OPINION

Les taxis bruxellois dénoncent « une concurrence déloyale et illégale » d’Uber

Une action des chauffeurs de taxis bruxellois qui bloquent la circulation dans la capitale. C'était le 2 décembre dernier. BELGA

Le 11 mars dernier, nous publions une carte blanche de David Leisterh, député bruxellois et président du MR à Bruxelles et David Weytsman, député bruxellois et chef de groupe MR au Conseil communal à Bruxelles sur le différend qui oppose les taxis bruxellois à la société Uber. Les deux élus libéraux dénoncent la « logique conservatrice et corporatiste » du gouvernement bruxellois. Aujourd’hui, la Fédération des taxis bruxellois (B.T.F.) leur répond par la voix de son président, Sabbani Abdessamad. Il reprend (en italiques) plusieurs points de la position des libéraux bruxellois et y répond.

« La présence des plateformes de mobilité (du type Uber, Heetch et Bolt, qui vient d’annoncer son arrivée à Bruxelles) ne cesse d’alimenter les discussions entre les partisans qui mettent en avant leur flexibilité, leur facilité d’utilisation et les prix avantageux».

Les taxis sont soumis à une tarification réglementée contrairement à Uber qui utilise un système de tarification dynamique permettant de multiplier le prix par 3 ou 4 en période de forte demande.

Il est impossible de connaître le coût réel de la plateforme Uber du fait que cette dernière se cache systématiquement derrière le secret industriel lorsque il s’agit de dévoiler le fonctionnement de l’algorithme fixant les prix des courses, dès lors, il est impossible de connaître le coût réel des courses que la plateforme propose.

« En 2020, la législation n’a toujours pas été adaptée aux avancées technologiques que ces plateformes utilisent. De quelles avancées parle-t-on ? De l’utilisation d’un GSM pour commander un véhicule par exemple. Le décalage est abyssal », d’après les élus du MR bruxellois.

L’ordonnance de 1995 en vigueur n’interdit absolument pas l’utilisation d’un smartphone pour commander un véhicule puisque des applications de taxis similaires à celle d’Uber existent, Taxis bleus, Victor Cab et d’autres.

L’ordonnance de 1995 en vigueur n’interdit absolument pas l’utilisation d’un smartphone pour commander un véhicule.

« Toute cette saga autour des LVC aurait pu être évitée si le Gouvernement bruxellois avait modifié la législation entourant l’activité de transport rémunéré de personnes. Par conservatisme ou peur du changement, rien n’a été fait dans la Capitale de l’Europe. »

Uber en proie à des ennuis avec la justice

La société Uber a des ennuis avec la justice de très nombreux pays à travers le monde, pas seulement la Belgique.

La multinationale a été condamnée à requalifier des chauffeurs en salariés dans plusieurs pays du fait que son modèle est, entre autres, basé sur le viol du droit du travail.

Une législation régionale légalisant Uber serait systématiquement en porte à faux avec le Droit du travail qui relève d’une compétence fédérale.

« Seuls les taxis doivent pouvoir rouler », « Les chauffeurs LVC sont illégaux ».

Le non-respect de la réglementation a donc un impact négatif sur la congestion automobile comme le démontre la totalité des études menées à ce sujet.

Il faut savoir que les LVC existaient avant l’arrivée d’Uber, ils ont le droit de rouler sous certaines conditions prévues par l’ordonnance de 1995. Les LVC doivent retourner au siège de leur entreprise du fait qu’ils ne sont pas soumis à un numérus clausus.

La Cour d’appel a mentionné dans l’arrêt rendu en janvier 2020 que le numérus clausus a pour vocation de permettre à la Région de Bruxelles-Capitale de garder un contrôle sur la congestion automobile.

Le non-respect de la réglementation a donc un impact négatif sur la congestion automobile comme le démontre la totalité des études menées à ce sujet.

Concurrence déloyale et illégale

«  L’étude Deloitte 2020 sur le secteur LVC/Taxi à Bruxelles (étude commandée par le Gouvernement bruxellois) stipule que le marché de taxis va croître et qu’il y a de la place pour tout le monde. »

Lors de leur audition au parlement, les représentants de Deloitte se sont rétractés sur ce point, invoquant le fait que l’étude avait été menée avant la crise du Covid.

« Si le MR prend tellement à cœur ce dossier, c’est avant tout pour défendre le travail. En venir à interdire à des chauffeurs, concurrents des taxis, de travailler est tout simplement intolérable pour nous ! »

Il s’agit là d’une concurrence déloyale et illégale condamnée par la Cour d’appel.

« Une récente enquête du Journal of Urban Economics, indique par exemple que Uber augmente la fréquentation des transports publics de 5% en moyenne sur une période de deux ans. »

À voir par qui est financée cette étude, le maire de New-York, monsieur Bill De Blasio, a dû freiner la prolifération des LVC du fait de leur impact catastrophique sur la pression automobile à New-York.

Sabbani Abdessamad

Président de la B.T.F.

Le titre et les intertitres sont de la rédaction