Stella Morris: « Extradé, mon mari, Julian Assange, sera enterré dans le coin le plus sombre du système carcéral US »
Stella Assange lance un cri d'alarme pour refuser l'extradition de son mari Julian Assange vers les USA. AFP Cela fait douze ans que les Etats-Unis souhaitent l’extraction de Julian Assange pour « espionnage ». Ce vendredi 17 juin, elle a été confirmée par la ministre de l’Intérieur britannique, l’ultra conservatrice Priti Patel. Le fondateur de Wikileaks, emprisonné à la prison de Belmarsh près de Londres, entend faire appel de cette décision. Selon ses proches, Julian Assange vit pour le moment un enfer dans sa prison londonienne. Son épouse, Stella Moris, en donne une description un peu plus précise, dans une lettre dont L-Post a pris connaissance. Au-delà du fait que son extraction doit être refusée au nom de la liberté de la presse, ces conditions de détention sont à elles seules un motif suffisant pour la refuser.
Le 3 juillet prochain, Julian Assange aura 51 ans. Ce sera la quatrième année consécutive qu’il passe son anniversaire en prison dans l’attente d’un verdict. Son épouse, mère de leurs deux enfants Gabriel, cinq ans, et Max, trois ans, s’exprime : « Mon mari australien, Julian Assange, lutte pour sa vie dans une cellule de trois mètres sur deux de la prison la plus dure de Grande-Bretagne, Belmarsh. S’il est extradé, en tant qu’épouse, je crains qu’il ne soit enterré dans le coin le plus profond et le plus sombre du système carcéral américain jusqu’à sa mort ».
Si mon mari est extradé, en tant qu’épouse, je crains qu’il ne soit enterré dans le coin le plus profond et le plus sombre du système carcéral américain jusqu’à sa mort
Et de poursuivre : « Nous ne savons pas combien de temps il reste à nos enfants avec leur père. Nous ne savons pas si nous pourrons lui rendre visite ou même lui parler au téléphone. Si l’extradition a lieu, les autorités américaines se réservent le droit de placer Julian dans des conditions si cruelles qu’aucune personne dans sa situation n’a de chances de survivre. Il est impossible pour Julian et moi d’échapper au sentiment qu’il est dans le couloir de la mort ». En janvier 2021, redoutant un suicide, la justice britannique s’était s’opposée pour ces raisons à l’extradition de Julian Assange vers les Etats-Unis. « En octobre 2021, il a subi une alerte cardiaque, il ne peut plus rien supporter », alerte son épouse.
Des enfants fouillés
Le courrier se poursuit : « Je n’ai pas besoin d’expliquer à Gabriel et Max la réalité de cet endroit où nous allons rendre visite à leur père. Ils la vivent. Les enfants passent des couches et des couches de filets de sécurité pour atteindre leur père. Les gardes fouillent dans leur bouche, derrière leurs oreilles et sous leurs pieds. Les chiens de la prison les reniflent de la tête aux pieds, devant et derrière. La semaine dernière, Gabriel a glissé dans sa poche quelques marguerites qu’il avait cueillies près des murs de la prison pour les donner à son père. Après avoir passé le détecteur de métaux, ses marguerites ont été confisquées lors de la fouille par palpation par l’un des gardiens ».
Des contacts physiques limités
Le 23 mars dernier, le fondateur de Wikileaks et Stella Moris, son ancienne avocate, se sont mariés à la prison de Belmarsh, en présence de leurs enfants nés lorsque Julian Assange était réfugié à l’ambassade d’Équateur dans la capitale britannique. « Nous nous sommes mariés, mais notre nid, c’est du fil barbelé », poursuit Stella Moris dans sa missive. « Pendant les visites, notre famille est autorisée à s’embrasser au début et à la fin. Nous pouvons nous tenir la main, mais Julian et moi ne sommes pas autorisés à nous embrasser. Mais Julian préfère embrasser sa femme et être pénalisé plutôt que d’être privé de cette possibilité. Donc, nous nous embrassons ».
Pendant les visites, notre famille est autorisée à s’embrasser au début et à la fin. Nous pouvons nous tenir la main, mais Julian et moi ne sommes pas autorisés à nous embrasser.
« Les enfants adorent rendre visite à leur papa. Julian leur lit des histoires. Gabriel partage la fascination de son père pour les chiffres. Julian leur apprend des trucs et astuces : la meilleure façon de peler une orange ou comment ouvrir des jetons sans en perdre le contenu. Ces choses peuvent sembler insignifiantes pour la plupart des gens, mais ce sont nos précieux moments ensemble ».
Une procédure en appel
Dans la procédure en appel contre son extradition qui va s’ouvrir, de nouveaux éléments vont s’ajouter en faveur d’Assange. Ainsi, un témoin important de l’accusation américaine a déclaré récemment avoir menti sur toute la ligne, sous la pression du FBI qui avait quelques informations pour le faire chanter. Ou encore d’autres informations récentes ont montré des projets d’enlèvement ou d’assassinat d’Assange par la CIA lorsqu’il se trouvait à Londres.
Depuis plusieurs années, des juges espagnols mènent aussi une instruction à l’encontre de la société espagnole qui espionnait Assange dans l’ambassade d’Equateur où il était réfugié à Londres et transmettait tous ses enregistrements aux Etats-Unis, en ce compris les échanges avec ses avocats. Pour la défense de Julian Assange, il s’agit-là de motifs d’annulation de la procédure d’extradition.
Le séjour de celui qui est devenu le symbole de la liberté de la presse dans la prison londonienne de Belmarsh va donc encore se prolonger un certain temps.
