France : le président-candidat Macron ne sera finalement pas privé de télé…

En fin de journée de ce jeudi 31 mars 2022, interrogé par le site PureMédias, le directeur général de LCI, Fabien Namias, a annoncé que sa chaîne retransmettra, le samedi 2 avril, en partie le discours d’Emmanuel Macron lors du meeting à La Défense Arena dans le cadre d’une programmation spéciale baptisée « Un week-end pour convaincre ». « Il nous semblait journalistiquement absurde de ne pas diffuser ce qui sera sans doute le seul meeting du président sortant avant le premier tour, alors que nous avons diffusé ceux des autres candidats », a justifié Fabien Namias. Ainsi, les meetings de Fabien Roussel (Parti Communiste) samedi, de Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise), Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière), Valérie Pécresse (Les Républicains) et Anne Hidalgo (Parti Socialiste) dimanche, seront également diffusés en partie ou en intégralité.

Enveloppé dans ses costumes de Président de la République (« jusqu’au dernier quart d’heure de mon mandat », assure-t-il) et de président du Conseil de l’Union européenne, il doit, ces temps-ci, faire montre d’un don d’ubiquité. Pris, entre autres, par la crise du pouvoir d’achat en France et son rôle de médiateur dans la guerre d’Ukraine, Emmanuel Macron est également un des douze candidats à l’élection présidentielle, les 10 et 24 avril prochains. Grandement favori tant pour le premier tour (dans les sondages, avec des intentions de vote entre 27% et 30%) que pour la victoire au second tour, il fait, selon ses adversaires, une campagne « a minima ». Une conférence de presse pour annoncer sa candidature, deux rencontres avec le public à Poissy et Pau (respectivement, 250 et 600 personnes)… et un seul meeting, ce samedi 2 avril dans l’immédiate banlieue ouest-parisienne à La Défense Arena, plus grande salle d’Europe pouvant accueillir jusqu’à 40 000 personnes.

Un meeting sans retransmission

Un seul meeting pour poser, une ultime fois, son programme pour la France pour les cinq prochaines années. Tout est en place, les fédérations régionales de LREM (La République En Marche, le parti du Président) sont sur le pont pour acheminer les sympathisants jusqu’à La Défense. « Ce sera un grand moment », assure un « marcheur »… Le président-candidat a failli être privé de relais médiatique. En effet, depuis le 28 mars dernier, la France est entrée officiellement en campagne électorale, ce qui implique plusieurs obligations et contraintes définies par le Code électoral et relatives, notamment, au temps de parole, aux affiches officielles ou encore aux clips de campagne.

Tout est en place, les fédérations régionales de LREM (La République En Marche, le parti du Président) sont sur le pont pour acheminer les sympathisants jusqu’à La Défense.

Par conséquent, les responsables des quatre chaînes info ont fait savoir que, sauf revirement de toute dernière minute, elles ne retransmettront pas le meeting et le discours d’Emmanuel à La Défense Arena. Il ne faut pas y voir là une quelconque censure, mais simplement le respect des règles édictées par l’ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, qui a succédé depuis le 1^er janvier 2022 au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel- CSA) : « En période électorale, en plus du « temps de parole », que les télés et radios doivent décompter, apparaît le « temps d’antenne », une notion uniquement utilisée pour la présidentielle. Ce temps plus large comprend la parole du candidat et tout ce qu’il y a autour, comme la description par un journaliste d’un meeting par exemple ».

Directeur général de BFM TV, Marc-Olivier Fogiel explique : « Nous ne pourrons pas diffuser le meeting d’Emmanuel Macron sur l’antenne ce samedi ». Un journaliste d’une autre chaîne info confie : « Si on fait 1h ou 1h30 de Macron samedi après-midi, cela veut dire qu’il faut faire aussi 1h ou 1h30 pour chacun des 11 autres candidats, et dans la même tranche horaire en plus ! Ce n’est pas tenable ! » Et d’ajouter : « Avec ces règles de l’ARCOM, on ne fait plus du journalisme mais de la comptabilité ! Ce sont les temps de parole qui dictent le contenu à l’antenne… »

Revirement de dernière minute

On peut s’interroger sur les équipes de campagne qui ont élaboré le calendrier du président-candidat- un spécialiste du monde médiatique croit savoir : « L’entourage d’Emmanuel Macron pensait initialement qu’il ferait plusieurs meetings. La forte actualité autour de la guerre en Ukraine a bouleversé leurs plans et il ne reste plus que celui de La Défense Arena… »

Mais les choses ont changé à la dernière minute. En fin de journée de ce jeudi 31 mars 2022, interrogé par le site PureMédias, le directeur général de LCI, Fabien Namias, a annoncé que sa chaîne retransmettra, le samedi 2 avril, en partie le discours d’Emmanuel Macron lors du meeting à La Défense Arena dans le cadre d’une programmation spéciale baptisée « Un week-end pour convaincre ». « Il nous semblait journalistiquement absurde de ne pas diffuser ce qui sera sans doute le seul meeting du président sortant avant le premier tour, alors que nous avons diffusé ceux des autres candidats », a justifié Fabien Namias.

Il nous semblait journalistiquement absurde de ne pas diffuser ce qui sera sans doute le seul meeting du président sortant avant le premier tour, alors que nous avons diffusé ceux des autres candidats.

Ainsi, les meetings de Fabien Roussel (Parti Communiste) samedi, de Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise), Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière), Valérie Pécresse (Les Républicains) et Anne Hidalgo (Parti Socialiste) dimanche, seront également diffusés en partie ou en intégralité.

La menace d’une non-retransmission du meeting du président-candidat n’inquiétait pas outre mesure les responsables de sa communication. « Ce n’est pas véritablement un sujet pour nous. Le meeting sera retransmis sur le numérique par plusieurs chaînes de télévision et des extraits seront diffusés sur leur antenne linéaire respective. Il sera aussi retransmis sur les réseaux sociaux d’Avec vous (la campagne d’Emmanuel Macron, ndlr) et l’ensemble des canaux de la majorité », disaient-ils.  Mais ils ont maintenant le sourire…

Serge Bressan (à Paris)