Endométriose : la société Ziwig met fin à l’errance du diagnostic avec l’Endotest

Journaliste / Secrétaire de rédaction
La société française Ziwig entend mettre fin à l’errance du diagnostic pour les toutes les femmes souffrant d’endométriose à travers la mise au point du premier test salivaire au monde, l’Endotest. Selon une étude publiée fin janvier dans le Journal of Clinical Medicine et rendu publique par Ziwig, ce kit de prélèvement permet de diagnostiquer, de façon non invasive, l’endométriose en dix jours à peine. Une véritable révolution qui pourrait changer la vie de nombreuses femmes. La société lyonnaise Ziwig qui a mis au point l’Endotest ouvre à sa mise sur le marché pharmaceutique français et belge aussi. Objectif: rendre l’Endotest disponible pour toutes les femmes sur simple prescription d’un professionnel de la santé. Des pourparlers sont d’ores et déjà prévus avec toutes les autorités belges et régionales en matière de santé publique. En attendant un éventuel remboursement et le feu vert de la Haute autorité française de la santé, l’Endotest a obtenu le label européen CE « On est prêt sur le plan logistique à produire », précise le vice-président de Ziwig, Gilles Doumer .

C’est à la société lyonnaise Ziwig, spécialisée dans l’intelligence artificielle et le séquençage à haut débit des ARN humains, que l’on doit la mise au point un test salivaire, l’Endotest, qui pourrait changer la vie de nombreuses femmes souffrant d’endométriose.
« Par ailleurs, nous avons appris que les tests sanguins parvenaient au même résultats ce qui nous conforte dans nos recherches », explique Gilles Doumer, vice-président de Ziwig. « Néanmoins, la salive est plus stable, c’est pourquoi c’est sur les tests salivaires que l’on mise pour faire avancer les diagnostics de l’endométriose », poursuit-il en précisant que Ziwig n’est associé à aucun labo.
« De nombreux médecins et hôpitaux publics ont participé à cette études, mais nous restons indépendants et ne dépendons d’aucun labo, ça compte pour nous», ajoute-t-il.
Quand la médecine s’allie à l’IA
L’Endotest est né d’un partenariat public-privé mis au point par Ziwig, qui regroupe des médecins experts de la pathologie, mais aussi des mathématiciens et des ingénieurs afin de mettre au point une technologie d’ores et déjà considérée comme révolutionnaire. Le test a été évalué via des essais cliniques sur 200 femmes dans six hôpitaux publics français. Le résultat a été estimé comme fiable à presque 100 %. Les conclusions de l’étude clinique ont été publiées le 26 janvier dernier dans le Journal of Clinical Medicine.
« Ce test permettra d’identifier 96 % des patientes atteintes d’endométriose, quelle que soit sa gravité », estime encore François Golfier, chef de service en gynécologie au CHU de Lyon et président de la commission endométriose du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF).
Simple comme bonjour et fiable
Le fonctionnement de ce kit, baptisé Endotest, est plutôt simple : il s’agit d’un tube en plastique, à l’intérieur duquel il faut cracher. Une fois le flacon refermé, il faut envoyer le test par la Poste au laboratoire, qui établit un séquençage de l’ADN de la patiente pour détecter ou non la présence de la maladie chez la patiente.
« Le prélèvement fait alors l’objet d’un séquençage à haut débit afin de déceler ou non 109 micros ARNs qui seraient impliqués dans la physiopathologie de l’endométriose. L’analyse des données très volumineuses générées par le séquençage nécessite le recours à des algorithmes puissants qui reposent sur l’Intelligence artificielle. Une dizaine de jours suffisent pour donner des résultats avec une sensibilité de 97 % et une spécificité de 100 % », commente et précise Gilles Doumer. « Avec le temps gagné grâce à ce test-diagnostic, grâce à un simple échantillon, les femmes pourront être mieux aiguillées vers un traitement adéquat plus rapidement également, c’est vrai que c’est une petite révolution et ça, grâce au travail commun des médecins, des hôpitaux, des experts en intelligence artificielle et des mathématiciens et ingénieurs, une équipe pluridisciplinaire d’un genre nouveau ».
Non pas une mais des endométrioses
Une femme sur dix est concernée par l’endométriose. Soit 180 millions de cas comptabilisés dans le monde. L’endométriose est une maladie gynécologique chronique, qui affecte des femmes en âge de procréer. Elle se caractérise par la présence de tissu semblable à la muqueuse utérine en dehors de l’utérus. La maladie peut provoquer de fortes douleurs, et être responsable d’infertilité. Elle en est même la première cause. Elle se manifeste généralement par des douleurs pendant les règles, ou lors des rapports sexuels, et peut aussi provoquer des troubles digestifs, et une fatigue intense. Les patientes touchées se voient généralement prescrire un traitement antalgique, hormonal ou chirurgical en cas de lésions (kystes ou nodules).
Les examens permettant actuellement de diagnostiquer la maladie (échographie, IRM, cœlioscopie) peuvent être lourds. D’après l’association ENDOmind, qui œuvre depuis 2014 pour faire connaître la maladie et pour une meilleure prise en charge, il faut en moyenne sept consultations, quatre IRM, et trois échographies, en plus d’une intervention chirurgicale, pour que le diagnostic soit posé. Cela peut prendre des années, parfois 7 ou 8 ans. « La cœlioscopie est aujourd’hui considérée comme l’examen de référence pour le diagnostic mais elle reste très invasive, peut s’accompagner de complications et doit être réalisée sous anesthésie générale », explique-t-on au sein d’Eudomind qui s’est réjouie de l’arrivée du test salivaire.
Une avancée pour les femmes
Le test salivaire mis au point par cette société lyonnaise permet d’avoir une réponse sur le diagnostic en seulement une dizaine de jours. Il s’agit donc potentiellement d’un changement majeur dans la prise en charge de cette maladie gynécologique très difficile à détecter.
« La salive, c’est un fluide magnifique qui contient énormément d’informations. Ces informations sont préservées et extrêmement stables, bien plus que le sang. C’est ça que nous allons récupérer grâce à des machines de nouvelle génération qu’on appelle des séquenceurs », explique encore Gilles Doumer. « Nous devons observer 105 biomarqueurs parce que l’endométriose est une maladie complexe. Il nous faut tous ces biomarqueurs pour avoir une certitude de diagnostic. »
Une technique que Ziwig imagine d’ailleurs déjà pouvoir peut-être appliquer à d’autres maladies comme le cancer.

