AUTOMOBILE

L’Europe impose la fin des ventes des véhicules thermiques neufs pour 2035, ça ne plaît pas à tout le monde

STRASBOURG. Cela faisait débat depuis quelques jours, en coulisse, car le citoyen lui peut avoir le sentiment qu’on lui impose la décision votée ce mercredi au Parlement européen à savoir la fin des ventes de véhicules thermiques neufs en 2035. Les Eurodéputés entendent par là que toutes les voitures individuelles vendues dans 13 ans soient «zéro émission». Les véhicules hybrides, diesel ou essence resteront accessibles sur le seul marché de l’occasion dans l’UE. Une sacrée révolution pour le marché de l’automobile. Mais l’ensemble des Etats membres seront-ils prêts pour ce basculement à cette échéance ? C’est autre question soulevée entre autres, par le PPE, la droite européenne qui s’alarme déjà des conséquences d’une décision rejetée dans son ensemble par son groupe. Pour le PPE, imposer le « zéro émission » peut condamner tout un pan de l’activité industrielle et pénaliser les consommateurs.

13 ans devant soi pour s’adapter

Plus d’essence, ni de diesel. Le Parlement européen a approuvé ce mercredi 8 juin, malgré une farouche opposition de la droite européenne (PPE), la proposition de Bruxelles de réduire à zéro les émissions des automobiles neuves à partir de 2035, n'autorisant de facto que la vente de véhicules électriques.
L’objectif du «zéro émission» a fait l’objet d'une âpre bataille dans l’hémicycle, avec un amendement du PPE (droite pro-européenne et première force au Parlement) proposant de viser plutôt une réduction de 90% des émissions automobiles en 2035, ce qui aurait permis de poursuivre la vente de voitures hybrides. Mais finalement cet amendement a été rejeté de justesse. En face, les Verts, qui voulaient avancer l’interdiction des moteurs thermiques à 2030, n’ont pas non plus convaincu.

Réunis à Strasbourg, les eurodéputés ont validé le texte sur la régulation des émissions de CO2 des voitures et camionnettes, qui s'inscrit dans l’ambitieux plan climat de l’UE, par 339 pour (249 voix contre, 24 abstentions). Ce vote serré détermine la position des eurodéputés avant leurs négociations avec les États membres pour finaliser un compromis. Les voitures représentent 12% des émissions de CO2 dans l’UE.

Imposer le «zéro émission» revient à condamner tout un pan de l’activité industrielle et pénaliser les consommateurs

La fin d’une époque

Le PPE qui appelait à prendre aussi en compte le carbone émis pour la production d’une voiture, a par ailleurs échoué à faire passer un amendement promouvant l’usage de «carburants synthétiques» potentiellement plus écologiques que les fossiles.

 «Nous fixons un cap clair à l'industrie en soutenant la fin des moteurs thermiques en 2035, une victoire importante et cohérente avec l'objectif de neutralité carbone pour 2050», puisqu’une voiture roule en moyenne 15 ans, s'est félicité Pascal Canfin (Renew, libéraux), président de la commission Environnement au Parlement. Avec treize ans pour changer l’industrie la plus importante en matière d'emplois en Europe, «l’entrée dans l’électromobilité est une façon de protéger à la fois le climat et les emplois de ce secteur dans le temps», a confirmé l'eurodéputé allemand Michael Bloss (Verts).

La droite européenne inquiète, 13 ans c’est demain

En outre, «la suppression progressive des moteurs à combustion est une opportunité historique de mettre fin à notre dépendance au pétrole», tandis que la production accrue de véhicules électriques contribuera à en abaisser le prix, s'est réjoui Alex Keynes, de l'ONG Transport&Environment.
Le PPE qui a logiquement voté contre l’ensemble du texte, s’inquiète des conséquences industrielles. «Imposer le «zéro émission» reviendrait à condamner tout un pan de l’activité industrielle et pénaliserait fortement les consommateurs», a estimé Agnès Evren (PPE).  La droite fustige un texte qui «empêchera de commercialiser des véhicules hybrides performants ou des véhicules utilisant des biocarburants», dont la production pourrait s'avérer moins chère et moins émettrice de carbone que les véhicules électriques.

Imposer de la sorte (...) c’est un peu soviétique comme méthode, non ?!

Et le consommateur dans tout ça ?

Hier soir, sur toutes les chaines d’infos de l’UE, les micro-trottoirs allaient bon train afin de recueillir les réactions des citoyens européens. Si naturellement, nombre d’entre eux, conducteurs ou non d’ailleurs, estimaient la décision de mettre fin à la construction et la vente de voitures thermiques pour 2035 comme étant un beau geste pour le climat, la majorité, dans toute les langues estimaient que les Européens, le peuple des citoyens, auraient pu être consulté par voie de référendum au moins.

Vous voulez lire la suite de cet article ?

Cet article premium
est réservé à nos abonnés.

Vous êtes déjà abonné ?
Connectez-vous

Pas encore abonné ?
Abonnez-vous
à L Post pour promouvoir la pluralité de la presse. L-Post n’est financé par aucun grand groupe et dépend uniquement des lecteurs. Informer avec rigueur et indépendance a un coût.

Soutenez L Post et le journalisme indépendant : BE85 0689 4115 0106