DEVELOPPEMENT DURABLE

La Finlande vote l’objectif climatique le plus ambitieux au monde : 2030


Alors que l’Union Européenne s’est fixée pour date butoir 2050, le pays scandinave de 5,5 millions d’habitants s’engage à la neutralité carbone d’ici 2035. La loi, qui promet aussi la négativité carbone d’ici 2040, a été approuvée mercredi dernier par le Parlement. Dans la lutte contre le réchauffement climatique, c’est un pas de géant que la Finlande s’engage à faire. Si elle maintient son objectif écologique, ce texte ambitieux fera de ce pays nordique le premier pays à avoir rendu cet engagement juridiquement contraignant. Pour atteindre son objectif, la Finlande doit engager de profondes réformes, tout en préservant ses forêts, un atout majeur dans la transition écologique.

Part équitable

Actuellement, seul le Soudan du Sud compte atteindre le « zéro émission nette » avant 2035 soit en 2030. « C’est un plan ambitieux mais réalisable », assure la député finlandaise de l’Environnement Emma Kari, qui s’appuie sur la part du pays dans les émissions que la planète peut émettre (420 GT de dioxyde de carbone), tout en ayant deux tiers de chances de respecter l’Accord de Paris signé en 2016, soit de limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle.

Et le pays ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il prévoit d’atteindre la négativité carbone d’ici 2040. C’est-à-dire que le pays absorberait plus de CO2 que ce qu’il n’en émet. Une question se pose toutefois : comment la Finlande s’est-elle donné les moyens d’atteindre la neutralité carbone si rapidement ? Plusieurs facteurs ont joués dans le calcul de cette « part équitable » : la part de la Finlande dans la population mondiale, mais aussi sa capacité financière à payer pour réduire les émissions carbones et enfin sa responsabilité historique dans le changement climatique. C’est la première fois qu’un objectif est déterminé et fixé de cette façon.

 Un plan ambitieux 

Pour y arriver, le gouvernement de la première ministre Sanna Marin entend d’abord réformer la loi sur le changement climatique, et ainsi devancer les précédents objectifs de réduction de GES. La politique énergétique sera également revue dans le pays où la part des combustibles fossiles est encore belle. Plus de 35% de l’énergie de la Finlande provient des hydrocarbures, dont la majorité est importée de son voisin, la Russie. Se détacher des hydrocarbures russes va accélérer la transition. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, le gouvernement finlandais a fait notamment fait avancer l’énergie éolienne.

Le reste de l’énergie est tirée du nucléaire et de la biomasse. La réduction de l’empreinte carbone des bâtiments, la taxation des dommages environnementaux, la protection des forêts – qui couvrent les trois quarts de sa superficie –, la promotion d’une économie circulaire et la poursuite d’une politique alimentaire durable sont aussi au menu.

Si l’objectif est ambitieux et louable, il ne sera cependant pas aisé d’inverser la tendance en matière de déforestation. En effet, depuis plusieurs années, selon les données de le site Global Forest Watch, la Finlande connaît, comme la Suède, une forte hausse du nombre d’arbres coupés..