Politique

Au Royaume-Uni, course effrénée pour prendre la place du calife Boris Johnson


Dans les prochains jours, les membres du PArti conservateur vont statuer sur l’avenir du parti et sur le nouvel occupant du 10 Downing Street. Les candidats en lice pour être le chef du Parti conservateur et le prochain Premier ministre doivent obtenir les nominations d’au moins 20 députés avant 18h pour participer au concours. Le vice-premier ministre, Dominic Raab et le secrétaire aux Transports Grant Shapps, qui s’est retiré de la course au leadership ce mardi, ont annoncé qu’ils allaient soutenir l’ancien chancelier Rishi Sunak, qui vient de lancer sa campagne. Après son départ du 10 Downing Street, Boris Johnson ne va pas disparaître du paysage politique, il restera député et n’exclut pas un retour si son successeur venait à échouer…

Les loyalistes du Premier ministre démissionnaire, Boris Johnson, notamment le leader de la Chambre des Communes, Jacob Rees-Mogg et la ministre de la Culture, Nadine Dorries, soutiennent la ministre des Affaires Étrangères, Liz Truss. Ils sont désormais 8 candidat(e)s/député(e)s déclarés pour remplacer Boris Johnson, mais d’autres pourraient encore entrer dans la course. Parmi les huit figurent 4 prétendant(e)s issu(e)s des minorités ethniques dont la Procureure générale Suella Braverman.

Le Comité 1922, qui s’est réuni hier soir, à édicter les règles de l’élection de la course au leadership du parti conservateur. Les candidatures pour le poste de Premier ministre sont ouvertes. Elles ont été clôturées ce mardi soir à 18h comme un bureau de vote. Le premier tour aura lieu ce mercredi 13 juillet et il faut le soutien d’au moins 20 parlementaires pour y accéder. Le deuxième tour aura lieu jeudi 14 juillet et il faudra le soutien d’au moins 30 parlementaires. Les deux finalistes seront connus lundi prochain. Le nom du vainqueur pour succéder à Boris Johnson sera dévoilé le 5 septembre pour la rentrée parlementaire. La volonté du Comité est d’accélérer les processus pour que les deux finalistes soient connus avant les vacances d’été.

Boris Johnson a infligé des mensonges, des fraudes et le chaos dans le pays.

Motion de défiance ce mercredi  

Selon des médias, le Parti Travailliste prépare un vote de confiance contre le gouvernement intérimaire de Boris Johnson. Il pourrait intervenir ce mercredi 13 juillet. Mais il est peu probable que ce vote remporte une majorité, mais si c’était le cas, il conduirait à des élections générales anticipées. Le chef du parti travailliste, Keir Starmer, avait précédemment menacé de faire voter cette motion pour empêcher « cette absurdité » à propos du Premier ministre Boris Johnson « de s’accrocher pendant quelques mois ». « Il a infligé des mensonges, des fraudes et le chaos dans le pays », a déclaré Starmer la semaine dernière. « S’ils ne se débarrassent pas de lui, le parti travailliste interviendra, dans l’intérêt national, et organisera un vote de défiance, car nous ne pouvons pas continuer avec ce Premier ministre qui s’accroche pendant des mois et des mois à venir ».

En ce qui concerne l’élection à la direction des conservateurs, M. Starmer a clairement indiqué qu’il n’avait pas été impressionné par les candidats. Il a déclaré qu’il « n’entendait aucune mesure pratique pour lutter contre la crise du coût de la vie », et que la population « regarderait ce cirque de prétendants conservateurs perplexe quant à savoir s’ils vivent dans le monde réel ».

Sous un gouvernement travailliste, il a déclaré que le Royaume-Uni réduirait la TVA sur les factures d’énergie, isolerait les maisons et maintiendrait un budget d’urgence. Pour M. Starmer, le gouvernement est « dysfonctionnel » et « endormi au volant ».

Quelle que soit la personne qui sera choisie comme chef de parti et qui deviendra Premier ministre, elle aura une mission difficile.

