EDITO

SNCB : l’avenir du rail belge mérite bien une grève

Crédit photo: Lieven Van Assche/SNCB

La journée d’action de ce mardi 31 mai, décrétée en front commun par les syndicats (FGTB, CSC, CGSLB), verra une forte mobilisation des cheminots du groupe SNCB (SNCB, Infrabel). A l’appel des trois principaux syndicats (CGSP-Cheminots, CSC-Transcom, SLFP-Cheminots), le personnel de du groupe ferroviaire se croisera les bras lors de cette journée d’action de mai, non pas pour faire ce qu’il leur plaît, mais pour réclamer des investissements conséquents pour le rail belge. Au regard de la contribution des services ferroviaires aux enjeux climatiques, ils estiment, à juste titre, que tant le transporteur ferroviaire, SNCB que le gestionnaire d’infrastructure ferrée, Infrabel, méritent davantage d’attention de la part de leur ministre de tutelle, Georges Gilkinet (Ecolo).

Celui-ci a récemment communiqué sa vision 2040 du rail avec de grandes ambitions (augmenter le nombre de navetteurs de 8% à 15% et le fret, de 12% à 20%, un train toutes les 15 minutes autour des grandes villes, etc.). Cet objectif est certes louable, mais il risque de rester au stade de vision et de ne jamais être concrétisée. Car le personnel, le premier concerné n’y croit pas trop. En effet, cette vision 2040 pour le rail belge n’est soutenue par aucun budget. L’association des navetteurs partage l’analyse des cheminots sur le manque de budget suffisant pour le rail belge. Or, vu l’état actuel de l’infrastructure ferroviaire du royaume et le manque d’effectif criant au sein du groupe SNCB (SNCB, Infrabel), le projet du vice-Premier ministre écologiste ressemble, pour l’instant, à une simple opération de communication destinée aux militants Ecolo et à sa base électorale.

Comment convaincre les cheminots de s’engager pour une vision à long terme, avec des ambitions aussi louables soient-elles, si leurs principales revendications ne sont pas rencontrées ?

Comment convaincre les cheminots de s’engager pour une vision à long terme, avec des ambitions aussi louables soient-elles, si leurs principales revendications ne sont pas rencontrées ? Il manque déjà aujourd’hui des centaines de bras pour faire rouler correctement les trains. On en veut pour preuve les milliers de jours de récupération en souffrance que les cheminots n’ont pas pu prendre, parce que les effectifs sont insuffisants. Pire encore, le plan d’entreprise 2023-2032 élaboré par les dirigeants de la SNCB prévoit encore une réduction des effectifs de 7% sur 10 ans avec, comme corollaire, une augmentation de la productivité.

L’accord social, en négociation depuis des mois, est resté à quai en raison justement de points litigieux comme le manque d’effectif.

A ce jour, l’accord social, en négociation depuis des mois, est resté à quai en raison justement de points litigieux comme le manque d’effectif, le pouvoir d’achat, et le respect des libertés syndicales. Or, une surcharge de travail, du personnel stressé et inquiet ne font pas bon ménage. Le groupe SNCB joue un rôle important dans la politique de mobilité du pays et mérite donc d’avoir l’attention qu’il mérite de la part des autorités fédérales. Il est donc temps de passer des paroles aux actes, de faire des promesses concrètes pour donner une chance à la négociation dans les entreprises du rail belge. C’est le seul moyen pour relancer le dialogue social afin d’aboutir à un accord.