Newly appointed Paris police Prefect Didier Lallement attends his inauguration ceremony in Paris, on March 21, 2019. (Photo by Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
Critiqué de toutes parts pour ses méthodes coups de poing et son intransigeance, le préfet de Paris, Didider Lallement quitte ses fonctions. Il avait annoncé, depuis des mois, qu’il remettrait son tablier à l’âge de la retraite (65 ans). Son départ sera effectif ce jeudi 21 juillet. Mais difficile de ne pas voir dans ce départ une conséquence du fiasco du stade de France, le soir de la finale de la Ligue des Champions de football entre le Real Madrid et Liverpool. Les images des agressions contre les nombreux spectateurs et une police débordée par les événements le soir du 28 mai dernier. Didier Lallement, en poste depuis plus de 3 ans, traînait déjà une triste réputation avec une répression violente. Il est remplacé par Laurent Nuñez (58 ans), ancien préfet des Bouches-du-Rhône et ancien secrétaire d’Etat à la Sécurité intérieure de 2018 à 2020. Il est attendu au tournant et doit assurer lors des JO d’été de 2024 à Paris.
En un tweet, un hommage dans la foulée du Conseil des ministres au Palais de l’Elysée ce mercredi 20 juillet. Un tweet signé du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui dit et écrit : « Hommage à Didier Lallement pour son action, dans des conditions difficiles, dans un contexte de menace terroriste important, à la tête de la Préfecture de Police au cours de ces trois dernières années. (…) Il a fait honneur à la République ».
En ce cœur d’été, l’événement est d’importance puisque, depuis mars 2019, Didier Lallement dirige la préfecture de police de Paris (créée en 1800). Un poste hautement stratégique dans le système sécuritaire français, puisque le préfet de police de Paris, nommé en Conseil des Ministres, assure, sur toute la région Ile-de-France (près de 13 millions d’habitants, environ 20% de la population française totale), la fonction de préfet de la zone de défense et de sécurité de Paris et est le responsable des directions de police parisiennes. Parmi ses nombreuses prérogatives, il est le seul maître de décision pour l’autorisation (ou non) des manifestations dans la capitale.
Hommage à Didier Lallement pour son action, dans des conditions difficiles, dans un contexte de menace terroriste important, à la tête de la Préfecture de Police.
Un départ prévu depuis des mois…
Un hommage pour signifier le départ de Didier Lallement, 65 ans, de la Préfecture de Police de Paris. Depuis quelques mois, il avait fait savoir qu’il quitterait son poste durant le mois d’août 2022, ayant atteint l’âge de la retraite. C’est donc effectif à compter de ce jeudi 21 juillet, alors qu’il bénéficiait du soutien (discret) de l’Elysée et (plein et total) du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, adepte comme Didier Lallement de « l’impunité zéro ». Mais depuis son entrée en fonction, le préfet était pointé par quelques « ennemis » dont la maire de Paris, Anne Hidalgo, ou encore le « lider maximo » Jean-Luc Mélenchon qui, lors de la campagne présidentielle d’avril dernier, avait lancé : « La police tue »…
D’apparence glaçante, réputé aussi intransigeant qu’implacable, la tête perdue sous son képi à larges bords, succédant à Michel Delpuech jugé peu capable d’assurer l’ordre public, Didier Lallement a pris ses fonctions en pleine crise des Gilets Jaunes et nombre de ses policiers, dont ceux des BRAV-M (Brigades de répression des actions violentes, brigades mobiles constituées de binôme à moto), ont blessé des manifestants lors des défilés à Paris. Les représentants des Gilets Jaunes évoqueront des « bavures » et de « dérapages incontrôlés », le préfet Lallement lancera à une Gilet Jaune : « Nous ne sommes pas dans le même camp » et assurera : « Protéger les manifestations, c’est briser l’émeute ».