Rishi Sunak très populaire

La Secrétaire d’État, Penny Mordaunt, est en tête du dernier sondage des membres du parti conservateur réalisé par le site Web Conservatives Home. Mais après l’annonce par M. Wallace qu’il ne mettrait pas son chapeau dans le ring, Mme Mordaunt est désormais la préférée des membres. 20 % du panel d’enquête ont voté pour Penny Mordaunt ; suivi de Kemi Badenoch, une quadragénaire d’origine nigériane, élue députée en 2017, et qui a obtenu le soutien du poids lourd Michael Gove, en recueillant 19 % du vote, et de Rishi Sunak, 12 % ; de Suella Braverman, 10 % et de Liz Truss, 10 % également.

Selon un autre sondage, Penny Mordaunt reste la favorite avec l’ancien chancelier Rishi Sunak. Ce dernier était en tête des paris depuis jeudi dernier, mais a légèrement baissé depuis samedi, tandis que les cotes de Penny Mordaunt ont fortement augmenté depuis vendredi dernier.

Elections législatives anticipées ?

La plupart des candidats pour succéder à Boris Johnson sont déconnectés des besoins des Britanniques ordinaires, actuellement appauvris par la crise du coût de la vie, contre laquelle le gouvernement n’a rien fait (en particulier l’augmentation de la facture énergétique, qui atteint 64 %, et oblige les gens à choisir entre manger ou chauffer).

Egalement candidate pour remplacer Boris Johnson, la Procureure générale, Suella Braverman, n’a pas de formation juridique appropriée. Elle plaide pour le retrait du Royaume-Uni de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH).

Des scandales éclaboussent déjà plusieurs candidats déclarés pour remplacer Boris Johnson.

Quelle que soit la personne qui sera choisie comme chef de parti et qui deviendra Premier ministre, elle aura une mission difficile, car le Brexit et les scandales (corruption, fêtes au 10 Downing street pendant la pandémie) ont créé une défiance chez la population. Les Travaillistes (le Labour) demandent la tenue d’élections législatives.

Selon des Britanniques, les mensonges de Boris Johnson ont entaché la politique ; ont privé les jeunes d’opportunités de travail à travers l’Europe ; bouleversé l’économie britannique ; affaibli la monnaie ; exposé le NHS (système de santé britannique) au risque d’une privatisation à l’américaine ; mit en péril la paix en Irlande ; irrité l’Ecosse, et pourrait bien conduire à l’éclatement du Royaume-Uni.

Déjà les premiers scandales

Le nouveau Chancelier Nadim Zahawi est déjà confronté à un scandale concernant la facture financée par les contribuables pour chauffer une écurie pour ses chevaux. Il reconnaît une « une erreur embarrassante ».

Le scandale a été révélé la semaine dernière dans The Independent qui a publié les éléments d’un rapport qui indiquaient que Nadim Zahawi a fait l’objet d’une enquête de la National Crime Agency (NCA). L’enquête n’a donné lieu à aucune action et il n’y a aucune suggestion d’acte répréhensible.

Nadim Zahawi, 55 ans, qui est candidat à la direction du parti, subit une pression croissante concernant sa situation financière. Il est l’un des membres les plus riches du cabinet et une fortune personnelle est estimée à plus de £100 millions de livres sterling. Il fait maintenant face à des demandes pour expliquer les arrangements financiers de sa fiducie familiale, une société offshore, Balshore Investments à Gibraltar, qui détenait des actions d’une valeur de plus de £20 millions de livres sterling dans YouGov, l’une des principales sociétés de sondage du pays, qu’il a co-fondée.

Penny Mordaunt a des problèmes avec sa vidéo de campagne. D’autres scandales pourraient apparaître dans cette campagne qui s’annonce brutale. En attendant, Boris Johnson ne va pas disparaître du paysage politique britannique après son départ du 10 Downing Street. Il restera député « backbender » et il n’exclut pas un retour si son successeur venait à échouer. On le compare à Winston Churchill qui a aussi fait un come-back après avoir démissionné…

Alexander Seale (à Londres)


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