LITTERATURE

Le prix Landerneau du polar décerné à l’ancien policier devenu auteur, Hugues Pagan

©Hannah ASSOULINE/Opale/Leemage

Ce jeudi 10 mars, le Prix Landerneau du polar français a été décerné à l’ancien policier Hugues Pagan pour « Le Carré des indigents», paru aux éditions Rivages en janvier dernier. Un polar palpitant qui plante le décor dans les années 70, peu avant la mort de Pompidou. « Le Carré des Indigents », c’est l’histoire de la disparition d’une ado de 15 ans… Et bien plus encore. Un roman empreint de réalisme social, ultra noir et plutôt pessimisme qu’on a pourtant nous aussi adoré.

Un style impeccable

Quarante ans après la sortie de son premier roman, « La Mort dans une voiture solitaire » (Fleuve noir, 1982), Hugues Pagan vient de remporter le Prix Landerneau du polar. Ce prix littéraire français fut créé en 2008 par Michel-Édouard Leclerc afin de récompenser un roman, un polar, une BD, une découverte écrivain et un album jeunesse, rédigés en langue française.

Publié en janvier 2022, le nouvel opus d’Hugues Pagan  place l’action  au cœur des années 1970. Le pitch : «Le Carré des indigents » nous ramène bien avant les années Mitterrand, et place à nouveau l’inspecteur principal Claude Schneider, protagoniste récurrent des romans de Pagan, au cœur de l’intrigue.
Schneider est un jeune officier de police judiciaire, il travaillait à Paris et vient d’être muté dans une ville moyenne de l’est de la France, une ville qu’il connaît bien. Dès sa prise de fonctions, un père éploré vient signaler la disparition de sa fille Betty, une adolescente sérieuse et sans histoires. Elle revenait de la bibliothèque sur son Solex, elle n’est jamais rentrée. Schneider a déjà l’intuition qu’elle est morte. De fait, le cadavre de la jeune fille sera retrouvé peu après, atrocement mutilé au niveau de la gorge. L’enquête peut commencer…

C’est l’histoire d’un mec …devenu flic puis auteur à succès

Né en Algérie, Hugues Pagan, le bac en poche, quitte à 16 ans, son pays. On est alors en 1962, juste après les accords d’Evian ; il s’installe alors à Vesoul avec sa famille. Quatre ans plus tard, ayant obtenu une maîtrise de philosophie, il enseigne à Gérardmer dans les Vosges. En 1968, il met fin à sa carrière d’enseignant et exerce divers métiers : journaliste, attaché bancaire, photographe pour un journal local. En 1973, il passe le concours d’inspecteur de police où il restera 25 ans.
Hugues Pagan est celui à qui l’on doit plusieurs romans noirs, dont «Dernière station avant l’autoroute», récompensé par le prix Mystère de la critique, et plus récemment «Profil perdu», Ed. Rivages en 2017 et « Mauvaises nouvelles du front », Ed. Rivages, en 2018. Il a également été scénariste pour la télévision et le cinéma. Ses récits policiers s’apparentent aux œuvres de Howard Fast et à l’atmosphère glacée des films de Jean-Pierre Melville. De 2008 à 2018, il signera entre autres les scénarios de l’adaptation pour France 2 des romans de la série policière historique Nicolas Le Floch.

La France de Pompidou vaut bien celle de Macron

«Hugues Pagan sait décrire les personnages complexes, les femmes sans concession et les petits tyrans pitoyables dans cette France de Pompidou», a commenté une libraire membre du jury du Prix Landerneau. A 74 ans, Hugues Pagan succède ainsi à Gwénaël Bulteau, lauréat du Prix Landerneau Polar 2021 pour son premier roman «La République des faibles», paru aux éditions La manufacture de Livres.

«Le Carré des indigents »  est un récit palpitant, vivant, vibrant et sombre à la fois. Empreint de réalisme social, de lyrisme (la patte de l’auteur) et d’histoires déjà maintes fois entendues, mais cet ouvrage captive et déconcerte aussi pas son pessimisme. Mais peut-on en vouloir à l’auteur? Le style est impeccable, brillant. Sa verve puissante. On aime où on déteste ce roman ultra noir pour le coup qui transpose une réalité exacerbée dans un genre littéraire magistralement maîtrisé. Nous, on a beaucoup aimé même si par les temps qui courent on se détendrait tout au autant à lire autre chose.

Qu’importe, cette histoire vaut la peine d’être appréciée à la juste valeur de son auteur récompensé.