D-Day Land : un parc en mémoire du débarquement en Normandie fait polémique

Ce 6 juin 1944, vers 6h30, 4.126 barges anglaises, canadiennes et américaines foncent droit vers les plages de Normandie. Plus de 150.000 soldats venus de 15 pays sont prêts à sauter à l’eau et à l’assaut des plages. La plupart de ceux embarqués dans les premières barges qui atteignent la côte seront tués par les Allemands avant même d’avoir mis pied à terre. Avec leurs frères et sœurs d’armes français, ils ont donné leur vie pour la liberté et la paix. Malgré de vives critiques de la part de familles de vétérans, le parc « Hommage aux héros » du débarquement, d’abord baptisé « D-Day Land », devrait ouvrir ses portes en leur mémoire en 2024.

Un parc d’attraction de la guerre

Il y a déjà deux ans que l’idée a été annoncée. Financé par 100 millions d’euros de fonds privés, le parc touristique consacré au Débarquement espère attirer 600.000 spectateurs chaque année, dès son ouverture en 2024. Il est prévu pour offrir du grand spectacle. Une tribune de 700 places circulant sur un rail de 600 mètres de long et traversant plusieurs bâtiments, le tout encadré par des historiens de renoms. Malgré cela, le projet ne passe pas.

Soutenu par le Conseil régional de Normandie, le projet divise les habitants de la région. Alors que les promoteurs du parc défendent un spectacle censé raconter l’Histoire « de la manière la plus captivante possible », des milliers de Normands s’opposent à un « parc d’attraction de la guerre », qui choque nombre de familles d’anciens combattants. Elles craignent une marchandisation du tourisme de mémoire en Normandie.

Du côté des protecteurs de l’environnement, le parc d’attractions fait aussi grincer. Le parc devrait être implanté au milieu du parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin. Des collectifs écologistes déplorent « un projet contraire aux enjeux environnementaux » et pointent « l’artificialisation des sols » qui devraient être bâtis.

La mémoire des combattants piétinée ?

Le 27 mai dernier, des familles de vétérans américains, canadiens et britanniques ont fait part de leur opposition au projet. Dans un communiqué, ils ont indiqué que le parc ferait oublier « la valeur et la douleur des sacrifices » de leurs combattants. Ils ont même déploré que leurs morts soient « réduits au rôle de figurants d’un spectacle » et ne vaudraient donc « pas plus qu’un ticket d’entrée dans un parc à sensations ».
Au niveau local, des comités se sont aussi créés pour s’opposer au projet de mémoire : « plus on s’intéresse à l’argent des touristes, moins on s’intéresse à l’hommage aux héros de la Seconde Guerre mondiale », dénoncent-ils.

Un documentaire vivant

De son côté, l’un des initiateurs du projet, Régis Lefebvre, se défend par voie de  presse de vouloir créer un parc d’attraction de la guerre : « on travaille avec des institutions, des musées, des historiens, on ne joue pas avec la guerre et la mémoire des anciens combattants.
Ce sera un véritable documentaire vivant, une sorte de rencontre avec des technologies immersives et des scènes, comme dans un théâtre » Un point presse sera prochainement organisé pour présenter plus en détails le projet.