OPINION

Chauffeurs Uber : le MR dénonce la « logique conservatrice et corporatiste » du Gouvernement bruxellois (PS-Ecolo)

David Leisterh, président du MR à Bruxelles.

Depuis plusieurs années, les élus d’Ecolo, du PTB et du PS ont le même discours : «L’uberisation est un danger pour la société», « Interdisons les plateformes de mobilité privées », « Seuls les taxis doivent pouvoir rouler », « Les chauffeurs LVC sont illégaux ». Et depuis plusieurs années, le MR demande une réforme du secteur pour permettre à tous les chauffeurs d’avoir les mêmes droits et les mêmes obligations. Uber et Heetch ont, ces dernières années, boosté la demande de transport rémunéré de personnes dans une Région qui, contrairement à d’autres grandes villes européennes, n’a pas su développer une offre de mobilité alternative (publique ou privée) suffisante à la hauteur de ce qu’on attend d’une capitale comme la nôtre.

La présence des plateformes de mobilité (du type Uber, Heetch et Bolt, qui vient d’annoncer son arrivée à Bruxelles) ne cesse d’alimenter les discussions entre les partisans qui mettent en avant leur flexibilité, leur facilité d’utilisation et les prix avantageux et leurs opposants qui n’y voient qu’une « instrumentalisation » des chauffeurs et une manière de contourner la législation existante en matière de transport de personnes.

Dans ce contexte, la justice a parfois été sollicitée par le secteur des taxis mis sous pression. Et c’est leur droit le plus strict. Nous le comprenons.

Dernièrement, des juges ont donc dû se pencher sur les pratiques de ces entreprises comme sur la législation en la matière qui date de 1995. Pour rappel, en 1995, cela faisait à peine un an que les Belges pouvaient utiliser un GSM.

Blocage du Gouvernement bruxellois 

En 2020, la législation n’a toujours pas été adaptée aux avancées technologies que ces plateformes utilisent. De quelles avancées parle-t-on ? De l’utilisation d’un GSM pour commander un véhicule par exemple. Le décalage est abyssal. A tel point que la Cour Constitutionnelle, à la demande de la Cour d’Appel, devra prochainement nous dire si l’interdiction d’utiliser un GSM dans le cadre de son activité LVC, comme le prévoit actuellement l’ordonnance datant de 1995, est bien constitutionnelle, non discriminatoire et conforme à la liberté d’entreprendre. On croit rêver.

Toute cette saga autour des LVC aurait pu être évitée si le Gouvernement bruxellois avait modifié la législation entourant l’activité de transport rémunéré de personnes. Par conservatisme ou peur du changement, rien n’a été fait dans la Capitale de l’Europe. Le Gouvernement bruxellois s’accroche au passé, exactement comme quand le président du PS demande la fin de l’e-commerce dans les villes.

Et une nouvelle fois, au lieu de réunir les Bruxellois autour d’un projet fédérateur, il les oppose. On a d’abord opposé les piétons et les automobilistes, puis les cyclistes et les automobilistes. Aujourd’hui, ce sont les chauffeurs de taxi contre les chauffeurs LVC. Ce conservatisme bloque toute décision et déchire une majorité qui a dû trouver l’appui de parti de l’opposition pour venir en aide à des milliers de chauffeurs LVC, interdits de travailler.

David Weytsman, chef de groupe MR au conseil communal à Bruxelles. D.R.

Le MR veut défendre le travail 

Depuis des années, deux attitudes étaient possibles. Une attitude conservatrice de gauche, rare en Europe et en Flandre, mais prédominante à Bruxelles, qui consiste à lutter contre ces entreprises et ces travailleurs (par des sanctions et réquisitions) arguant de leur illégalité (par rapport à des lois obsolètes) et de la concurrence déloyale qu’elles constitueraient. C’est l’option retenue par le Gouvernement bruxellois depuis 7 ans. Ou alors une attitude plus libérale (du MR, du VLD, de Défi, comme de Pascal Smet en son temps) consistant à légaliser ces activités et à leur fixer des règles sociales, économiques, environnementales à définir ensemble.

Si le MR prend tellement à cœur ce dossier, c’est avant tout pour défendre le travail.

