SOCIETE

Suicides chez les indépendants : un drame muet

©pressmaster - stock.adobe.com

Ecrasés par une montagne de charges, épuisés, parfois ruinés, chaque semaine des chefs d’entreprise découragés mettent fin à leurs jours, laissant une famille dans le deuil et des dizaines de salariés sur  le carreau. Un phénomène croissant dont on parle peu, sauf lorsque l’actualité rattrape la réalité, comme le suicide d'Alysson Jadin, coiffeuse à Liège, devenu le symbole de la détresse des indépendants lors du premier confinement, ou celui, récent, de Rudy Vanlancker, propriétaire de Chez Léon et Aux Armes de Bruxelles qui s'est donné la mort ce mercredi 2 mars dans un de ses établissements. Diverses structures se mobilisent pour mettre des formules de soutien en place afin d’aider les patrons à prendre du recul, à rester centrés et à lâcher-prise pour éviter le pire.

Une souffrance silencieuse

La plupart des chefs d’entreprise passent très souvent sous silence leurs difficultés professionnelles parce que vécues comme un insupportable échec dans la perspective d’une réussite personnelle. Le sujet reste donc encore relativement tabou. « S’ajoute à cela l’idée préconçue dans l’opinion publique que le patron est toujours le coupable de la souffrance vécue au bureau ou à l’usine, raison pour laquelle lorsqu’un salarié se donne la mort l’information est considérée comme un fait de société, alors que le suicide d’un patron est généralement considéré comme un fait divers », explique Olivier Torres, Professeur de l'Université de Montpellier et auteur de La Santé des entreprises. Et pourtant, selon ce chercheur français spécialisé dans la souffrance patronale, les suicides de petits patrons, et notamment d'artisans, de commerçants, de professions libérales et d’agriculteurs n'ont jamais été aussi nombreux.

La 3ème cause de mortalité

Plus fréquent que le cancer, le suicide serait la troisième cause de mortalité chez les indépendants. Le sentiment de l’impuissance soudaine, tels qu’un licenciement à mettre en place ou la perte de chiffre d’affaires, comme le travail compulsif et excessif ou le stress seraient ravageurs et provoqueraient une dégradation rapide du psychisme du dirigeant, pouvant mener au burn-out. On fume plus, on boit plus, on mange déséquilibré, on ne dort pas ou mal, des symptômes qui toucheraient plus de 10% des chefs d’entreprise.
Or, « le burn-out, mal du siècle et les idées noires sont l’antichambre du suicide », confirme Olivier Torrès dans son étude : « perdre son travail ou avoir des difficultés diminue, au mieux, l’espérance de vie et, au pire, tue au sens figuré comme au sens propre du terme. »

Près de 77% des indépendants sont aujourd'hui fragilisés et 28% se déclarent en réelles difficultés financières

 

Vous voulez lire la suite de cet article ?

Cet article premium
est réservé à nos abonnés.

Vous êtes déjà abonné ?
Connectez-vous

Pas encore abonné ?
Abonnez-vous
à L Post pour promouvoir la pluralité de la presse. L-Post n’est financé par aucun grand groupe et dépend uniquement des lecteurs. Informer avec rigueur et indépendance a un coût.

Soutenez L Post et le journalisme indépendant : BE85 0689 4115 0106