous le prouve !

L’image négative du métier fait partie des inquiétudes du personnel enseignant. Une carte blanche publiée dans « le Vif » mardi affirmait que « progressivement, l’idée que les enseignants sont des privilégiés, des planqués avec un horaire de 20 heures par semaine et trois mois de congés s’est implantée comme un fait incontestable. »

Les conditions de travail se seraient aggravées suite à la crise du Covid : les enseignants se sont vu imposer un enseignement à distance forcé et chaotique. Certaines mesures sanitaires mal comprises ont ajouté une surcharge de travail. La crise sanitaire a fait irruption dans un contexte particulier. L’application du Pacte pour un Enseignement d’Excellence, projet de reconstruction du secteur lancé en 2015, se poursuit. La réforme des rythmes scolaires est d’ailleurs prévue à la rentrée prochaine. Les unions professionnelles en questionnent la pertinence et se demandent si la réforme ne va pas être synonyme de charge administrative supplémentaire.

La dernière grande grève dans l’enseignement avait eu lieu en 2011. Onze ans que la marmite est sur le feu…

Maxime Klassen (st)


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