Le fiasco du stade de France
A la charge du préfet de police de Paris, ses adversaires rappellent quelques-uns de ses hauts faits : juin 2019, la police gaze, en plein visage, des militants écologistes ayant organisé un sit-in ; mars 2020, lors de la Journée internationale des droits des femmes, la police réprime une marche, charge la foule et disperse les manifestants à coup de « lacrymo » ; novembre 2020, des migrants ont installé leurs tentes Place de la République, le soir venu, des policiers les expulsent par la force, ce qui fera réagir la directrice de France Terre d’Asile : « On ne répond pas à la misère par la matraque ». Une fois encore, le gouvernement s’émeut, demande des rapports, Didier Lallement reste à son poste.
Et puis, le 28 mai 2022, c’est le fiasco du stade de France, le soir de la finale de la Ligue des Champions de football entre le Real Madrid et Liverpool. Le match débute avec près de trois quarts d’heure de retard. Sur le parvis, c’est la pagaille, la panique. Nombre de spectateurs ont les pires difficultés à accéder au stade, d’autres sont coincés aux portes et/ou sont victimes de pickpockets (parfois violents). La police est débordée, prétexte un nombre hallucinant de faux billets et trouve très vite les « coupables » : les jeunes des cités avoisinantes, venus aux abords du stade dans le seul but de semer la pagaille. Récemment, un rapport du Sénat a pointé les responsables du fiasco : la Préfecture de Police de Paris et son chef, Didier Lallement…
Je conserve la blessure de l’échec du stade de France. Ce soir-là, nous avons sauvé des vies, mais la réputation du pays a été atteinte. Que le drapeau tricolore ait été sali, est pour moi une douleur.
« Je pars avec la fierté du devoir accompli »
Dans un courrier adressé aux agents de la Préfecture de Police de Paris, Didier Lallement écrit : « Je pars avec la fierté du devoir accompli. Mais je conserve la blessure de l’échec du stade de France. Certes, ce soir-là, nous avons sauvé des vies, mais la réputation du pays a été atteinte. Que le drapeau tricolore ait été sali, est pour moi une douleur et une responsabilité que je dois assumer ».
Et d’ajouter : « Je n’ai eu qu’une seule attitude pendant presque 3 ans et demi : marcher devant, ne pas me cacher dans un bureau et être le plus possible avec vous. Marcher devant m’a valu et me vaut encore de prendre des coups, mais c’est autant qui ne vous a pas atteints ». Dans les couloirs, on veut s’en tenir à l’âge de Didier Lallement qui le conduit à un départ à la retraite et on feint d’assurer que le fiasco du stade de France n’a aucun rapport avec ce départ…
Toutefois, des proches de l’Elysée sont catégoriques : « Le stade de France a été l’épisode de trop. Et il a mis le président Emmanuel Macron dans une colère noire ». Doit-on en déduire que le Président de la République a demandé au ministre de l’Intérieur la tête du préfet de police de Paris ?
Laurent Nuñez à la lourde mission de redorer le blason de la Préfecture de Police de Paris. (AFP).
Laurent Nuñez, un successeur attendu au tournant
Pour succéder à Didier Lallement, le Conseil des Ministres a nommé Laurent Nuñez, 58 ans, coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme après avoir été, entre autres, préfet de police des Bouches-du-Rhône à Marseille, directeur général de la Sécurité intérieure et, du 16 octobre 2018 au 6 juillet 2020, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur Christian Castaner.
La principale mission confiée au nouveau préfet de police de Paris ? Ne plus jamais revivre le fiasco du stade de France et, donc, mettre en place un système de sécurité infaillible. En 2024, Paris organisera les Jeux olympiques d’été et le monde entier aura les yeux fixés sur la France. Avec l’épisode de mai dernier au stade de France, l’organisation « à la française » a offensé le Président de la République. Il l’a fait savoir aux responsables et a promis qu’il n’y aurait pas une deuxième fois. Laurent Nuñez sait l’ampleur de la tâche qui l’attend…
Serge Bressan (à Paris)
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