Mules bancaires : 14% des jeunes prêts à mettre leur compte à disposition de criminels
Copyright : FEBELFIN Febelfin sensibilise régulièrement au phénomène des money mules, un mécanisme par lequel des criminels recrutent des « pions » qui laissent transiter illégalement de l’argent via leur compte en échange d’une compensation financière. Les jeunes sont particulièrement concernés. Alors que 4 % de la population totale prêterait son compte et/ou sa carte bancaire en échange d’une rémunération, ce pourcentage passe à 14 % chez les jeunes. La crise du coronavirus a amplifié le phénomène et leurs difficultés financières. Il étaient 10% en 2019. Les canaux de recrutement pour ce type de pratique sont les réseaux sociaux, mais aussi les gares et les abords d’écoles. Si le véritable criminel est celui qui a détourné de l’argent, la mule s’expose aussi à des poursuites judiciaires. Et statistiquement le risque d’être pris est presque de 100%.
De WhatsApp à la gare
Chaque année l’organisation sectorielle Febelfin réalise une enquête sur le sujet. Le phénomène s’est énormément développé en deux ans dans le contexte de la crise sanitaire. Il provient des Pays-Bas, où il est presque devenu une sous-culture. On recense des victimes principalement en Flandre, surtout dans la zone d’Anvers. Mais aucune région du pays n’est épargnée.
Une enquête de la fédération bancaire Febelfin, menée en collaboration avec IndiVille, montre que 14% des jeunes (entre 16 et 30 ans) sont prêts à mettre leur compte et/ou de leur carte bancaire et leur code PIN à la disposition de criminels afin qu’ils puissent l’utiliser pour transférer de l’argent illégalement. Les auteurs restent ainsi eux-mêmes inconnus. Les jeunes sont approchés via Instagram ou WhatsApp, mais aussi dans la vie réelle, dans des gares, des lieux de sortie ou aux abords d’école.
De nouvelles techniques
Dans la même enquête, 3 % de la population a indiqué qu’elle avait déjà été approchée pour faire office de mule. Chez les jeunes, ce chiffre est beaucoup plus élevé : 6% ont été approchés personnellement et 12% connaissent quelqu’un qui l’a été. Il est également inquiétant de constater que 38 % seulement de la population totale sait ce qu’est une mule. Certes, il s’agit là d’une amélioration par rapport à 2019, où cette part était de 22%, mais cela reste toujours faible. Donnée frappante : seuls 21% des jeunes savent ce qu’est une mule. Cela signifie que 8 jeunes sur 10 ne savent pas de quoi il s’agit.
Encore plus inquiétant, les cybercriminels demandent de plus en plus d’autres informations aux mules financières, comme leur carte d’identité et leur adresse. Ils achètent alors des articles en ligne avec de l’argent volé et font livrer leurs commandes à l’adresse de ces jeunes, pour qu’eux-mêmes restent sous le radar.
Des actes passibles de poursuites
L’enquête révèle également que 10% des personnes sont convaincues qu’elles ne commettent pas d’infraction pénale lorsqu’elles assument le rôle de mules financières. Dans le cas des jeunes, c’est même 16 %. « Mais devenir une mule financière est tout sauf innocent », souligne Febelfin.
« Une mule financière participe (sans le savoir) au blanchiment d’argent et à la fraude, qui sont des pratiques punissables. Grâce au compte bancaire de la mule financière, le phisher peut remettre de l’argent obtenu illégalement dans le circuit légal. En tant que mule financière, vous courez également le risque d’être poursuivi, ce qui peut entraîner de lourdes amendes judiciaires et fiscales. La banque peut également refuser d’accorder aux mules un compte bancaire, une carte bancaire et/ou un prêt. De plus, la mule financière risque que le phisher pille son compte ».
Et le risque d’être pris ? Comme dit le proverbe, « quand c’est trop beau pour être vrai, ce n’est pas vrai ». En tant qu’acteur de première ligne, le risque d’être pris est de presque 100%. Et les parquets font rarement la distinction entre les mules naïves et les personnes qui étaient bien conscientes d’être un maillon d’une chaîne criminelle. Volontairement ou involontairement, devenir une mule, c’est blanchir de l’argent.
Une action de sensibilisation
Afin de mettre en garde les jeunes et leur entourage, en collaboration avec un certain nombre de partenaires, comme le parquet de Bruxelles, Febelfin sensibilise pour la troisième année consécutive, notamment dans les réseaux scolaires.
Télécharger la brochure pour les jeunes :
https://www.febelfin.be/sites/default/files/2021-11/Brochure_geldezels_jongeren_FR.pdf
Télécharger la brochure pour les encadrants :
https://www.febelfin.be/sites/default/files/2021-11/Brochure_geldezels_begeleiders_FR.pdf
