SOCIETE

Nous serons près de 13 millions d’habitants en Belgique en 2070


Si la crise sanitaire a affecté la croissance démographique du pays en 2020, les confinements successifs ne devraient pas avoir de conséquences sur les tendances en matière de fécondité, mortalité et migration, et par conséquent sur la croissance démographique à long terme.  C’est ce qu’il ressort des nouvelles projections démographiques du Bureau fédéral du Plan.  D’ici 2070, la population de la Belgique augmentera de 1,3 million d’ici à 2070 pour atteindre 12,9 millions d’habitants à cette échéance. Cependant, la croissance annuelle, elle, ralentit. La raison ? La migration internationale. Les migrations internationales ont été peu influencées par les restrictions à la mobilité internationale depuis deux ans. Et si le premier confinement fut caractérisé par une baisse des conceptions avec peu de naissance 9 mois plus tard, celles-ci sont reparties à la hausse et se sont concrétisées avec une forte augmentation des natalités en mars-avril 2021. Quant à l’espérance de vie des Belges repart à la hausse dès 2021.

Combien serons-nous en Belgique d’ici  cinquante ans? Voilà une question qui n’intéressera pas forcément tout le monde et pourtant, il est pourtant bon de pouvoir anticiper et d’évaluer les évolutions démographiques, par ailleurs quelque peu bousculées ces deux dernières années.

La Région de Bruxelles- Capitale comptabilise en 2021, 1,2 million d’habitants passera dès lors, à 1,3 million d’habitants en 2070,

Il ressort ainsi d’une récente projection comparative réalisée par le Bureau du Plan pour Statbel que, si on compre les trois dernières décennies que le nombre moyen d’habitants supplémentaires par an est réduit de moitié : si entre 1992 et 2020, a grimpé de 52 000 habitants par an, l’augmentation s’établit à 27 000 habitants entre 2021 et 2070.

Le premier confinement a modifié le timing des conceptions à très court terme

La fécondité est influencée à court terme par des événements tels que des crises économiques ou sanitaires. La COVID-19 ne fait pas exception.  Le premier confinement a modifié le timing des conceptions à très court terme;  à long terme, la fécondité repart à la hausse, mais de manière limitée.

La statistique mensuelle des naissances indique une baisse significative du nombre de naissances sur la période de décembre 2020 à février 2021, soit une réduction des conceptions durant le 1er confinement de mars-avril 2020.
Par contre, les mois de mars-avril 2021 sont caractérisés par une reprise des naissances, qui pourrait s’expliquer par une légère euphorie dans les semaines qui ont suivi le 1er confinement.
La période d’avril à octobre 2021 retrouve les niveaux observés avant 2020. Remarquons que la moyenne de 2011 à 2019 est supérieure aux niveaux des années 2020 et 2021, suite à la tendance à la baisse observée depuis 2010 du nombre moyen d’enfants par femme.

De l’intérêt de la migration internationale

Il ressort également que la migration internationale reste le principal vecteur de la croissance démographique d’ici à 2070. Les naissances de leur côté excèdent les décès jusqu’en 2040 ce qui dynamise encore la croissance. Cependant, au-delà, la courbe s’inverse.

« La migration internationale a été le moteur principal de la croissance démographique au cours des 20 dernières années et le sera encore à l’avenir, commente Marie Vandresse, experte démographe au Bureau du Plan. À long terme, les flux migratoires restent à des niveaux élevés, sans toutefois augmenter. En effet, les flux en provenance des pays hors de l’Union européenne progresseront mais seront compensés par une baisse des arrivées en provenance des nouveaux Etats-membres de l’Union européenne, en particulier la Roumanie, la Pologne et la Bulgarie.”

Une croissance particulièrement faible en région bruxelloise

Alors que le nombre d’habitants dans la Région de Bruxelles-Capitale a augmenté en moyenne de 9 000 habitants par an sur la période 1992- 2020, cette augmentation est de 2 000 habitants par an sur la période 2021-2070. En 2070, la Région de Bruxelles-Capitale comptera 100 000 habitants supplémentaires (+7%). Wallonie et Flandre connaîtront une hausse de respectivement 200 000 (+6%) et 1 000 000 d’habitants (+15%).  Dans les années à venir, la contribution à la croissance de la population des naissances ainsi que de la migration internationale sera quasiment compensée par les départs de Bruxelles vers les deux autres régions du pays. La Région de Bruxelles – Capitale qui comptabilisait, en 2021, 1,2 million d’habitants passera dès lors, à 1,3 million d’habitants en 2070, soit une augmentation de près de 100 000 personnes.

La croissance démographique de la Région wallonne est freinée par l’évolution du solde naturel, ce dernier étant négatif sur l’ensemble de la période de projection et en particulier à partir de 2030. L’augmentation moyenne est de 4 000 habitants par an sur la période 2021- 2070 alors qu’elle était de 13 000 habitants par an sur la période 1992-2020. En 2070, la population atteint 3,85 millions d’habitants par rapport à 3,65 millions en 2021, soit une augmentation de 200 mille habitants.

En projection, la Région flamande présente une croissance annuelle de sa population (+ 21 000 par an) certes plus faible que celle observée depuis 1992 (+ 30 000 par an) mais soutenue par les soldes migratoires international et surtout interne. En fin de période de projection (2070), la Région flamande compte 7,7 millions d’habitants contre 6,7 millions en 2021, soit une augmentation d’1 million d’habitants.

. La croissance de la population en Région flamande et en Région wallonne est freinée par l’augmentation des décès qui deviennent plus importants que le nombre de naissances. La population de la Région wallonne augmentera en moyenne de 4 000 habitants par an (contre 13 000 depuis 1992), celle de la Région flamande de 21 000 (contre 30 000 depuis 1992).

Les Belges toujours plus vieux

L’espérance de vie atteint 90 ans pour les femmes et 88 ans pour les hommes en 2070, contre 84 et 80 ans aujourd’hui. Le vieillissement de la population entraîne une augmentation du nombre de personnes vivant en ménages collectifs, en particulier chez les 80 ans et plus dont l’effectif augmente dès 2030 et double à l’horizon 2070.

Impact de la crise sanitaire

De manière générale, la crise sanitaire n’affecterait pas la croissance de la population à long terme. Contrairement à ce qui avait été prévu dans l’exercice de projection précédent, les flux migratoires internationaux en 2020 ont été peu impactés par les restrictions visant à limiter la mobilité internationale. De plus, l’espérance de vie repart à la hausse dès 2021. La crise sanitaire n’aurait pas non plus un impact marqué sur la fécondité, selon le rapport du Bureau du Plan.