Hadja Lahbib, une journaliste issue de la diversité remplace Sophie Wilmès aux Affaires étrangères

Attendu avec impatience sur la décision qu’il allait prendre concernant l’heureuse élue qui remplacera Sophie Wilmès au ministre des Affaires étrangères, le président du MR, Georges-Louis Bouchez a créé la surprise en choisissant Hadja Lahbib. C’est une journaliste de la RTBF, issue de la diversité. Ancienne présentatrice des journaux télévisés de la chaîne publique, elle a aussi été l’envoyée spéciale de la RTBF aux quatre coins du monde (Israël, Palestine, Inde, Maroc, Afghanistan, Tchad,  etc.). Le Gouvernement fédéral belge compte désormais trois ministres issues de la diversité : Zakia Khattabi, Meryame Kitir et Hadja Labib, originaires du Maghreb. Par la nomination de cette dernière, Georges-Louis Bouchez fait coup double : promouvoir une représentante de la société civile issue de la diversité et qui ne lui fera pas de l’ombre au niveau politique. Mais son choix répond aussi à un savant dosage équilibre politique et régional. Reste à voir comment cela sera perçu au sein du parti.

Le suspense n’aura pas duré longtemps. Vingt-quatre heures après la démission de l’ancienne vice-Première ministre et ministre des Affaires étrangères, Sophie Wilmès (MR) pour s’occuper de son mari atteint d’un cancer du cerveau, le président des Libéraux francophones, Georges-Louis Bouchez a présenté vendredi matin sa remplaçante en tant que ministre. Il s’agit de la surprise du chef, car personne n’a rien vu venir. Le président du MR a choisi Hadja Lahbib, une ancienne journaliste de la RTBF, visage bien connu du paysage politico-médiatico-culturel francophone. Elle a notamment présenté le journal télévisé de la chaîne publique pendant plusieurs années et a été son envoyée spéciale aux quatre coins du monde (Israël, Palestine, Inde, Maroc, Afghanistan, Tchad,  etc.). Elle a réalisé beaucoup de documentaires sur la situation des femmes musulmanes (Afghanistan. Le choix des femmes en 2007 et Le cou et la tête en 2008). Son troisième documentaire, « Patience, patience. T’iras au paradis », réalisé en 2014, traite du destin d’un groupe de femmes marocaines, issues de la première génération d’immigration en Belgique.

Elle connaît également bien le milieu de la culture, dans la mesure où elle a présenté le concours Reine Elisabeth et co-piloté le projet, Bruxelles 2030, visant à défendre la candidature de la capitale au titre de capitale européenne de la culture en 2030.

Hadja incarne parfaitement la méritocratie qui me tient tant à cœur.

Trois ministres issues de la diversité

Outre ses compétences professionnelles indéniables et sa connaissance de plusieurs dossiers de politique internationale, le choix de Hadja Lahbib permet au président du MR de faire coup double : il choisit une femme issue de la diversité (elle est née en juin 1970 à Boussu, mais ses parents sont originaires de Kabylie en Algérie) et de la société civile. Par ailleurs, sur le plan politique, Hadja Lahbib ne vient pas du sérail et ne risque pas de lui faire de l’ombre. « C’est un moment particulier et je suis très ému. J’ai une pensée pour Sophie bien sûr, et je suis aussi très fier que Hadja Lahbib ait accepté ma proposition. Hadja incarne parfaitement la méritocratie qui me tient tant à cœur », a résumé Georges-Louis Bouchez, rappelant au passage qu’elle est son unique et seul choix. Avec l’arrivée de Hadja Lahbib, le Gouvernement fédéral belge compte trois ministres de la diversité ethnique, les deux autres sont Zakia Khattabi (ministre du Climat, de l’Environnement, du Développement durable et du Green Deal/Ecolo) et Meryame Kitir (ministre de la Coopération au développement et de la politique des Grandes villes/Vooruit). Elles sont originaires du Maroc.

Il faut dire que pour garantir un certain équilibre entre les zones de provenance des ministres ou députés, le président Bouchez se devait de choisir une Bruxelloise (Hadja Lahbib vit à Schaerbeek/Bruxelles). Et en interne au MR, d’autres noms avaient circulé comme ceux d’Alexia Bertrand ou de Valentine Delwart, désormais figures bien connues du MR à Bruxelles. Le Liégeois, Maxime Bihet, délégué général du MR, entre à la Chambre comme député en remplacement de Kattrin Jadin, devenue juge à la Cour constitutionnelle. La province de Namur est servie avec David Clarinval comme ministre fédéral des Classes moyennes, des Indépendants, des PME, de l’Agriculture, des Réformes institutionnelles et du Renouveau démocratique. La province de Luxembourg a également son représentant avec Benoît Piedboeuf, député-bourgmestre de Tintigny, comme chef de groupe MR à la Chambre. Et le président Bouchez est de Mons, donc le Hainaut aussi a sa part. Comme il fallait une femme pour remplacer Sophie Wilmès, l’ancien ministre wallon Jean-Luc Crucke (MR) ne peut prétendre monter au Fédéral à sa place. Et même si le choix d’une Bruxelloise n’est pas vraiment une obligation, les dernières sorties de l’ancien ministre wallon du Budget ont désormais entériné la rupture avec l’actuel président du MR.

J’ai envie de contribuer à faire avancer les choses, pour un monde plus juste, plus équitable et plus libre.

La question est de savoir maintenant comment la nomination de Hadja Lahbib sera perçue au sein du parti. « Officiellement, tout va bien et tout le monde fera bonne figure en félicitant la nouvelle venue, mais dans les coulisses, on se pose beaucoup de questions. Quel est le message envoyé aux militants ? N’y a-t-il pas de compétences en interne au sein du MR ? », nous a confié une source libérale. « J’ai envie de contribuer à faire avancer les choses, pour un monde plus juste, plus équitable et plus libre. La proposition (qui lui est faite de devenir ministre, ndlr) est audacieuse et ma réponse l’est tout autant », a répondu la nouvelle ministre des Affaires étrangères lors de la conférence de presse pour sa présentation. Elle rappelle au passage qu’elle n’est ni de gauche, ni de droite.

Hadja Lahbib reprend les compétences de Sophie Wilmès (Affaires étrangères, affaires européennes, commerce extérieur, Beliris, préparation à la présidence de l’Union européenne), mais David Clarinval est confirmé dans sa mission de vice-Premier ministre libéral. Il faut dire qu’il l’assure depuis que Sophie Wilmès s’est mise en congé provisoirement de sa charge ministérielle le 21 avril dernier pour soutenir son mari, Christopher, dans son combat contre la maladie. Par ailleurs, quand l’ancienne vice-Première était à l’étranger dans le cadre de ses fonctions ministérielles, c’était David Clarinval qui assurait l’intérim et au MR, on concède qu’il n’a pas démérité.