FRANCE/POLITIQUE

France-législatives : avec Ensemble, la « Macronie » fait ménage à trois

Le président du parti Horizons, Edouard Philippe; le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand; le président du parti de centre-droit MoDem et maire de Pau, François Bayrou et le chef du parti LREM Stanislas Guerini. AFP

C’est sous cette appellation que la majorité présidentielle se présentera aux élections législatives de juin prochain. Ensemble regroupe le parti Horizons de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, le Modem de François Bayrou et la République en marche (LREM) du président, Emmanuel Macron. Au passage, le mouvement du nouveau président change de nom et devient Renaissance. Ensemble présentera 577 candidat(e)s aux législatives avec l’ambition de décrocher la majorité afin de se donner les moyens de réaliser les réformes promises par le président Macron.

Ça ressemble à une photo de famille. Quatre hommes assis, visages esquissant à peine un sourire. Au-dessus et derrière eux, un slogan : « Avec nous ». Les quatre hommes sont les chefs de file des trois partis « poids lourds » de la majorité présidentielle et macronienne qui se met en ordre de bataille pour les élections législatives des12 et 19 juin prochains. But annoncé : garder, à l’Assemblée nationale, la majorité absolue pour assurer un quinquennat « tranquille » au Président Emmanuel Macron, réélu le 24 avril dernier avec plus de 58% des voix face à Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement National (RN).

Décrocher la majorité à l’Assemblée nationale

Dans la précédente Assemblée nationale pour la mandature 2017-2022, la majorité présidentielle comptait 337 députés : 263 pour La République en Marche (LREM), 52 pour le Modem et 22 pour Agir. Le Président réélu a fixé l’objectif pour 2022-2027 : avoir au moins autant de députés, sachant que, pour tout vote, la majorité est de 289 voix… On connaît également les forces en présence : l’extrême droite divisée avec le RN de Marine Le Pen et Reconquête ! d’Eric Zemmour, la gauche unie avec l’accord définitivement scellé entre La France Insoumise (LFI), Europe Ecologie-Les Verts (EELV), le Parti communiste (PCF) et le Parti socialiste (PS) dont le Conseil national a adopté, dans cette nuit du 5 au 6 mai, à 62% le texte de ralliement à LFI, et enfin Les Républicains (LR) qui, eux aussi, tentent l’opération survie après la déroute de leur candidate Valérie Pécresse avec 4,78% des voix au premier tour de la récente élection présidentielle…

577 candidats pour les législatives

Les proches du président Macron n’ignorent pas la tradition électorale depuis que l’élection législative suit la présidentielle : l’assurance, pour le Président de la République, d’une large majorité à l’Assemblée nationale. Toutefois, à l’Elysée sous la haute surveillance d’Emmanuel Macron qui donne son avis sur les noms des 577 candidat(e)s pour la majorité présidentielle, on ne veut pas s’enflammer. On joue la modestie, l’humilité, alors que, dans le précédent quinquennat, l’arrogance et la suffisance étaient les deux reproches le plus souvent adressés aux macronistes. Modestie, humilité, voilà bien ce qui transpirait de la « réunion de famille » de ce 5 mai.

Etaient réunis Richard Ferrand- président de l’Assemblée nationale ; Edouard Philippe, premier Ministre (2017-2020) et fondateur du parti Horizons ; François Bayrou, haut commissaire au Plan et inamovible patron du Modem, et Stanislas Guerini, délégué général depuis 2018 de LREM… Tous quatre ont donc présenté le plan de bataille pour ces législatives, sous la bannière « Ensemble ! ». Dans le détail, donc, sur 577 circonscriptions, 400 ont été réservées pour LREM qui change de nom et devient Renaissance (« un parti populaire qui a vocation à être ouvert aux citoyens et élus d’où qu’ils viennent », explique Stanislas Guerini), 101 à 110 au Modem et 58 à Horizons- commentaire d’un député LREM : « Philippe a été traité à minima ». Dans cette affaire qui ressemble à un ménage à trois, on n’oublie toutefois pas les « petits » qui soutiennent Emmanuel Macron depuis le début de son premier quinquennat : Territoires de Progrès (gauche) et Agir (droite)…

Ensemble, parce que nous allons continuer à cultiver nos différences, c’est ce qui fait notre force. Sinon, on aurait monté un parti unique !

Sondages favorables à Ensemble

Avec un petit sourire, dans la foulée de cette coalition groupée sous le label « Ensemble ! », François Bayrou a commenté : « On a suffisamment d’humour et de sens des responsabilités pour construire ensemble en refusant les rivalités de personnes et de clan ». Edouard Philippe, à qui l’on prête une ambition pour le coup d’après (la présidentielle de 2027), a glissé : « Ensemble, parce que nous allons continuer à cultiver nos différences, c’est ce qui fait notre force. Sinon, on aurait monté un parti unique ! » C’est promis, juré, les membres de la famille présidentielle vont œuvrer ensemble, ce sera « unitaire, pluraliste, stable, solide, dynamique, vivant, cohérent, loyal », assurent-ils.

Les premiers sondages pour les législatives des 12 et 19 juin prochains circulent déjà sur les intentions de vote des Français. Résultat : 65 à 95 sièges pour le RN, 46 à 90 pour la gauche (dont 25 à 45 pour LFI, ce qui exclurait toute possibilité de voir Jean-Luc Mélenchon nommé Premier Ministre…), 35 à 65 pour LR et… 338 à 378 pour Ensemble !

Serge Bressan (à Paris)