Le remboursement encore discuté
Malgré les impressionnants résultats de cette étude clinique, ils sont jugés insuffisants par la Haute autorité de la santé française (HAS) pour que celle-ci ne donne son feu vert immédiat à la commercialisation du test diagnostic. Si une nouvelle étude bien plus large portant sur un millier de sujets a d’ores et déjà été lancée en France (elle est en cours), ses conclusions ne sont pas attendues avant plusieurs mois; des délais auquel il faudra rajouter le temps d’analyse et de décisions des autorités sanitaires.
En attendant des résultats définitifs, l’entreprise est prête à honorer toute éventuelle commande venant de l’étranger ou en dehors du remboursement de la sécurité sociale. Même si les choses avancent aussi de ce côté-là; un premier comité interministériel à ce sujet s’est déjà tenu la semaine dernière, à Paris. En patientant un éventuel remboursement, l’Endotest a déjà a obtenu le label européen CE et peut être produit et commercialisé.
Un optimisme mitigé
Daniel Vaiman, chercheur à l’INSERM, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, ne met pas en doute les résultats de l’étude actuelle, mais pointe du doigt des limites qui rendent la mise au point d’un kit de détection efficace « improbable à court terme ». « Le test pourra-t-il détecter tous les types d’endométriose ? Est-ce que d’autres maladies chroniques pourraient donner des profils de micro-ARN similaires à ceux trouvés et fausser les résultats ? L’étude ne le précise pas».
Si cette étude établit bien une supériorité de l’Endotest sur les autres outils diagnostiques notamment l’IRM, la cœlioscopie, et l’échographie pelvienne présente des conclusions dont certains spécialistes estiment la portée limitée par la taille de la cohorte étudiée, soit 200 femmes dont 153 avec un diagnostic confirmé. Mais une nouvelle étude est en cours et elle devrait cibler un millier de femmes.
Accessible aussi en Belgique?
Le test n’est pas encore disponible à la vente mais l’entreprise y travaille. «Nous souhaitons que l’Endotest soit disponible et accessible dès que possible à toutes les femmes sur base d’un prescription médicale ou provenant d’un professionnel de la santé », ajoute Gilles Doumer. « Nous comptons bien proposer le kit de prélèvement sur le marché belge, il est prévu de prendre contact prochainement avec les différents niveaux d’autorité en Belgique », précise-t-il encore.
Pour l’heure, la société lyonnaise espère néanmoins une commercialisation rapide de son produit, dont le prix n’a pas encore été fixé. « On est prêt sur le plan logistique à produire », conclut-il.
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