IA : la Chine développe des utérus humains artificiels
C’est Matrix in real life. Pour faire face à la chute du taux de natalité dans le pays, conséquence de la sévère politique de l’enfant unique abolie depuis, des chercheurs chinois mettent au point une technique pour faire croître des fœtus humains dans un utérus surveillé par une intelligence artificielle. Leurs travaux relatifs à cette « nounou robotique », publiés dans la revue Journal of Biomedical Engineering , font couler beaucoup d’encre. Actuellement testé sur des embryons d’animaux, ce nouveau pas vers une société transhumaniste pose des questions éthiques.
Ces scientifiques qui travaillent sur la culture d’embryons in vitro, évoquent leurs recherches dans la revue Journal of Biomedical Engineering (Link vers : https://europepmc.org/article/med/34970897). « L’utérus artificiel, appelé aussi matrice artificielle, est un dispositif géré par un appareil de culture d’embryon à long terme qui permet de cultiver les embryons dans une rangée de cubes. Le système de surveillance en ligne de la culture d’embryons in vitro étudié peut suivre et enregistrer les caractéristiques morphologiques des embryons sans affecter le développement de ceux-ci », peut-on lire dans l’article.

Copyright : Suzhou Institute of Biomedical Engineering and Technology Chinese Academy of Sciences
Le système incubateur développé par des chercheurs de la province de Suzhou, apparaît comme une véritable « nounou robotique ». L’intelligence artificielle est capable d’identifier et de répondre aux besoins de plusieurs embryons. Ces derniers sont alimentés par plusieurs flux : des flux nutritifs à base d’éléments nécessaires à la vie et un flux de dioxyde de carbone (CO2). Ce système permet de monitorer les embryons avec une grande précision, le tout 24 heures sur 24.
Des variables environnementales peuvent également être adaptées en fonction des analyses de l’algorithme développé. L’IA peut en effet classer les embryons selon leur état de santé, leur potentiel pour leur développement futur ou de relever les anomalies. Si nécessaire, elle peut aussi alerter un technicien. L’expérience des chercheurs a pour le moment été menée à terme avec des souris.
Contrer la baisse de la natalité en Chine
Face à la chute des naissances en Chine, cette avancée technologique est décrite comme une révolution dans un article du South China Morning Post (Link vers : https://www.scmp.com/news/china/science/article/3165325/chinese-scientists-create-ai-nanny-look-after-babies-artificial). Le pays a mis fin à la politique de l’enfant unique en 2015 et autorise désormais les couples à avoir trois enfants depuis 2021. Mais cela ne semble pas suffisant pour contrer la baisse historique du taux de natalité : 7,52 naissances pour 1000 personnes en 2021. Un phénomène qui accentue le problème du vieillissement de la population.
La Chine a connu ces dix dernières années sa plus faible croissance démographique depuis des décennies. Le pays le plus peuplé du monde (1.402 milliard d’habitants en 2020) pourrait se voir déposséder plus rapidement que prévu de sa première place dans ce domaine par l’Inde (1.38 milliard en 2020), selon les estimations des Nations unies.
Des questions d’ordre éthiques
Selon les chercheurs, ce dispositif pourrait également réduire la mortalité des grands prématurés, mais aussi permettre aux femmes qui ont des risques à la grossesse et l’accouchement d’avoir un enfant malgré tout. Mais les dérives inquiètent. Quid du lien avec la mère ? Quel impact sur le développement émotionnel de l’enfant ? Sans parler d’eugénisme et des risques induits par le fait de sélectionner les meilleurs embryons pour « faire société ».
Les chercheurs chinois souhaitent à présent réaliser des expérimentations sur des fœtus humains, mais les lois éthiques actuellement en vigueur dans le monde scientifique ne permettent pas de poursuivre des recherches au-delà de 14 jours de développement. Par ailleurs, la gestation pour autrui (GPA) demeurant interdite en Chine, cet utérus artificiel serait alors considéré comme un système similaire à une mère porteuse. « Je ne pense pas qu’un hôpital veuille actuellement assumer la responsabilité de participer à quelque chose d’illégal », explique dans l’article scientifique, Sun Haixuan, directeur de la recherche à la Chinese Academy of Sciences.
