Arno s’en est allé rejoindre les yeux de sa mère

Né Arnold Hintjens, le chanteur Arno est décédé ce 23 avril à l’âge de 72 ans. Il avait été diagnostiqué d’un cancer du pancréas fin 2019. Jusqu’à la fin de sa vie, il n’a pas quitté la scène. En février dernier, il donnait encore un concert à l’Ancienne Belgique à Bruxelles. Ces derniers mois, il travaillait sur un nouvel album. Plus récemment, il avait été fait Officier de l’Ordre de la Couronne.  Une décoration offerte à la demande du Roi Philippe. « C’est surréaliste », avait confessé Arno, fier, malgré lui de ce cadeau qui le fait désormais aujourd’hui entrer définitivement dans la légende de nos artistes disparus, d’une belgitude pure et simple qui s’éteint.

Arno s’en est allé. « Oh la la la»,  « Putain, putain »… « Il va nous manquer à tous, sa famille, ses amis, ses musiciens mais il sera toujours là grâce à la musique qui l’a fait tenir jusqu’au bout », confie son attachée de presse. L’artiste ostendais, malade depuis trois ans venait d’annoncer l’enregistrement d’un nouvel et dernier album qui devait compter deux titres dont les musiques étaient signées de son fils.

 

 

Né le 21 mai 1949 à Ostende, Arnold Charles Ernest Hintjens, a grandi du bord de mer entre classe ouvrière et middle class. Bien plus tard, il en tirera d’ailleurs le titre « Middle Class And Blue Eyes ». Arno était l’aîné d’une fratrie de deux, son frère Peter, sera médecin. Lui, artiste belge à part entière.

« Je veux nager» et  « Je veux vivre »

A l’âge de 8 ans, il découvre Elvis Presley et le blues de ne le quittera plus. « Le blues est la source de toute ma musique », répétait-il souvent.  L’ami de Marvin Gaye lorsque celui-ci était venu habiter à Ostende dans les années 80 s’en est allé le rejoindre. « Aujourd’hui, la musique sauve encore mon état d’esprit, elle me fait tenir. Je suis accro, je dois toujours en avoir à la maison », confiait-il encore récemment. Arno était un homme de son temps malgré lui. « On a vécu le Covid et maintenant, il y a la guerre en Europe et j’ai peur, peur de ce qui se passe dans le monde et pour mes enfants. » 

D’Ostende à Bruxelles

Depuis quelques années, l’artiste vivait à Bruxelles, une ville qu’il aimait tellement. Bruxelles se retrouve en outre dans les textes de plusieurs de ses chansons depuis quelques années.
Le 18 mars dernier, la médaille d’Officier de l’Ordre de la Couronne lui a été remise en toute discrétion par le ministre bruxellois des Finances Sven Gatz. C’est à la demande du roi Philippe que le chanteur de 72 ans, était alors été décoré.

« Arno devient aujourd’hui Officier de l’Ordre de la Couronne pour ses incroyables mérites musicaux. Sa musique respire Bruxelles et est, comme la capitale, parfois dure, parfois tendre, mais toujours remplie d’espoir », faisait alors savoir le ministre bruxellois sur son compte Twitter.  Arno y apparaissait tout sourire malgré la maladie. Il s’y affichait avec une médaille à la main, celle que lui a décernée le roi pour services rendus à l’État. En 2017 déjà, Arno avait été fait citoyen d’honneur de la Ville de Bruxelles.

C’est la belgitude qui s’éteint

Arno, cet artiste belge complet s’en est allé, sur la pointe des pieds. Mais son départ fera du bruit et laisse déjà une place immense  et vide dans le palmarès des artistes qui ont su habiller la musique, et le blues en particulier, de belgitude et donner à celui-ci la couleur et l’accent de notre pays. Les filles du bord de mer ne danseront plus tout à fait comme avant.