Si le MR prend tellement à cœur ce dossier, c’est avant tout pour défendre le travail. En venir à interdire à des chauffeurs, concurrents des taxis, de travailler est tout simplement intolérable pour nous ! Nous pensons, au contraire, que la concurrence a permis un décollage économique prodigieux dans le secteur de la mobilité, en qualité, comme en volume. La logique conservatrice et corporatiste du Gouvernement bruxellois (PS-Ecolo) dresse un mur infranchissable entre la demande importante des Bruxellois (et des touristes) et une offre potentielle supplémentaire salvatrice pour un Bruxelles en panne aussi depuis 20 ans en termes de mobilité.

 Uber & Co répondent à un besoin

Nous pensons que l’arrivée de ces acteurs innovants de la mobilité a participé à une transformation profonde des habitudes de mobilité. Uber, comme d’autres acteurs privés, répondent à un vrai besoin de mobilité, flexible et meilleur marché, en particulier pour les Bruxellois vivant dans des quartiers enclavés ou ne disposant pas de voitures.

Nous entendons les attaques de ces élus du Gouvernement bruxellois contre ces acteurs privés de la mobilité. Mais Uber et Heetch ont, ces dernières années, boosté la demande de transport rémunéré de personnes dans une Région qui, contrairement à d’autres grandes villes européennes, n’a pas su développer une offre de mobilité alternative (publique ou privée) suffisante à la hauteur de ce qu’on attend d’une capitale comme la nôtre.

Nous pensons que l’arrivée de ces acteurs innovants de la mobilité a participé à une transformation profonde des habitudes de mobilité.

Une étude récente du Parlement européen indique d’ailleurs que Uber est complémentaire au transport public et qu’il réduit l’usage et la possession de voiture personnelle. En 2022, la mobilité doit croître dans des villes de plus en plus peuplées (selon les Nations unies, plus d’un tiers de la population mondiale vivra dans une zone urbaine d’ici 2050, soit 2,5 milliards de personnes en plus). Bruxelles a aussi gagné 200.000 habitants en 15 ans. Enfin, en 2022, la mobilité bruxelloise doit pouvoir « avaler » la flexibilité des navetteurs et des étudiants qui transitent par Bruxelles quotidiennement, soit 378.000 travailleurs et 34.000 étudiants. Et cette flexibilité passe par une offre de transport à la demande renforcée.

 Une interdiction insensée

Dans ce contexte, interdire ou opposer les acteurs n’a aucun sens. Il faut, au contraire, les réunir autour d’un même projet et d’un cadre afin de leur donner des droits et des obligations similaires. Vouloir opposer les acteurs, c’est ne pas comprendre les enjeux de mobilité moderne et surtout, ne pas tenir compte de l’expérience d’autres grandes villes et des conclusions qu’on peut en tirer.

Une récente enquête du Journal of Urban Economics , indique par exemple que Uber augmente la fréquentation des transports publics de 5% en moyenne sur une période de deux ans. L’étude Deloitte 2020 sur le secteur LVC/Taxi à Bruxelles (étude commandée par le Gouvernement bruxellois) stipule que le marché de taxis va croître et qu’il y a de la place pour tout le monde. Cette même étude met également en avant la préférence des passagers pour les LVC jugés plus modernes et répondant mieux à leurs besoins. Autant de pistes de réflexion pour le Gouvernement bruxellois.

Une récente enquête du Journal of Urban Economics , indique par exemple que Uber augmente la fréquentation des transports publics de 5% en moyenne sur une période de deux ans.

En conclusion, face aux évolutions rapides du secteur de la mobilité, soutenues par l’émergence de nouveaux acteurs, les autorités publiques ont un rôle important à jouer en matière de régulation : l’enjeu est de réussir à articuler les initiatives portées par le secteur privé avec les services de transport public tout en favorisant l’innovation, en amenant un enrichissement de l’offre, un haut niveau de service et en offrant la possibilité de réduire la part du recours individuel à la voiture lorsque la situation propre à chacun le permet.

Ce constat, on le pose depuis au moment 10 ans depuis l’opposition. Le monde avance. Bruxelles y pense.

 

David Leisterh, député bruxellois et président du MR à Bruxelles

David Weytsman, député bruxellois et chef de groupe MR au Conseil communal à Bruxelles

Le titre et les intertitres sont de la rédaction