Détransitionneurs : la détresse de ces jeunes qui regrettent d’avoir voulu changer de sexe
La dysphorie de genre est la souffrance exprimée par des personnes dont l’identité de genre ne correspond pas à leur sexe biologique et qui souhaitent changer de genre en effectuant une transition sociale et éventuellement médicale. À l’adolescence, ces jeunes (filles ou garçons), désiraient, plus que tout, changer de sexe. Ils ont commencé le processus, mais en cours de route, certaines d’entre eux tôt, d’autres un peu plus tard, ils font le chemin inverse. Ils ont cessé de prendre des hormones ou des bloqueurs de puberté pour revenir à leur sexe initial. Trop encouragés sans réserve, notamment par le prisme des réseaux sociaux, à passer le pas dans cette période de fragilité qu’est l’adolescence, ils regrettent leur transition effectuée pour les mauvaises raisons à un âge trop précoce. Une réalité encore méconnue, avec toutes les conséquences qui en découlent. Alors que les demandes de changement de sexe sont en forte augmentation, un collectif alerte sur son caractère médical irréversible.
Alia Ismail est en train de redevenir une femme après six ans de transition en homme. Cette jeune femme, originaire du Michigan, a commencé sa transformation à l’âge de 18 ans, avec de la prise d’hormones masculines pour augmenter son taux de testostérone. A 20 ans, elle a subi une double mastectomie. C’était en 2016. Aujourd’hui âgée de 26 ans, elle estime que sa nouvelle identité après la transition ne reflète pas vraiment qui elle est. Elle a donc choisi de suivre le processus inverse et a opté pour une détransition en femme. « J’ai arrêté de prendre des hormones et je me suis fait épiler au laser. Mon taux de testostérone a chuté de façon spectaculaire et mon taux d’œstrogène est resté inchangé. Maintenant, il y a des interventions chirurgicales qui ne sont pas réversibles », explique-t-elle en postant sur Instagram les images de son évolution dans les deux sens.
Un effet d’endoctrinement
De plus en plus souvent, les médias relaient des histoires de garçons, convaincus d’être des filles et de filles, convaincues d’être des garçons, souffrant du sentiment d’être nés dans un corps qui ne leur correspond pas. Il s’agit parfois d’adolescents, mais aussi d’enfants très jeunes, qui n’ont parfois que 6 ou 8 ans. De manière générale, le nombre de transition a augmenté de 3.200% en 10 ans.
L’Observatoire de la Petite Sirène, un collectif franco-belge d’observation des discours idéologiques sur l’enfant et l’adolescent, a publié, ce samedi 9 juillet, dans la presse de plusieurs pays d’Europe, un manifeste afin d’alerter sur la nécessité d’avoir accès à une information impartiale dans les médias et les institutions publiques sur le changement de genre chez les mineurs. Ils craignent une contagion sociale, notamment via les réseaux sociaux, et un emballement des courbes précoce. Est ainsi passée sous silence, la question pourtant centrale de la légitimité d’une telle demande à une période adolescente où la sexualité et l’identité questionnent : est-il justifié et souhaitable de conférer à des enfants et à des adolescents le droit, à partir de leurs seuls ressentis, non encore fixés, de changer de genre ?
Un militantisme qui fait autorité
« A l’heure actuelle, trop d’émissions et de reportages véhiculent, de manière univoque, les revendications infondées des militants transaffirmatifs, souvent sans objectivité. Des enfants et des adolescents sont exhibés sur des plateaux télé avec leurs parents afin de montrer à quel point le changement de genre est bénéfique, sans que jamais personne n’émette la moindre réserve, ni ne donne les données scientifiques relativisant les bienfaits de ces transformations à moyen et long terme, ou les risques des traitements », précisent les auteurs de cette carte blanche. Ils dénoncent « des discours autour de la transidentité de la part des professionnels de santé qui s’effacent devant le militantisme, avec comme conséquence un interventionnisme médical trop rapide ».
A l’heure actuelle, trop d’émissions et de reportages véhiculent, de manière univoque, les revendications infondées des militants transaffirmatifs, souvent sans objectivité.
