Police/Justice

Affaire Omar Raddad : l’ADN est-elle la reine des preuves pour le disculper ?

Le dossier Omar Raddad vient d’être réouvert par la justice. L’ancien jardinier avait été condamné en 1994 à dix-huit ans de réclusion criminelle pour le meurtre, le 23 juin 1991, de Ghislaine Marchal (65 ans), la veuve d’un riche équipementier automobile français. Gracié partiellement avant de bénéficier d’une libération conditionnelle, il a toujours clamé son innocence. Une requête en révision a été déposée par la défense en décembre 2021. Elle s’appuie sur des expertises génétiques pouvant innocenter Omar Raddad. A-t-on, à l’époque, construit un coupable ? Des traces d’ADN suffiront-elles à résoudre l’énigme ? Les tests ADN sont-ils infaillibles ? Explications.

« Omar m’a tuer » et « Omar m’a t ». Cette double accusation en lettres de sang sur une porte et un mur désignait-elle à l’époque le véritable assassin de Ghislaine Marchal? Trois décennies après les faits, ce dossier criminel n’a toujours pas livré tous ses secrets.

Quatre empreintes génétiques appartenant à quatre hommes non identifiés avaient été à l’époque relevées sur la scène du crime. Saisie par Omar Raddad, la commission d’instruction de la cour de révision, qui a examiné à huis clos sa demande le 25 novembre dernier, vient d’ordonner un complément d’information avant de se prononcer sur sa recevabilité.
La requête s’appuie sur les progrès de la science en matière d’ADN. Mais, les empreintes génétiques sont-elles infaillibles ?

De fausses certitudes involontaires

Les témoignages, éléments de preuve que l’on pensait autrefois irréfutables, peuvent faillir. Ainsi, dans « L'erreur judiciaire en matière pénale: regards croisés sur ses contours et ses causes potentielles » (Editions Schulthess, 2014), Nathalie Donglois, chercheuse et enseignante à l’Ecole de sciences criminelles de l’Université de Lausanne, explique comment certains témoignages peuvent être de fausses certitudes involontaires.

Les condamnations suite à des témoignages oculaires erronés représenteraient, en moyenne, 72% des erreurs judiciaires

« Dans le cadre d’une formation pour les policiers, on m’a montré une scène et on m’a demandé d’apporter mon témoignage », développe la chercheuse. « Je me prête donc au jeu et je dis: la personne était habillée comme ci et comme ça, elle avait un sac. On me demande: quelle couleur, le sac? Je dis: rouge. Vous êtes sûre? Je réponds: absolument, je mets ma main à couper. En réalité, il était vert ».
Faux témoignage involontaire, donc. «J’ai fini par comprendre la source de mon erreur. Le sac avait une toile particulière, qui se trouvait être identique à celle d’une trousse de toilette que je venais d’acquérir. Une trousse rouge…».

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