CONSOMMATION

Les Contrefaçons : des souvenirs de vacances qui peuvent coûter cher


Catalogne, Vintimille ou Marrakech, les vacances approchent et, avec elles, l’envie de faire de bonnes affaires. Mais attention : vêtements, sacs, chaussures, accessoires, gare aux contrefaçons. Les marchandises pirates violent le droit de propriété intellectuelle. Utile à savoir, au moment de rentrer de votre voyage estival, que vous les achetiez sur des marchés locaux ou en ligne, leur simple détention est illégale pour des raisons économiques, mais aussi éthiques. Vous ramenez un produit contrefait lors de vos vacances ? Cette détention est passible d’une amende salée. Vous avez acheté un produit contrefait sur Internet ? La douane est autorisée à confisquer et à détruire vos contrefaçons. Deux consommateurs « fake addicts » témoignent.

Une passion pour le faux

Cédric L. (24 ans) nous reçoit dans sa chambre transformée en véritable caverne d’Ali Baba du luxe made in China. Ce fashionista a toujours aimé les vêtements de marque, mais sa passion pour le faux a commencé il y a quatre ans.
« De retour de vacances, j’étais un brin nostalgique. Pour me distraire, une amie m’a envoyé un lien vers un site chinois. J’ai surfé et je me suis vite rendu compte que je pouvais avoir tout ce que je voulais pour trois fois rien alors que financièrement, je ne peux m’offrir le prix du vrai luxe ». Il tape alors sur sa tablette  des noms prestigieux tels que Chanel, Versace ou Louis Vuitton… et passe sa première commande. « C’est depuis devenu une véritable addiction. J’avoue passer plus d’une heure par jour sur ces sites lorsque je rentre du boulot ».

Actuellement, Cédric L. achète en moyenne pour plus de 450 euros par mois, un montant qui ne lui semble pas exorbitant au regard de ce qu’il payerait s’il devait franchir la porte d’une enseigne de luxe. Et quand on lui demande s’il a conscience que ces achats sont illégaux, le jeune homme de nous répondre : « J’ai déjà tellement acheté que même si je devais me faire choper et payer une amende, j’y aurai encore gagné au final »

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Un tourisme de marques

Kevin B. (35 ans) est lui aussi un adepte de la contrefaçon. Nous prenons contact avec lui sur un forum de discussion. Le jeune homme habite Charleroi. Il se rend deux fois par an à Shanghai pour ramener dans ses valises de  faux sweats Tommy Hilfiger, de faux t-shirts Calvin Klein et de fausses baskets toutes marques. Il nous explique les astuces qu’il a développé pour ne pas se faire arrêter à la douane : « Je retire toutes les étiquettes des vêtements que j’achète et je les lave à l’hôtel pour faire croire qu’ils ont déjà été portés. Idem pour les baskets, je les mets quelques jours avant de repartir. On ne peut donc strictement rien vérifier ».

 Si Kevin a échappé pour l’instant aux scans des aéroports, il s’est déjà toutefois fait attraper sur internet. « L’an dernier, j’ai acheté une paire de bottes UGG contrefaites et dans les 24 heures, le service des douanes, qui apparemment démantelait un réseau, a débarqué à la maison. J’avais payé par Western Union, je ne sais pas comment ils ont fait. Toujours est-il qu’au final, j’ai perdu 600,00 euros, le montant de l’amende additionné au prix des bottes que je n’ai pas pu garder à leur livraison. J’ai eu du mal à avaler la pilule mais cela ne m’empêche pas de continuer.»

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 Un menace économique et sanitaire

Le commerce mondial des produits contrefaits représente un montant annuel de 400 milliards d’euros. Certaines industries sont davantage touchées que d’autres, c’est le cas pour les produits de luxe comme les vêtements, les parfums, les cigarettes et les alcools. Mais à cela s’ajoute également les pièces détachées mécaniques et électroniques, les médicaments et les jouets. Or, acheter certains produits contrefaits n’est pas sans danger.

Chaque années milliers de personnes s’intoxiquent, se rendent malades, voire meurent, pour avoir acheté des produits qui ne répondent pas aux normes de sécurité européenne. Lunettes solaires qui ne filtrent pas les UV, batteries de GSM qui explosent, ours en peluche avec des composantes nocives, plaquettes de freins qui ne freinent pas sont autant de mésaventures malheureuses vécues par les consommateurs.

Enfin, la contrefaçon, c’est également une autre réalité plus sombre, celle de l’exploitation des mineurs et celle de l’argent sale, la vente de marchandises piratées profitant essentiellement à des réseaux mafieux ou terroristes. Acheter en toute conscience des objets contrefaits, c’est donc entretenir le travail des enfants et financer des commerces illicites qui minent les économies nationales et sapent les fondations des industries qui nous emploient.

 

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