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« Killer in the Kremlin » décrypte le règne de la terreur de Vladimir Poutine

Le journaliste d'investigation John Sweeney (à gauche sur la photo) montrant son livre lors de la conférence de presse à Londres vendredi. D.R.

Ce vendredi 22 juillet 2022, le journaliste britannique d’investigation, John Sweeney, qui vient de publier « Killer in the Kremlin », nous raconte le règne de terreur de Vladimir Poutine, d’espion à tsar, en passant par les événements de la guerre en Ukraine. John Sweeney est venu parler à la presse étrangère à Londres. Sweeney a collaboré avec la BBC et The Observer et nous a raconté qu’il a été effrayé par les changements d’apparence du tyran du Kremlin, Vladimir Poutine.  « Killer in the Kremlin », retrace la carrière sanglante de Vladimir Poutine, de la chasse aux rats dans son immeuble d’habitation de Leningrad à l’ordre de bombarder les rebelles tchétchènes « alors qu’ils sont assis sur leurs tourbières », en passant par l’empoisonnement d’Alexandre Litvinenko au Bucha et les massacres en Ukraine.

 Début du livre à Kyiv

John Sweeney emmène les lecteurs du cœur de la Russie de Poutine aux champs de la mort de la Tchétchénie, aux villes assiégées d’une Ukraine envahie. Le commencement de son livre débute en février 2022 aux prémices de la guerre.

Je suis clairement du côté de l’Ukraine et contre la machine à tuer russe.

Dans un exposé troublant sur la sinistre ambition de Vladimir Poutine, John Sweeney s’appuie sur trente ans de ses propres reportages, des attentats à la bombe contre des appartements de Moscou aux atrocités commises par l’armée russe en Tchétchénie, en passant par l’annexion de la Crimée et une confrontation avec le président russe à propos du crash du vol MH17, pour comprendre la véritable étendue de la longue guerre de Poutine. « C’est clairement, parce que je suis du côté de l’Ukraine et contre la machine à tuer russe », précise-t-il.

John Sweeney nous a raconté « en ce qui concerne le grand public britannique, par exemple, il y a un soutien massif à ce que Boris Johnson a fait en termes d’envoi de notre matériel militaire en Ukraine et je peux le voir moi-même. J’avais 60.000 followers sur Twitter quand je suis arrivé à Kyiv. J’en ai maintenant 245.000 ».

« Les Ukrainiens se battent pour leurs maisons »

Dans son livre, John Sweeney tisse des liens avec des soldats de l’armée ukrainienne. « Il y a des gens que je connais qui sont dans l’armée ukrainienne et habitent Donetsk, ils veulent retourner vivre dans leur ville. Il n’y a personne dans l’armée russe qui a cette motivation. Les Ukrainiens ont un esprit combatif fantastique. Regardez les vidéos. Ils avaient un soutien énorme dans l’Ouest. Ils ont remporté l’Eurovision. Les Américains changent la donne. Ils aident l’Occident à lutter contre la Chine. Mais en aidant les Ukrainiens, le président Biden livre une douce petite guerre contre l’aile Trump du Parti républicain, car l’ancien président est pro-russe.  On découvre la détermination de l’Ukraine. La Chine observe ce qui se passe en Ukraine. Si Vladimir Poutine gagne, la Chine s’attaquera probablement Taïwan, s’il échoue, les Chinois réfléchiront à deux fois avant d’agir », commente le journaliste.

Si Vladimir Poutine gagne, la Chine s’attaquera probablement Taïwan, s’il échoue, les Chinois réfléchiront à deux fois avant d’agir.

« Vladimir Poutine n’est pas en bonne santé »

Le directeur de la CIA William Burns a affirmé que Vladimir Poutine est « en bonne santé », écartant les rumeurs sur l’aggravation de son état de santé, rapporte la chaîne britannique Sky News. Mais John Sweeney affirme le contraire. « Quand je l’ai rencontré en 2014, son visage était mince. Il ressemblait à une fouine ou à un extraterrestre. Maintenant, il ressemble à un hamster. Il avait une fière allure en Turquie, c’est vrai. Physiquement, il a changé, quand je le vois à la télé, il est différent de celui que j’avais rencontré. J’ai un ami qui croit qu’il est sous stéroïdes », poursuit le journaliste anglais.

Liens sordides entre Boris Johnson et la Russie

L’intervention de Boris Johnson dans la nomination d’Evgeny Lebedev, fils d’un ancien agent du KGB, à la Chambre des lords en juillet 2020 souligne une nouvelle fois les liens entre l’élite russe et l’establishment britannique. Pour John Sweeney, « c’est le Baron de Sibérie. Il est allé à des soirées bunga bunga en Italie. J’ai été au Palazzo. Il y a quelque chose de malsain là-dedans et Boris Johnson joue un jeu dangereux. Evgeny Lebedev était un espion russe et il a toujours de l’argent en Russie, ce qui signifie que Vladimir Poutine le contrôle. Il n’existe pas d’oligarque indépendant et libre d’esprit. Si vous avez de l’argent en Russie, le maître de Kremlin en est propriétaire. Alexander Lebedev (père du député, ndlr) est une créature de Vladimir Poutine. Boris Johnson doit rendre des comptes sur ses relations avec lui », témoigne John Sweeney. « Je crois que le Brexit était un objectif du Kremlin et financé par l’argent russe. L’éclatement du Royaume-Uni était un objectif du Kremlin. Boris Johnson a fêté sa victoire de 2019 avec Alexander Lebedev », conclut-il.

Alexander Seale (au Royaume-Uni)