Broyage de poussins mâles : vers des œufs plus éthiques grâce à la robotique
Copyright : Seleggt Ils ne pondent pas des œufs et la viande des espèces pondeuses n’est pas très gouteuse, c’est là que se pose le problème. Jugés inutiles pour la filière, chaque année, en Europe, 330 millions de poussins mâles sont mis de côté le jour de leur éclosion. Ils sont ensuite broyés ou gazés, puis traités en déchets. Pour pallier ce massacre, en collaboration avec l’université de Leipzig et le professeur Einspanier, la société allemande Seleggt a développé un procédé de « sexage in ovo » par l’utilisation d’un marqueur pour l’identification endocrinologique du sexe dans l’œuf à couver. Si c’est un mâle, l’œuf est détruit, si c’est une femelle, on le laisse éclore.
Une méthode de « sexage in ovo »
Suite à la diffusion d’images de mise à mort de poussins sur les réseaux sociaux, en Allemagne, le broyage et le gazage de poussins mâles sont interdits depuis le 1er janvier 2022. En Wallonie, le broyage des poussins est interdit depuis 2021, le gazage est cependant quant à lui toujours autorisé. En France une interdiction complète a été notifiée au Journal officiel le 6 février dernier.
Les producteurs ont jusqu’en janvier 2023 pour se mettre en conformité. Le gouvernement français s’est aussi engagé à soutenir le développement de technologies de détection du sexe des poussins avant l’éclosion, des méthodes dites de « sexage in ovo ». Les couvoirs français ont jusqu’à fin 2022 pour s’équiper en dispositifs de détection.
Dans cette lancée plus éthique, la société allemande Seleggt a développé un bras robotisé capable de faire un trou de 0,3 mm dans la coquille. Par cet orifice, une goutte de liquide est aspirée grâce à une pipette puis testée pour connaître le sexe du futur poussin dès le 9ème jour d’incubation. Si c’est un mâle, l’œuf est détruit, si c’est une femelle, il éclora 12 jours plus tard, le trou s’étant refermé de lui-même. La technique est fiable à 98%.
Vers une interdiction complète au sein de l’UE
L’Union Européenne révise actuellement sa législation sur « le bien-être animal ». La Commission européenne, qui est chargée de proposer un nouveau texte pour 2023, envisage la possibilité d’interdire l’élimination de la pratique de broyage et de gazage à l’échelle de toute l’UE.
Dans une récente lettre ouverte adressée aux ministres de l’Agriculture des 27 (Link vers : https://www.stopgrindingandgassing.eu/open-letter-to-the-eu-agri-ministers) des ONG européennes s’associent pour exiger une interdiction de la mise à mort des poussins et que cette interdiction porte aussi sur les canetons, injustement oubliés mais aussi actuellement broyés et gazés.
Des progrès en Belgique
Une interdiction soutenue par 67% des Belges interrogés lors d’un sondage réalisé par YouGov. Et les distributeurs belges commencent à suivre ce mouvement vers plus de respect des animaux. Afin d’éviter le broyage et le gazage des poussins, depuis septembre 2021, Colruyt Group propose dans ses magasins Bio-Planet des œufs belges issus d’une production sans poussins d’un jour.
Bio-Planet utilise aussi la technique du sexage in ovo. Les œufs qui auraient produit des poussins mâles sont retirés du circuit de production et transformés en nourriture pour animaux. C’est le premier distributeur belge à prendre cette initiative. Les magasins Spar ont depuis rejoint l’initiative.
Sur le site de la campagne, les associations invitent les citoyens européens à interpeller leurs ministres. En Belgique, ce sont les ministres wallons Céline Tellier et Bernard Clerfayt, ainsi que Ben Weyts du côté néerlandophones, qui sont interpellés. Voici la liste des 21 ONG signataires : GAIA, Animal Equality, FREE, Animal Society, GreenREV, OBRAZ, CAAI, HIS, Nevidimi Zhivotni, Four Paws, Loomus, PFO, IOPA, Tierschutz Austria, VGT, Animals Friends Croatia, CIWF, Dierencoalitie, MSZEL, Eurogroup for Animals, L214.
Les citoyens peuvent demander un arrêt au broyage ou au gazage des poussins en Europe en se rendant sur www.stopgrindingandgassing.eu
