Photo aérienne oblique : un outil novateur pour lutter contre la déforestation

L’Union Européenne doit lutter plus efficacement contre la déforestation à l’échelle mondiale. Madagascar, en particulier, est connue pour sa faune et sa flore uniques au monde, comme les lémuriens ou les baobabs. Mais, c’est aussi un des pays les plus pauvre de la planète et les produits forestiers, tels que le bois, le fourrage, les plantes médicinales ou les fruits, y sont indispensables à la survie des communautés locales. Les forêts favorisent aussi l’infiltration de l’eau de pluie dans le sol, maintiennent le sol en place et permettent ainsi d’entretenir les réserves d’eau sous-terraines, de réduire l’érosion et de diminuer les inondations. Or,  l’agriculture sur brûlis rompt cet équilibre fragile entre développement humain et maintien de la biodiversité. La méthodologie de photographie aérienne oblique pour la surveillance aérienne des aires protégées répond à cette menace.

Un rempart contre les crises humanitaires

Aviation Sans Frontières Belgique (ASF Belgium) est la seule ONG belge, voire européenne, liée à l’aéronautique et à l’aérospatial pour le secteur humanitaire et celui de l’environnement.
Elle a été sollicitée en 2006 par le WWF Madagascar et Madagacar National Parks afin de mettre en place un procédé simple mais rigoureux de surveillance aérienne pour lutter contre la déforestation. ASF-Belgium a conçu une méthodologie de surveillance aérienne oblique à basse altitude unique au monde qui répond à plusieurs critères de développement durable. Depuis 2010, l’ONG a ainsi couvert avec succès près d’un million d’hectares d’aires protégées chaque année.

Une cartographie pointues des sites

La technique permet de prendre des photos obliques géoréférencées, sans modifier la structure de l’avion, en prenant simplement les photos depuis l’intérieur de l’appareil à l’aide d’appareils photos reliés à des GPS. Les photos, obliques (contrairement aux photos verticales prises à la verticale du sol), qui ont des coordonnées GPS, sont ensuite comparées visuellement avec les images Google Earth pour cartographier les sites déforestés. De simples cartes de patrouilles sont ensuite élaborées dans Google Earth.
Les communautés locales reconnaissent facilement leurs paysages sur les photos obliques qui permettent ainsi de sensibilisation les populations aux problèmes liés au brûlis.

Une approche holistique

L’outil a été primé par le Prix Belge de l’Energie et de l’Environnement 2012, dans la catégorie des réalisations belges à l’étranger. Aujourd’hui, ASF Belgium le fait évoluer en l’intégrant dans un Système d’Information Géographique plus large, en complémentarité avec l’imagerie satellite et l’imagerie  par drone, ce qui permet d’augmenter considérablement le rayon d’action et fournit des résultats surprenants.
L’approche holistique et la recherche de solutions qui valorisent plusieurs acteurs et rendent leurs technologies plus efficaces en les intégrant dans un seul système, permet à l’ONG de nouer des partenariats avec des institutions aussi prestigieuses que le pôle Gembloux Agro-Bio-Tech de l’ULiège (Faculté d’Agronomie), la Fondation Airbus et l’European Space Agency (ESA).

De nouvelles perspectives

Au printemps 2022,  ASF Belgium a participé à l’inventaire de faune du Parc National de la Comoé, en Côte d’Ivoire, avec l’Office Ivoirien des Parcs et Réserves et Gembloux Agro-Bio-Tech. Le pilote Alexis Peltier et Richard Maprey, références dans le domaine, ont réalisé un inventaire photographique automatisé de la faune du Parc.
Plus de 100.000 photos prises seront analysées par l’Université dans le cadre d’un programme de recherche avec l’Intelligence Artificielle offrant de toutes nouvelles perspectives dans les inventaires de faune et la conservation de la nature en Afrique.
Cette méthodologie de photographie aérienne a également été utilisée dans des inventaires de cétacés à Madagascar et dans la localisation de cavernes dans des Parcs Nationaux. Les images satellites très haute résolution (20 cm de pixel) couplées à la photographie aérienne ouvrent des opportunités inédites pour les comptages d’animaux sauvages terrestres et marins.

 

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