Le Monopoly, inventé par une femme, a 90 ans

Journaliste / Secrétaire de rédaction
S’il y a bien un jeu qui fait résonner l’enfance dans nos têtes c’est le Monopoly. Rien que le nom évoque les noms des terrains improbables pour lesquels nous nous battions pour nous les procurer parfois à prix d’or… déjà. Cela fait quasiment un siècle que personne n’utilise réellement parfaitement les bonnes règles, sauf les puristes, le nez plongé, dans le règlement. Ceux qui nous embêtent quand on a envie tout simplement d’y jouer comme on a appris, nous! Rien d’étonnant alors que certaines parties durent des heures. C’est aussi un reproche qu’on fait à ce jeu de société à succès. Le Monopoly, on adore et pourtant nul ne sait vraiment que ce jeu familial a été créé en vue de dénoncer l’impact des monopoles fonciers sur l’économie et la vie des gens. Le Monopoly, le jeu le plus vendu au monde, aujourd’hui encore, est né dans sa version ludique et merveilleuse actuelle en 1931, mais son origine remonte à 1903, et c’est à une femme, Elisabeth Maggie qu’on le doit. Merci Madame.
Il y a plein de choses interminables dans la vie, les lundis, attendre le bus, faire la queue pour un test PCR, …les parties de Monopoly sont de celles-là. L’un des records en matière de partie est une durée de 70 jours ! Mais il existe d’autres records comme le plateau le plus grand du monde, créé par des étudiants néerlandais en 2016 et mesurant 30 mètres sur 30, soit 900 mètres carrés. Et c’est un vrai chien qui a joué son rôle de pion.
Le Monopoly nourrit tous les fantasmes. Nombreux sont ceux qui se sont penchés sur son sort. Par exemple, la boite de jeu la plus chère, créée par un joailler de San Francisco, d’une valeur de 2 millions de dollars : plateau en or 23 carats, maisons ornés de rubis et saphirs, et quelques diamants pour faire les points des dés, mieux vaut ne pas en perdre un pion.

Inventé par une femme
Le Monopoly est un tel phénomène mondial que même Ridley Scott, le réalisateur d’Alien, a même planché à une époque sur une version cinématographique du célèbre jeu. Avant de ne pas aller plus loin.
Le plateau et le jeu ont été inventés par Elizabeth Magie, en 1903. Il s’appelait alors The Landlord’s Game et il avait pour but de dénoncer l’impact des monopoles fonciers sur l’économie et la vie des gens. Ce n’est qu’en 1931 que Charles Darrow, alors chômeur, découvre The Landlord’s Game, en reprend l’idée et invente le Monopoly que l’on connaît encore en 2022. Le premier plateau reprenait les rues d’Atlantic City, aux Etats-Unis. Le but du jeu, ce n’est pas de gagner de l’argent mais de ruiner ses adversaires en devenant Monsieur Monopoly, le vrai nom du monsieur au chapeau, qui apparait sur le couvercle de la boite de jeu. Tout le monde peut en jouer dès son plus jeune âge jusqu’à la retraite. Formidable.

Près de 300 millions de boites de Monopoly ont été vendues
Des Monopoly de toutes les sortes
Depuis sa création, le Monopoly s’est décliné en mille et une version et a connu une vie internationale. Chaque pays décline le sien, de nombreuses régions aussi, et même des villes ; certaines versions sont même du grand n’importe quoi. On peut ainsi trouver une version officielle du Monopoly Dragon Ball Z, du Monopoly Bassin d’Arcachon, celle de Montcuq, celle des villes wallonnes, du Monopoly Retour vers le Futur, et évidemment le Monopoly Reine des Neiges 2.
Le Monopoly, un jeu dont le succès ne se dément pas et qui portant ne défend pas de fabuleuses valeurs mais ça marche. Didier Colart, créateur d’éditions sur les villes wallonnes et thématiques belges du Monopoly l’explique fort bien: « Tout le monde connait le Monopoly. C’est ça qui fait son succès. C’est une boucle en fait. Tout le monde y a joué, tout le monde y joue. C’est un jeu un peu à polémiques, un jeu où il faut essayer d’être le plus riche possible et de ruiner tout le monde. Mais voilà, c’est son succès. Forcément, ça met beaucoup d’animation dans les familles».


Des règles « maison »
Alors si les parties durent souvent très voire trop longtemps, c’est aussi parce qu’on fait n’importe quoi. Dans les règles originales, on ne touche pas une double paie si on s’arrête sur la case départ, on n’empoche pas non plus l’argent des amendes en s’arrêtant sur « parking gratuit », et on n’est pas obligés de faire un premier tour avant de pouvoir acheter. Charles Darrow n’a jamais dit ça ! Elizabeth Maggie non plus, d’ailleurs.
Ces « règles maison » n’ont été ajoutées officiellement que bien plus tard, en 2014, après une consultation en ligne, et elles rallongent considérablement le jeu. Mais personne n’est obligé de les suivre. Pourtant nombreux sont ceux qu’ils le font.

Pour les amateurs de partie qui n’en finissent pas, procurez-vous la boite de Monopoly officielle comprenant un plateau triplé, avec chaque propriété en 3 exemplaires avec un seul dé, comme ça, hop, pas de double possible. On avance moins vite. Et le gagnant est celui qui arrive à acheter la totalité des propriétés. Et quand vous aurez terminé, attaquez-vous aux éditions spéciales ou vraiment locales, celles-ci gagnent de droit d’exister après des sondages réalisés régulièrement en ligne.
Les confinements successifs en 2020 et 2021 ont multiplié les ventes des jeux de société et le Monopoly arrivait dans le peloton de tête des jeux partis comme des petits pains. Depuis sa création, près de 300 millions de boites de Monopoly ont été vendues. Ce monstre sacré des jeux de société comptabilise aussi plus d’un milliard de joueurs à travers le monde.