Les médecins sont « tentés d’administrer ce qu’ils voient comme un remède miracle qui apporte une sensation de soulagement à court terme, solution séduisante au regard de la difficulté à traiter des troubles comme l’anorexie, l’autisme ou les psychoses larvées », estime Céline Masson, psychologue et professeure des universités en psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent à l’Université de Picardie-Jules Verne, créatrice de l’Observatoire Petite sirène.
Un consentement biaisé
Si les effets physiques des bloqueurs de puberté sont réversibles en cas d’arrêt du traitement, « on ne connaît pas l’ensemble des effets psychologiques ou si le traitement modifie le développement du cerveau de l’adolescent ». Et puis, il y a aussi les interventions chirurgicales couperet. Le 23 juin 2021, la justice britannique a estimé, dans un jugement, que Keira Bell, une jeune fille âgée 14 ans, « n’était pas en mesure de consentir à l’administration de bloqueurs de puberté après seulement trois rendez-vous d’une heure, puis des injections de testostérone à partir de ses 17 ans et une ablation des seins à 20 ans ».
La pratique interroge donc le consentement réel de ces jeunes patients. « Ces pressions médiatiques sans nuance, relayées par une certaine presse écrite, normalisent et banalisent l’idéologie qui prétend que l’on pourrait choisir son genre à tout âge, au nom de l’autodétermination », estime l’Observatoire.
80% des jeunes filles concernées
En 2019, Charlie Evans, un journaliste scientifique britannique, crée le Detransition Advocacy Network. En moins de trois mois, elle reçoit plus de 300 messages de jeunes femmes qui regrettent leur transition. Walt Heyer, de son côté, a créé le site SexChangeRegret.com. Des hommes qui ont eu le même parcours que lui y témoignent. Viols subis dans l’enfance, dépression, sentiment de dépersonnalisation et rejet de leur propre sexe d’homme adulte, les symptômes de stress post-traumatique lié à des violences sexuelles sont interprétés comme une dysphorie de genre avec comme solution erronée : le changement de sexe.
Ces pressions médiatiques sans nuance, relayées par une certaine presse écrite, normalisent et banalisent l’idéologie qui prétend que l’on pourrait choisir son genre à tout âge, au nom de l’autodétermination.
Notre jeunesse souffre, à bien des égards, elle est confrontée à une pression sur l’apparence physique, à du harcèlement, du cyberharcèlement, à des pratiques sexuelles relevant parfois de l’agression que subissent certaines jeunes filles. Selon des statistiques récentes, Le phénomène de dysphorie de genre concerne de ce fait à 80 % des filles. En général, pour ce qui concerne les garçons, ils se contentent de transitions sociales, les chirurgies étant assez rares.
Des causes multiples
Ils croyaient, en changeant de sexe, avoir une seconde chance dans la vie. Pourtant, ils ont réalisé que leur malaise persistait. Ils n’étaient pas plus heureux et la détresse s’est même parfois accentuée allant jusqu’à des tentatives de suicides. Certains d’entre eux ont réalisé qu’ils étaient homosexuels, mais qu’ils n’avaient pas été capables de se l’avouer pour des raisons familiales ou par crainte de l’homophobie de leurs pairs. D’autres ont réalisé qu’ils étaient profondément en mal-être avec eux-mêmes, mais qu’ils l’étaient tout autant dans le sexe opposé. Devenir un garçon si l’on est fille, devenir une fille si l’on est un garçon, est peut-être une fausse solution à un mal-être adolescent aux causes multiples. Dépression, anxiété sont aussi d’autres maux qu’il est possible de traiter autrement que par un changement de genre. Le travail est de l’ordre de l’accompagnement dans la psychiatrie infantile et non de la transition.
Le collectif de scientifiques plaide pour une approche éthique des questions de genre. On ne détruit pas son corps en pensant que cela ira mieux. Une demande de changement de sexe, de par son caractère médical irréversible, doit être examinée avec toutes les précautions utiles lorsqu’elle est demandée à un jeune âge.
Alessandra d’Angelo