Depuis plus d’un siècle, les gouvernements français décorent les dictateurs. Mais comment peut-on oser attribuer à des dictateurs la plus haute distinction française ? En 2006, Jacques Chirac remettait discrètement, à Vladimir Poutine, les insignes de Grand-Croix de la Légion d’honneur. En 2018, Emmanuel Macron (ndlr: le président étant le Grand maître de la Légion d’honneur) avait engagé la procédure de retrait de la Légion d’honneur au dirigeant syrien Bachar el-Assad suite à une attaque chimique présumée. En ce qui concerne le Syrien, c’est Jacques Chirac qui, en 2001, avait eu la coupable idée de décorer ce dictateur suite au décès de son père Hafez el-Hassad. La décision de rendre la Légion d’honneur a été finalement prise par le dictateur lui-même, accompagnée d’un communiqué du régime syrien, disant : » Il n’est point d’honneur pour le président Assad de porter une décoration attribuée par un régime esclave (…) des États-Unis qui soutient les terroristes ».
Aucun gouvernement dans le monde ne tue sa population, à moins d’être dirigé par un fou. – Bachar Al Assad
Créée par Napoléon en 1802, la Légion d’honneur est-elle maintenant une récompense d’un autre temps ? Napoléon la justifiait avec ces mots : « C’est avec des hochets qu’on mène les hommes. »
Il existe une longue tradition d’attribution de la Légion d’honneur sur proposition du ministère des Affaires étrangères, afin de renforcer les relations diplomatiques de la France. Les critères de nomination sont, pour les étrangers, de s’être signalé par des services rendus à la France.
Des personnalités décriées sur la scène internationale ont malgré tout été honorées : l’ancien président tunisien Ben Ali en 1989, mais également le président gabonais Ali Bongo en avril 2010 ou encore le prince héritier d’Arabie Saoudite, le Libyen Mouammar Kadhafi. Ce fut aussi le cas pour Manuel Noriega, l’ex-dictateur du Panama nommé commandeur de la Légion d’honneur par François Mitterrand en 1987. D’autres encore comme Mussolini, Ceausescu, Bokassa ou Mobutu ont pu arborer sans pression aucune la plus haute décoration française jusqu’à leur dernier souffle.
La Légion d’honneur est utilisée comme un outil diplomatique et tant pis pour les droits de l’homme
Jacques Chirac a remis discrètement, le 22 septembre 2006, à Vladimir Poutine, les insignes de Grand-Croix de la Légion d’honneur. Ce grade, le plus élevé dans cette distinction, est réservé aux chefs d’État des pays les plus proches de la France. Selon le porte-parole de l’Élysée, « La contribution de Vladimir Poutine à l’amitié entre la Russie et la France» motive cette remise de décoration, révélée par le président russe qui avait pris soin d’inviter des caméras pour tourner des images de la scène, ensuite largement diffusées en Russie.
« Qui proteste est un ennemi, qui s’oppose est un cadavre », disait Pol Pot
En 2010, Nicolas Sarkozy a signé, comme la loi le lui autorisait, un décret permettant de déchoir plus facilement un étranger ayant « commis des actes contraires à l’honneur. »
L’invasion de L’Ukraine par le dictateur russe va-t-elle remettre en question cette dérangeante décoration ? Poutine va-t-il la perdre ou sera-t-elle suspendue temporairement ? En tout cas la France devrait s’en mordre les doigts. Cependant, compte tenu du contexte que nous connaissons, enlever toutes les distinctions à Poutine serait peut-être imprudent. Déjà l’embargo sur les produits russes et l’interdiction faite aux entreprises européennes de commercer avec la Russie seront désastreux pour l’économie et nos sociétés. Le fait de dépouiller Poutine d’un symbole nécessaire à sa propagande pourrait-il toucher ce personnage ivre de pouvoir et d’orgueil ?
« La Légion d’honneur, ça ne se demande pas, ça ne se refuse pas et ça ne se porte pas » disait Mauriac.
La Russie apprécie avec passion les décorations et les épingle volontiers au revers de la veste de certains qui aimeraient bien pouvoir en ce moment la retourner. Les chouchous de Vladimir en 2017 sont : Jean-Pierre Chevènement, l’écrivain Marek Halter, la chanteuse Mireille Mathieu. Par contre, rien pour François Fillon, à qui le président russe voue une véritable estime, au-delà d’une vision géopolitique partagée.
Pas plus pour Gérard Depardieu qui a obtenu la nationalité russe et échangé de bons moments avec le président russe Vladimir Poutine. Depardieu a lancé un appel dans une déclaration à l’AFP ce mardi, au sixième jour de l’invasion russe de l’Ukraine : « La Russie et l’Ukraine ont toujours été des pays frères. Je suis contre cette guerre fratricide. Je dis : arrêtez les armes et négociez ! », a-t-il déclaré.
En tout cas, il faut rester logique et replacer la remise de toutes ces distinctions dans le contexte du moment où elles ont été distribuées ! Certainement que la diplomatie en était la raison première. Rien n’a été fait pour nuire, mais simplement pour assouplir les folies de ces personnages, pour protéger la population des excès du pouvoir. Retirer la Légion d’honneur ne peut qu’aiguiser les haines. C’est fait, c’est fait !
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